Le dixième album studio de l’écrivaine, compositrice et interprète étatsunienne est disponible depuis le 21 octobre, et signe son retour triomphal à la pop.
Taylor Swift interrompt provisoirement le ré-enregistrement de ses six premiers albums et revient à la pop après la parenthèse aux accents folk des deux « albums-sœurs » de 2020, folklore et evermore. Nouvelle collaboration avec Jack Antonoff (son âme sœur créative, récompensé notamment du Grammy Award 2022 comme producteur de l’année), l’album contient aussi des contributions de Lana Del Rey sur Snow on the Beach et de Zoë Kravitz à l’écriture du premier morceau, Lavender Haze.
Un album-évènement
Alors que folklore et evermore avaient été des albums surprise, rendus disponibles le soir-même de leur annonce et suivis de peu d’efforts promotionnels, l’artiste retrouve un terrain qu’elle maîtrise à la perfection et a déployé son lancement à travers les plateformes et les continents.
Annoncé fin août sur la scène des MTV Music Awards, la tracklist de Midnights a été révélée titre par titre dans une série de treize vidéos TikTok intitulée « Midnights Mayhem with Me » tandis que dans les jours précédant la sortie, des paroles ont été révélées sur les panneaux d’affichage de Time Square à New York, Londres, São Paulo et Nashville dans le Tennessee.
Quelques heures avant sa sortie, un teaser diffusé en exclusivité sur Amazon Prime a signalé Midnights comme le premier album visuel de Swift, sous la forme d’une compilation d’extraits de cet univers cinématographique inédit. La direction de la photographie en a été confiée à Rina Yang, qui avait déjà travaillé sur « All Too Well: The Short Film », et on pourra compter sur des apparitions de Jack Antonoff, Laura Dern, Haim, Mike Birbiglia, Laith Ashley, Dita Von Teese, Mary Elizabeth Ellis, John Early et Pat McGrath.
Le clip de Anti-Hero, un morceau que Swift décrit comme une « visite guidée » de « tout ce qu’elle a tendance à détester chez elle », a par la suite été mis en ligne.
La pop en toute vulnérabilité
En effet, le retour à la pop et aux synthés, qui situe Midnights comme successeur plus mature et réflexif de ses précédents albums 1989, reputation ou même Lover, ne signifie pas l’abandon de la mélancolie et de l’amertume qui avaient caractérisé folklore et evermore.
Album-concept consacré à treize nuits d’insomnie au cours de la vie de Swift, celle-ci en a révélé les cinq inspirations principales dans des vidéos parues en amont sur Spotify : la haine de soi, les fantasmes de vengeance, « se demander ce qui aurait pu être », tomber amoureuse et s’effondrer mentalement.
Si le talent de l’artiste pour les compositions narratives et confessionnelles n’est plus à prouver, c’est peut-être sur cet album qu’elle se montre la plus vulnérable, alors qu’elle fait part du type de réflexions qui ne se révèlent, ou ne peuvent être formulées, que dans les heures les plus tardives de la nuit.
Entre regrets amoureux (Maroon, Labyrinth, Question… ?) et scénarii de vengeance (Vigilante Shit, Karma), comme le remarque Rolling Stone, Swift examine ses relations et son image publique – « Le seul genre de fille qu’ils voient c’est un coup d’un soir ou une épouse », déplore-t-elle par exemple dans Lavender Haze. Dans You’re On Your Own, Kid, elle revisite sa jeunesse et sa solitude faite d’abandons et de troubles alimentaires, et ouvre sur une conclusion forte d’une confiance en soi nouvellement trouvée, un thème développé ensuite dans Bejeweled et Mastermind.
Mis en ligne à minuit, l’album s’est vu augmenter dans une version deluxe trois heures plus tard. Midnights (3am Edition) contient sept morceaux supplémentaires, sur certains desquels Swift retrouve Aaron Dessner, co-fondateur de The National et son collaborateur des derniers albums. Le morceau final, intitulé Dear Reader, consacre l’artiste comme narratrice non fiable, un processus entamé avec reputation cinq ans plus tôt.
Midnights, de Taylor Swift. Disponible depuis le 21/10/2022.
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