Les services Google sont absents des smartphones Huawei et le géant chinois serait prêt en s’en passer définitivement. C’est en tout cas ce qu’affirme un dirigeant de Huawei Autriche. La firme chinoise a ensuite démenti l’information, non sans laisser planer un certain flou sur ses intentions.
Huawei ne peut pas proposer les services Google sur ses smartphones, suite aux sanctions imposées par les États-Unis. Cette situation complique la tâche du numéro deux mondial en Occident, qui ambitionne de prendre la place de Samsung avec l’arrivée de la 5G. Accusé d’espionnage pour le compte de Pékin par Washington, le géant chinois clame son innocence et a toujours espéré trouver une solution. À la rentrée 2019, Huawei se disait prêt à installer les applications Google « en une nuit » en cas d’accord avec les États-Unis.
Le fabricant serait aujourd’hui un peu moins pressé, si l’on en croit le journaliste Andreas Proschofsky du journal Der Standard. Il explique avoir pu discuter avec le Country Manager de Huawei Autriche, Fred Wangfei, lors d’une conférence organisée à Vienne. Ce dernier lui a expliqué que la marque ne comptait pas revenir vers Google, même si les sanctions américaines étaient levées. Une décision importante qui a surpris le journaliste, le poussant à répéter sa question pour être certain de la réponse, comme il l’explique sur Twitter. En se passant délibérément des services de Google, la firme chinoise ne serait plus dépendante des technologies américaines ni d’éventuelles décisions politiques. Elle pourrait également mettre en avant ses propres solutions qu’elle développe activement depuis plusieurs mois.
Huawei a toutefois tempéré cette possibilité en transmettant un communiqué à de nombreux médias anglophones et francophones. « Une version libre de droits du système d’exploitation et de l’écosystème Android conserve notre préférence. Cependant, si nous ne pouvions pas continuer à l’utiliser, nous avons la capacité de développer nos propres système d’exploitation et écosystème », nous explique Huawei France. Le groupe fait référence à HarmonyOS et ses récents investissements pour mettre en avant son App Gallery et ses Huawei Mobile Services (HMS). La firme chinoise s’est aussi rapprochée de TomTom pour pallier l’absence de Google Maps dans ses smartphones. Cette déclaration, qui s’oppose à celle relayée par Der Standard, demeure toutefois assez vague sur les intentions de Huawei. Le numéro deux mondial s’est montré plus catégorique avec le site The Verge, expliquant : « Notre premier choix est l’écosystème ouvert d’Android, y compris les GMS (Google Mobile Services) – c’est ce qui nous a permis de devenir le numéro deux mondial du smartphone ».
Huawei peut-il encore faire marche arrière ?
Le porte-parole de la marque ajoute : « Je crois que Google et Huawei espèrent tous deux qu’une licence soit accordée, mais il faudrait que vous le confirmiez auprès de Google […]. Suite à notre placement sur l’Entity List [liste noire], nous développons actuellement les HMS (Huawei Mobile Services) – en invitant les développeurs d’applications à nous rejoindre, etc. Cette offre a suscité un grand intérêt en Europe. Il est utile de rappeler que nous avons été l’un des principaux contributeurs au système d’exploitation open source Android au cours des cinq dernières années ».
Au cœur de la guerre technologique entre la Chine et Donald Trump, Huawei a longtemps adopté une posture attentiste. Face à la situation et le risque de voir ses concurrents prendre de l’avance, le fabricant a été contraint de réagir en développant son propre écosystème. Encore jeune, les HMS n’ont – sur le papier – pas encore les armes pour se poser en alternative viable aux GMS, du moins aux yeux des utilisateurs européens. En très grande forme sur ses terres chinoises, Huawei progresse sur le marché du smartphone en étant quasi-absent sur le continent nord-américain. Le Vieux Continent est en revanche une priorité pour le géant chinois et les absences du Play Store et des applications Google sur des modèles tels que les Mate 30 et Mate 30 Pro peuvent poser problème.
Huawei pourrait séduire l’Europe sans les GAFAM
Pour le journaliste Andreas Proschofsky, la filiale autrichienne de Huawei s’est peut-être montrée trop bavarde. Le groupe chinois ne semble pas vouloir évoquer sa stratégie et semble pour l’heure dans une impasse. Actuellement, la solution la plus simple serait de faire son retour avec Google pour profiter des services et atouts du géant américain. Néanmoins, la firme dépendrait encore des États-Unis et les milliards investis pour développer son écosystème passeraient au second plan.
À plus long terme, le fabricant pourrait devenir la troisième force du secteur derrière Google et Apple. Toujours sous Android et loin des GAFAM, Huawei collabore avec des entreprises européennes et cela pourrait faire pencher la balance en faveur du géant chinois sur le Vieux Continent. Huawei a déjà fait savoir qu’il voulait devenir le numéro un mondial avec ou sans Google, tandis que le groupe californien a mis en garde Donald Trump contre les risques de voir Huawei s’éloigner d’un « Android américain » avec la présence de ses services.