Avec les écrans pliables, la 5G est incontestablement l’une des stars du Mobile World Congress qui s’est tenu cette semaine à Barcelone. Sur le stand de Qualcomm, nous sommes tombés sur une démo intéressante du seul usage grand public qui nous semble pertinent aujourd’hui pour la 5G sur les smartphones, à savoir le cloud gaming, avec le service Shadow en l’occurence. On vous explique.
Dire que la 5G a pris d’assaut le Mobile World Congress tient du doux euphémisme. Alors que le déploiement de masse de cette technologie ne devrait pas survenir avant au moins deux ans pour le grand public, la 5G s’est tout de même invitée très largement dans les travées du salon catalan. Constructeurs, opérateurs, fournisseurs, tous ont voulu marquer le coup et montrer qu’il fallait compter sur eux pour cette nouvelle génération de réseau.
Néanmoins, cette profusion de 5G n’a pas manqué de faire ressortir un problème qui semble assez critique : personne ne sait pour l’instant à quoi va servir la 5G pour le grand public. Pour simplifier à l’extrême, cette 5G va apporter à la fois des débits plus importants et surtout une bien meilleure latence. Néanmoins, les dernières versions de la 4G+ permettent déjà d’atteindre des débits assez ahurissants, de l’ordre de 1,5 Gbps. En revanche, la latence est bien un argument phare pour pléthore d’applications professionnelles. Parmi les démonstrations les plus explicites en la matière, on pense notamment à la possibilité pour un médecin d’opérer un patient à distance avec un robot qui réplique à la perfection les gestes du praticien, quasiment en temps réel. De même, au MWC, nous avons aussi pu voir une démo de conduite à distance d’un camion. Des usages qui nécessitent une réactivité sans faille. Un domaine dans lequel la 5G est reine.
Mais quand on se penche sur les cas d’usage pour le grand public, les choses se compliquent singulièrement. Ni les opérateurs ni les développeurs d’applications ne semblent avoir pour le moment trouvé la « killer app », c’est-à-dire l’usage qui poussera le commun des mortels à basculer massivement et rapidement vers un forfait 5G. Il s’agit pourtant d’un enjeu majeur pour les opérateurs tant le déploiement des réseaux 5G promet d’être coûteux.
Du cloud computing au cloud gaming
Comme évoqué plus haut, nous n’avons pas croisé la solution miracle lors de nos déambulations dans les allées du MWC 2019. Toutefois, nous avons tout de même pu confirmer qu’il existait bien un usage grand public qui devrait prendre son essor avec la 5G : le cloud gaming. Petit rappel pour ceux qui l’ignorent : le cloud gaming est le fait de jouer sur un appareil sur un jeu qui opéré depuis un autre appareil. Cela permet donc de lancer des jeux sur une machine très puissante et d’y jouer sur un appareil qui l’est beaucoup moins, comme un smartphone ou une tablette. Même si elle n’en est qu’à ses balbutiements, cette technologie commence doucement à se démocratiser sur les ordinateurs et les consoles, grâce à des services comme GeForce Now, PlayStation Now, etc. Néanmoins, pour qu’elle fonctionne bien, il faut réunir deux conditions : un bon débit et une excellente latence.
Nous avons pu vérifier la pertinence du cloud gaming en 5G sur le stand de Qualcomm au MWC 2019. On pouvait en effet y tester une démonstration du jeu SoulCalibur 6 tournant sur un prototype de smartphone Oppo 5G sur lequel était installé le service de cloud computing Shadow. Rappelons qu’il s’agit d’un jeu de combat, qui nécessite donc une très grande réactivité pour être praticable. L’image du smartphone était dupliquée sur un téléviseur pour mieux apprécier la qualité du rendu, et une manette Xbox était connectée au téléphone pour faciliter les sessions de jeu. Mais pas d’entourloupe ici puisqu’on voyait l’ensemble tourner dans le même temps sur le Oppo 5G. Grâce à cette configuration, il était donc possible de jouer à la version PC de SoulCalibur 6 dans toute sa splendeur à travers un simple smartphone. Au bout de quelques instants de jeu, le résultat était si réussi que nous avons vite oublié le dispositif. On avait vraiment l’impression de jouer à une version locale tant la réactivité était bien au rendez-vous. Bien sûr, il faudra voir ce que ce genre d’expérience donne sur le terrain, lorsque la 5G sera déployée et que des milliers de gens seront connectés sur les antennes. Néanmoins, si les opérateurs parviennent à offrir une qualité de service suffisante pour permettre le cloud gaming dans toutes les conditions, la 5G tiendra un usage propre à séduire tous les gamers. Certes, cela ne concerne pas tout le monde, mais c’est un premier pas.