Une meta-analyse de plusieurs études montre que ces avertissements ne seraient pas d’une grande aide.
Les « trigger warnings », aussi appelés « content warnings », sont des avertissements écrits avant un texte, une image ou une vidéo pour prévenir de la présence d’un contenu choquant, le plus souvent de la violence explicite, des viols et des meurtres. Utilisés fréquemment sur les réseaux sociaux avec de bonnes intentions, des chercheurs se sont penchés sur leurs effets réels.
Un mécanisme inefficace qui peut même rendre plus anxieux
Le docteur en psychopathologie expérimentale Payton Jones a publié l’article « Une meta-analyse des effets des avertissements de contenu et notes de contenu » la semaine dernière. Est-ce que ces avertissements remplissent bien leur objectif, c’est-à-dire aider les personnes traumatisées à éviter ou à se préparer à un contenu qui pourrait les angoisser ?
Les différentes études compilées dans l’analyse tendent à montrer que non : non seulement ça ne rendra pas le texte ou l’image moins choquant, mais la personne peut même devenir angoissée avant de le voir à cause de l’avertissement. Sa présence n’a pas d’effet dissuasif non plus, au contraire, puisque ça peut attiser la curiosité et encourager la personne à regarder ce qui se cache derrière. Cependant, certains réseaux sociaux comme Twitter permettent de bloquer des messages comportant certains mots choisis par l’utilisateur.
Les chercheurs se sont aussi intéressés au rôle de ces avertissements sur le contenu éducatif et l’absorption d’informations. Une fois encore, la présence ou l’absence d’avertissements n’y change rien.
Plusieurs internautes regrettent que les études ne détaillent pas le profil des participants. Si ces derniers sont majoritairement des personnes sans stress post-traumatique, il est normal que ces avertissements n’aient aucun effet. Il existe cependant un autre problème au sujet de ces mises en garde : si elles peuvent prévenir de la présence d’un contenu explicitement violent, les traumatismes sont en réalité plus complexes et peuvent concerner des choses complètement inoffensives en lien avec l’expérience traumatique de la personne, comme une musique ou une odeur par exemple. Il est donc difficile de prévoir ce qui peut potentiellement faire revivre un traumatisme à quelqu’un et de les aider au cas par cas.