La 28e édition du Sziget Festival s’est achevée le 15 août dernier. Pour cette 28e édition, plus de 450 000 visiteurs se sont rendus à Budapest pour une reprise pleine de surprises. Retour sur les temps forts de l’évènement musical.
Après deux ans d’absence en raison de la pandémie, le festival Sziget a signé son retour cet été pour sa 28e édition. Du mercredi 10 au lundi 15 août 2022, plus de 450 000 visiteurs venus du monde entier ont été recensés à Budapest, preuve que le plus important évènement musical européen séduit toujours autant son public. Au cœur de la capitale hongroise, plus de 500 artistes se sont succédé sur les 52 scènes. Beaucoup de grands noms – parmi lesquels figurent notamment les Arctic Monkeys, Dua Lipa, Stromae et Justin Bieber pour ne citer qu’eux – étaient présents dans ce cadre bucolique. Au-delà d’une programmation prometteuse, la manifestation était également placée sous le signe d’une volonté sociopolitique renforcée.
« “Sziget” signifie “île” en hongrois et c’est aujourd’hui l’île de la liberté, explique Tamás Kádár, le directeur de Sziget. C’était le but quand nous avons créé le festival, en 1993, pour défendre la liberté en Hongrie qui a beaucoup souffert du communisme. Notre philosophie n’a pas changé en 29 ans. Nous sommes devenus le Woodstock d’Europe, l’île de la coexistence pacifique. Cette année, la défense des valeurs de nos voisins ukrainiens, c’est notre but. Nous les partageons avec les festivaliers de plus de 100 nationalités. » Pensée comme une ville dans la ville, la manifestation musicale se métamorphose alors en l’espace de tous les possibles, où les occupants ne lâchent rien face au Premier ministre Viktor Orbán.
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Savoir se réinventer malgré l’altérité
L’édition 2022 s’est ouverte sur la prestation de Dua Lipa sur la scène principale. Comme elle, Calvin Harris ou encore Stromae ont offert des shows qui ont su exalter les quelque 10 000 festivaliers rassemblés. La plupart des artistes francophones – rares sur la Main Stage – desquels figuraient Rilès, FKJ et Myd, ont quant à eux électrisé la Freedom Stage. Outre la musique, la danse et les arts circadiens étaient également à l’honneur. L’école de cirque palestinienne, le jongleur et contorsionniste japonais Hisashi Watanabe ou encore l’équilibriste Celeste Zalloechevaria ont tour à tour donné à voir de courts spectacles enchanteurs. Enfin, les Arctic Monkeys ont clôturé le festival avec un concert-évènement.
Mais la performance la plus aboutie du Sziget fut certainement celle de Stromae, dont la scénographie a été imaginée par Laurent et Larry Bourgeois, membres du groupe français Les Twins. Sur la scène principale, les musiciens portaient des habits de premiers communiants tandis qu’une vidéo achevait d’animer l’arrière-plan. L’artiste belge jouait pour sa part, comme à son habitude, avec l’androgynéité et oscillait entre des états d’esprit disparates. Avant d’entonner « La Vie en rose » avec entrain, il apparaissait las et déprimé, assis dans grand fauteuil. Une voix basse virile s’égarait alors avec virtuosité dans les aiguës et s’accompagnait d’une gestuelle plus féminine. Son costume, un blouson pastel, se confondait finalement avec le décor, et cristallisait admirablement l’ambition du festival hongrois : savoir se réinventer et n’avoir cesse de s’adapter malgré l’altérité.