Voici un été décidément riche en ressorties : après les films d’Ettore Scola, François Truffaut ou encore Un jour sans fin d’Harold Ramis et Rashōmon d’Akira Kurosawa (lesquels ressortent en version restaurée ce 10 août), c’est au tour de Gerry (2001), chef-d’oeuvre expérimental du cinéaste, photographe, metteur en scène et plasticien Gus Van Sant, de s’offrir une ressortie en salles le 17 août prochain.
Un véritable chef-d’oeuvre cinématographique va ressortir au cinéma le 17 août prochain : Gerry de Gus Van Sant, initialement sorti en 2002 (en 2004 dans l’Hexagone). Il était donc fin temps de redécouvrir en version restaurée ce chef-d’oeuvre expérimental de Gus Van Sant, inspiré d’un fait divers, qui met en scène l’errance de deux amis dans le désert californien – soit les jeunes Casey Affleck et Matt Damon, à peine sortis du succès de Will Hunting (Oscar 1998 du meilleur scénario original), qui ont également participé à l’écriture du film au fil du tournage – et répondant l’un comme l’autre au nom de Gerry.
Un film inoubliable, éthéré, contemplatif, pour ne pas dire métaphysique, ponctué de longs plans-séquences sublimés par la musique d’Arvo Pärt (Für Alina et Spiegel im Spiegel) et la photographie d’Harris Savides – mort en 2012, il fut le chef opérateur attitré de Gus Van Sant et collabora également avec David Fincher, James Gray ou encore Sofia Coppola.
Un tournant dans la filmographie de Gus Van Sant
Gerry correspond à cette période au début des années 2000 au cours de laquelle Gus Van Sant prend ses distances vis-à-vis des studios pour entrer dans une phase plus artistique et dépouillée après avoir jonglé entre les films hollywoodiens (Prête à tout, Will Hunting, À la rencontre de Forrester, mais aussi son remake de Psychose) et les projets plus personnels (Drugstore Cowboy, My Own Private Idaho, etc.). Gerry constituera, a posteriori, le premier volet d’une « trilogie de la mort ». Celui-ci sera suivi d’Elephant, film inspiré par la tuerie de Columbine qui remporta la Palme d’or au Festival de Cannes en 2003, et de Last Days (2005), qui imagine les derniers jours de Kurt Cobain sans que le chanteur de Nirvana ne soit directement cité.
Parmi les sources d’inspiration du cinéaste sur Gerry, Gus Van Sant cite volontiers des artistes majeurs tels qu’Andy Warhol, Andreï Tarkovski, Chantal Akerman (notamment Jeanne Dielman…), Derek Jarman ou encore Béla Tarr. « Je pense que ma contribution principale au projet fut l’idée de s’approcher au maximum d’un récit en temps réel (…) », déclare le réalisateur d’Harvey Milk à propos du film. « On voulait que d’une certaine façon, le spectateur se perde avec ces types, et l’emmener vers un ailleurs, l’éloigner du cinéma américain moderne », ajoute-t-il.
Le dernier film de Gus Van Sant, Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot (avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre) est sorti en 2018. Ce dernier a créé en 2021 son premier spectacle musical, Trouble, centré autour de la figure d’Andy Warhol, qui se jouera notamment à la Villette (Paris) en décembre prochain.
Gerry de Gus Van Sant – avec Matt Damon et Casey Affleck – 1h43 – Ressortie le 17 août (mk2 / Carlotta Films)
