Prise en main

Sony DSC RX-100 : test & prise en main

13 septembre 2012
Par frrc
Sony DSC RX-100 : test & prise en main
©sony

Le nouveau Sony DSC RX-100 vient bousculer l’hégémonie du Canon G1X. Qu’en est-il alors de la qualité et du potentiel ?

SONY DSC RX-100 

Les compacts experts à grand capteur sont le nouvel eldorado des marques photo. Après le Canon G1X, voici venu le Sony DSC –RX100, équipé d’un capteur Exmor R (13,2 X 8,8mm), qui entend convaincre les sceptiques de l’hybride ou du reflex (trop pointus, trop encombrants). Les avis positifs pleuvent sur internet sur ce petit Sony. C’est donc piqué de curiosité que j’aborde le test de ce nouveau compact.

1 – Prise en main / Réactivité / Ergonomie / Accessoires :

Je vais commencer par un reproche : la prise en main déçoit un peu. Certes l’appareil est compact (et c’est d’ailleurs un critère très important pour beaucoup d’acheteurs sur ce créneau), beaucoup plus compact que le Canon G1X d’ailleurs, mais la prise en main est un peu glissante. La coque a beau être en aluminium je dois avouer que je ne me sens pas très à l’aise quand il faut aller tâter de la vitesse lente. La stabilisation est efficace mais elle n’atteint pas les résultats exceptionnels d’un OM5D par exemple (oui je sais la comparaison est limite puisque l’Olympus est deux fois plus cher). Une petite poignée, même discrète, aurait été la bienvenue.sony dsc rx 100 barillet

Cependant un grand bravo à Sony qui a pensé à intégrer sur le capot un barillet de réglages PASM. On se demande pourquoi cette bonne idée n’est que trop rarement appliquée sur les produits concurrents pourtant eux aussi « experts » (Sony NEX, OM5D, Panasonic GF5…). Ici donc pas de déception, l’accès aux réglages essentiels est rapide. On peut également paramétrer la zone gauche et droite du pad arrière, ainsi que la bague tournante optique pour y localiser son réglage favori. 3 zones de réglages sont donc ajustables… Moi j’ai choisi d’y associer la balance des blancs (pad côté gauche), la valeur ISO (pad côté droit) et le diaphragme (bague optique). Une fois donc l’appareil réglé aux petits oignons, il devient très simple de sélectionner tel réglage selon ce que l’on veut faire. Un must. Sans oublier la touche Fn qui regroupe également une liste des paramètres les plus demandés. Rarement un compact ne m’avait paru aussi efficace sur ce point. J’ai été emballé !

Malgré tout le tableau serait idyllique si Sony n’avait pas eu l’audace de ne livrer dans la boîte aucun manuel complet, ni sur papier, ni sur CD (ne cherchez pas : aucun CD n’est livré dans la boîte !). Totalement incompréhensible pour un appareil qui vise une clientèle cherchant à progresser en photo et qui attend un minimum de pédagogie. N’oublions pas que ce compact est vendu au prix d’un reflex. La lecture d’un manuel sur internet (que l’on trouve à l’adresse http://pdf.crse.com/manuals/4432943211/FR/index.html) n’adoucira pas ma mauvaise humeur. A ce tarif là il me semble que tout acheteur a droit à un peu d’attention et d’accompagnement.

Et ce ne sont pas les pages pédagogiques, lisibles via la touche « ? » en façade arrière, qui vont arranger les choses. Certaines phrases paraissent tout simplement ésotériques, ou trop ambiguës, pour réellement aiguiller un utilisateur novice.

En voici une pour le plaisir : «si vous assombrissez la luminosité, le ciel bleu devient plus sombre et plus éclatant ». Pas très adroit en effet d’assimiler une montée de clarté à un assombrissement de rendu. Ailleurs  la pédagogie n’est pas plus « éclairante ». On apprend ainsi, avec étonnement, que la perception visuelle d’une couleur, ou la beauté d’un crépuscule, peuvent être mieux reproduits en augmentant la saturation apparente des couleurs. Pourquoi pas. Mais je ne suis pas certain que nos cerveaux fonctionnent tous en mode « couleurs saturées », y compris à la nuit tombante. Pourquoi ne pas parler plutôt de la balance des blancs ou des réglages de luminosité ? Ou encore des limites de dynamique de tous capteurs et de l’équilibre des densités qu’un photographe doit savoir distribuer quand il cherche à marier un paysage et un morceau de ciel dans le même cadre ?

J’ai donc bien peur que sans guide pédagogique interne, CD ou papier digne de ce nom, beaucoup de photographes néophytes galèrent un peu pour maîtriser le RX100 pourtant très efficace. Les cours de photo (type « jeveuxêtrephotographe.com ») ou les livres pédagogiques (Scott Kelby…) ont encore un bel avenir devant eux !

L’écran LCD, non orientable, est riche en détails (1.228.800p). Cet écran n’est pas tactile : je ne m’en plaindrai pas. De même je reste indifférent à l’absence de Wifi ou de GPS. Ce n’est pas ce que je recherche quand j’utilise un appareil photo.

Concernant les accessoires, je recopierai mot pour mot ce que j’ai déjà dit sur le HX10V : on a droit ici au strict minimum. Batterie + chargeur + cordon USB. Pas de cordon vidéo RCA  (c’est assez mesquin à ce niveau de tarif). Pas de cordon HDMI non plus (quoique les autres marques ne font pas mieux). Enfin regrettons encore et toujours ce choix du chargeur connecté à l’appareil qui empêche toute prise de vue pendant la charge. Le chargeur autonome est cher et vendu séparément (ref BC-TRX, pas facile à trouver, en tout cas indisponible malheureusement en magasin Fnac).

2 – Vidéo :sony rx 100

Parlons vidéo maintenant : une touche lui est dédiée. Le zoom a la bonne idée d’être progressif et silencieux. Un régal. La mise au point précise, quoiqu’un peu molle, reste tout de même de très bon niveau. Bien meilleur que la plupart des reflex par exemple !

On peut, au choix, travailler en AVCHD (.MTS) ou MP4 (.MP4). Je n’ai pour ma part eu aucun problème pour importer les vidéos MP4 sur mon Mac (iMovie 09 / OS X 10.6.8). Par contre impossible de réaliser l’importation en fichier MTS (et pourtant je n’avais pas coché le mode progressif 50 im/sec). Seul VLC a pu me sortir d’affaire. Et encore faut-il savoir où trouver ces fameux fichiers MTS, cachés dans une arborescence obscure. Je vous laisse constater : PRIVATE / AVCHD / BDMV / STREAM. Il faut être bien informé pour les retrouver ces fameux MTS !

Les fichiers MP4 sont, eux, disposés dans le répertoire MP_ROOT / 00ANV01.

Quoiqu’il en soit les vidéos sont très belles et le mode progressif 50p (disposant d’un bitrate moins généreux qu’en mode entrelacé) assure un rendu très fluide des mouvements rapides. Une belle réussite de ce côté là.

Attention aux poids des fichiers : 1 minute de vidéo (50im/sec full HD en entrelacé) importée et transformée en .MOV via iMovie pèse pas loin de 500Mo. Le disque dur va vite se remplir… Mais c’est le lot commun des fichiers full HD d’être encombrant en stockage.

Sur une carte mémoire SD 2Go comptez 10 mn de vidéo ou 170 photos (JPEG Fine) ou 88 photos (RAW).

Passons aux tests maintenant…

3 – Qualité d’image : sensibilité / rendu visuel du grain / netteté apparente

Mode opératoire : tableau photographié en lumière du jour. L’appareil, fixé sur trépied, est réglé en JPEG / programme « A » & balance des blancs automatique.

tableau audrey kawasaki test sony rx-100

 SONY RX 100 TEST 100 ISOSONY RX 100 TEST 800 ISOSONY RX 100 TEST 1600 ISOSONY RX 100 TEST 3200 ISOSONY RX 100 TEST 6400 ISO

Bilan : la qualité d’image, le piqué visuel et le rendu du grain dans les ISO élevés sont tout simplement exceptionnels pour un compact de ce genre. C’est un quasi sans faute jusqu’à 1600 ISO et une belle restitution même à 3200 & 6400 ISO.

A partir de 3200 ISO le lissage commence à s’attaquer aux fines structures de l’image mais le rendu global reste très propre et naturel. Un exploit qui ne peut être faiblement dépassé que par quelques rares élus (OM5D, Nikon D7000…) bien plus chers eux. 

Dans la gamme compact, à part le G1X (nous y reviendrons plus bas), jamais telle qualité dans les hauts ISO n’avait été observée. Bien supérieure à beaucoup d’hybrides et totalement à la pointe face à des reflex à moins de 1000€. Un grand bravo à Sony. On peut juste ergoter sur le rendu à 6400 ISO. Mais à part un reflex full frame, qui peut s’en sortir correctement à ce niveau là ?

4 – Et la profondeur de champ (PdC) ?

Dans un précédent article, portant sur le G1X, j’avais abordé (mais sans le démontrer visuellement) la supériorité d’un grand capteur vis à vis d’un plus petit quand il s’agit de faire varier la zone de netteté selon l’ouverture choisie.

Pour résumer : une ouverture à f/1,8, sur un petit capteur, produira des flous d’arrière plan moins vigoureux que ceux produits par un capteur APS-C ou supérieur.

J’avais pour l’occasion situé le Canon G1X comme le compact le mieux charpenté pour restituer des variations subtiles de PdC.

Pour tester la variation de l’étalement visuel des zones nettes j’ai comparé le RX100 avec le capteur full frame d’un Nikon D700 (le seul reflex que j’avais à ma disposition ce jour là).

Voici les photos :

test sony rx100 nikon d700 f3.5

TEST SONY RX 100 F3.5

TEST NIKON D700 F3.5

La différence, à ouverture comparable (ici f/3.5), est énorme entre le RX100 et le D700 (bon c’est vrai le Nikon présente un capteur à la diagonale 2,7 fois plus grande), mais cela permet de mieux comprendre l’intérêt de choisir un reflex ou un appareil photo de type APS-C (diagonale 1,7 fois plus grande que le RX100) si l’on cherche à magnifier la vigueur des flous d’arrière plan (surtout en portrait). L’oeil droit du petit robot est net dans les deux cas mais le profil de la tête commence à présenter un joli flou chez Nikon. Ce n’est pas le cas chez Sony.

Par contre je n’ai pas observé beaucoup de différence de flous arrières en comparant la même photo (à perspective égale) avec le Sony à f/1.8 ou à f/3.5. Un peu décevant. 

5 – Photos de terrain :

Pour les photos ci-dessous et l’aide précieuse apportée, je remercie vivement Pierre Guillemot, vendeur expert à la Fnac Montparnasse. Ses indications m’ont été bien utiles !

test sony rx100 extérieur

Les photos parlent d’elles-mêmes. La qualité est au rendez-vous. On pourra juste regretter une dynamique un peu juste (voir les zones de ciel brûlées). Là encore la petite taille du capteur n’aide pas l’appareil mais je ne suis pas certain qu’un reflex APS-C aurait fait beaucoup mieux. A part ça l’aberration chromatique est imperceptible. Etonnant ! Les détails sont bien présents même en recadrant fortement. Un résultat à la hauteur d’un boîtier reflex.

Un petit aparté sur le flash: il éclaire sans excès les visages même sur fond noir. L’appareil dispose également d’un modérateur bien utile pour ne pas écraser les modelés. C’est beau. C’est propre. Bravo.

6 – Comparatif Sony DSC RX-100 / CANON PowerShot G1X :

Devant les résultats exceptionnels du Sony, il était tentant de le comparer au seul compact, à moins de 1000€, capable de lui tenir tête : le Canon PowerShot G1X.

Voici les photos :

 test sony rx 100 canon g1x iso 200

 test sony rx 100 canon g1x iso 1600

test sony rx 100 canon g1x iso 3200

 test sony rx 100 canon g1x iso 6400

La qualité est quasi équivalente jusqu’à 800 ISO. Le Canon présente un grain légèrement plus franc mais l’accentuation de bord est plus réussie et donne alors l’illusion que les détails sont mieux traduits. Quoiqu’il en soit cela reste très relatif tant les 2 modèles sont au coude à coude. A partir de 1600 ISO le Canon reprend un peu l’avantage mais de très peu.

Le seul défaut du Sony vis-à-vis du G1X reste finalement un lissage un peu trop musclé dans les hauts ISO. Mais je dois bien avouer que ce traitement ne me choque pas. Je suis par contre plus réservé concernant la balance des blancs. Chez Sony elle est plutôt froide. Chez Canon elle est un peu trop magenta. Les deux n’ont pas réussi à équilibrer correctement les tons chromatiques du tableau photographié. Si vous êtes exigeant concernant la reproduction des couleurs : travaillez en RAW ou contrôler bien votre balance des blancs. Que ce soit avec Canon ou Sony.

Alors quel appareil choisir ? Le G1X ou le RX-100 ? Cela dépendra de vos priorités : écran orientable / prise en main stable / taille & encombrement… Pour ma part je préfère le rendu du Canon mais la rapidité et la petite taille du Sony me plaisent aussi. Pas facile de se faire une opinion tranchée…

7 – Conclusion :

Amorçons la conclusion avec les traditionnels points négatifs :

  • Grand angle seulement à 28mm (j’aurais apprécié un 24mm)
  • Pas de viseur
  • Prise en main « glissante »
  • Appareil disposant d’un potentiel énorme mais difficile à dompter pour un novice (pas de manuel complet livré)
  • Pas de cordon télé fourni ni de chargeur autonome
  • Écran non orientable
  • Compatibilité vidéo MTS (mode AVCHD) problématique (téléchargement d’un logiciel PlayMemories Studio conseillé par Sony)
  • Moins lumineux dès que l’on sort du grand angle (dommage vu le prix, l’Olympus X-Z1 reste indétrônable sur ce point)
  • Modulation de la profondeur de champ moins photogénique que celle proposée par un capteur APS-C ou full frame (son concurrent direct, le Canon G1X, fait un peu mieux).
  • Cher si on le compare à un compact

Et les points positifs :

  • Grand angle lumineux (f/1,8) 
  • RAW disponible
  • Capteur de grande taille en comparaison des compacts traditionnels / Meilleures sensibilités & modulation de la Profondeur de Champ !
  • Excellente qualité optique (aberrations chromatiques bien contenues, bonne homogénéité, on peut supposer l’action positive d’un algorithme interne en plus des qualités de l’objectif)
  • Réactivité surprenante pour un compact (bien meilleur que le G1X !)
  • Macro satisfaisante (là aussi meilleure que le G1X)
  • Equilibre lissage/structure granulaire au top jusqu’à 1600 ISO et très bon jusqu’à 3200.
  • Plus performant et petit que bien des hybrides !
  • Pas si cher si on le compare à un hybride (Panasonic GF5X & Olympus PL3).

Au final je classerais ce compact comme le meilleur du moment avec le Canon G1X. Le RX-100 se paye le luxe d’écraser la concurrence en compact traditionnel (capteurs 2/3,  1/1.8″ ou 1/1.6″) et s’affiche l’alter ego idéal des hybrides Nikon ou Panasonic/Olympus. Un score qui force l’admiration.

Le nouveau Sony est en définitive une réussite et on attend avec impatience la réponse de la concurrence. Je pense à Nikon et Panasonic particulièrement. Les prochains mois vont être à surveiller dans la gamme des compacts à grand capteur…

Voilà. L’article touche à sa fin. Ma contribution au sein de la communauté photo Fnac.com également. Je pars vers de nouveaux horizons à la rentrée. Je remercie toute l’équipe Communauté Fnac qui m’a encadré et aidé pendant ces deux années (un grand merci à Karine Rego).

La communauté photo Fnac continue d’être passionnante et je resterai un lecteur fidèle des blogs d’ Annie Cohen, de Daniel Rocha et de Jean-Claude Peigné.

Merci à vous tous chers lecteurs et bonnes photos !

Article rédigé par
frrc
frrc
libraire à Fnac Montparnasse passionné de musique et de photo