Avec le Pura 80 Pro, Huawei entend séduire en proposant un smartphone qui mise tout sur un design original et un bloc photo hors norme pour reconquérir le public. Des atouts suffisants, alors que ce modèle souffre des mêmes limitations que ses récents prédécesseurs ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir ensemble.
En résumé
Le Huawei Pura 80 Pro est un appareil frustrant pour nous autres utilisateurs occidentaux. C’est l’un des smartphones les mieux finis et sans l’ombre d’un doute le plus performant en photo à date. Entre le design original, le superbe écran, la belle autonomie et le bloc photo impressionnant, Huawei montre qu’il est encore au sommet de son art. Les seuls points faibles de l’appareil ne sont pas imputables aux ingénieurs de la marque, mais bien aux restrictions dont elle souffre. La réalité logicielle (pas de Google) et les limitations matérielles (pas de 5G) sont des concessions énormes pour un produit aussi haut de gamme. Si vous vivez en dehors de l’écosystème Google, que la 5G vous importe peu, et que vous cherchez avant tout le meilleur photophone possible avec une batterie qui dure, le Pura 80 Pro est un bijou. Pour tous les autres, c’est-à-dire l’immense majorité des utilisateurs qui veulent simplement allumer leur smartphone et retrouver tous leurs services habituels sans effort, la marche reste un peu haute.
Note technique
Les plus et les moins
- Le module photo principal (1 pouce, ouverture variable) est tout simplement le meilleur du marché
- Le téléobjectif (x4 optique) et son mode Macro sont impressionnants
- L'autonomie est très correcte
- La charge 100 W ultrarapide, avec le chargeur fourni
- La qualité de fabrication globale
- Le très bel écran
- La possibilité de contourner l’absence de Google pour les plus débrouillards
- L'absence de 5G
- L'absence des services Google (GMS)
- Les performances du processeur, en retrait par rapport à la concurrence de 2025
- Le capteur selfie, décevant pour un tel flagship
Autrefois un grand nom du monde des smartphones, Huawei se débat toujours aujourd’hui avec les sanctions américaines de 2019. Les produits de la marque sont donc encore et toujours amputés de deux atouts majeurs : la 5G et les services Google. Mais cela n’a pas empêché Huawei de sortir le nouveau Pura 80 Pro, son fer de lance sur le marché de la téléphonie mobile cette année.
Sur le papier, sa fiche technique a de quoi impressionner. L’appareil mesure 163×76,1×8,3 mm et pèse un poids conséquent de 219 grammes. Il s’articule autour d’un grand écran LTPO OLED de 6,8 pouces (2 848×1 276 pixels) à 120 Hz. Sous le capot, on trouve le processeur maison Kirin 9010 (ou 9020), 12 Go de RAM et 512 Go de stockage. L’endurance est confiée à une batterie de 5 170 mAh, compatible avec une charge filaire de 100 W et sans fil de 80 W.
Mais c’est la photo qui justifie son existence : un capteur principal d’un pouce de 50 Mpx à ouverture variable, un ultra-grand-angle de 40 Mpx et un téléobjectif de 48 Mpx avec zoom optique x4.
Pourtant, les deux absences fondamentales que sont Google et la 5G planent comme une ombre sur ce modèle résolument haut de gamme. Nous l’avons testé pendant plusieurs jours pour voir si l’excellence matérielle pouvait compenser les sacrifices logiciels.
Le design et l’ergonomie
Le Pura 80 Pro ne ressemble à rien d’autre sur le marché. Huawei a abandonné les designs discrets pour un look que l’on pourrait qualifier de « techno-baroque ». L’élément central est le nouveau bloc photo « Star Ring ». De forme triangulaire, il occupe une large partie supérieure du dos et ne cherche pas à se faire oublier. C’est un choix de design assez audacieux, voire clivant : on adore ou on déteste.
Une fois en main, l’appareil justifie son poids de 219 g. Il est dense, « rassurant », avec une sensation de solidité indéniable. Les matériaux sont nobles : un châssis en aluminium poli et un dos en verre glacé, disponible en Rouge, Blanc ou Noir. Cette finition, bien qu’élégante, est un véritable aimant à traces de doigts. Le Pura 80 Pro est aussi lourd en partie haute, un déséquilibre notable dû à l’imposant système optique.
L’écran est incurvé sur les quatre côtés (« quad-curved »), ce qui, combiné au dos galbé, offre une prise en main agréable malgré le gabarit. Côté durabilité, Huawei n’a pas lésiné : on retrouve la deuxième génération du verre Kunlun en façade et une certification d’étanchéité IP68.
L’écran
Si le design divise, l’écran, lui, fait l’unanimité. La dalle LTPO OLED de 6,8 pouces est tout simplement magnifique. Avec une résolution de 2 848×1 276 pixels (460 ppp), la finesse d’affichage est irréprochable. Mais c’est la luminosité qui étonne. Huawei annonce un pic à 3 000 nits, et cela ne semble pas être une simple valeur marketing. En plein soleil, la lisibilité reste parfaite. Le taux de rafraîchissement adaptatif (1 à 120 Hz) assure une fluidité constante sans drainer la batterie.
Huawei a aussi pensé au confort oculaire. Le téléphone intègre une gradation PWM à 1 440 Hz. Pour les non-initiés, cela signifie que l’écran réduit sa luminosité sans le scintillement à basse fréquence, qui peut causer fatigue oculaire et maux de tête chez les personnes sensibles.
Un petit défaut ergonomique est toutefois à noter. L’association du design « quad-curved » et des coins d’écran très (trop) arrondis peut poser problème. Dans certaines applications, et notamment dans les jeux, il arrive que des icônes ou des éléments de menu soient légèrement rognés ou difficiles à atteindre.
L’interface utilisateur
Passons maintenant au sujet qui fâche. Comme tous les appareils Huawei récents, le Pura 80 Pro est livré sans les services mobiles Google (GMS). Cela reste un problème pour un utilisateur européen. Cela signifie en effet qu’il faut faire une croix sur le Google Play Store, Gmail, Google Maps et toutes les autres applis de Google, ainsi que sur le paiement sans contact.
Le téléphone tourne sous EMUI 15, une interface maison basée sur une version d’Android 12. Huawei propose son propre écosystème (AppGallery, Petal Maps), mais celui-ci est encore loin de rivaliser avec l’offre de Google, malgré sa progression année après année.
Alors, que faire ? Si vous êtes du genre débrouillard, que bidouiller un peu ne vous fait pas peur, des solutions existent. L’installation de l’Aurora Store (une alternative libre au Play Store) permet de récupérer la plupart des applications Android. Couplée à MicroG, l’expérience devient étonnamment proche de celle d’un Android “classique”. Gmail, Drive, Maps, les applications bancaires : tout peut fonctionner, ou presque. De même, la très grande majorité des jeux se lance sans aucun problème.
Mais tout cela reste un contournement. Pas insurmontable, répétons-le, mais pas trivial non plus. Si vous êtes novice ou que vous attendez un smartphone qui fonctionne immédiatement avec votre compte Google et toutes vos applis habituelles, le Pura 80 Pro n’est pas fait pour vous. En revanche, celles et ceux qui sont prêts à faire quelques manipulations supplémentaires et à prendre une quinzaine de minutes auront droit à un smartphone Huawei qui fait tourner nativement quasiment toutes les applications, de Google ou les autres. Tout n’est pas parfait, cependant, car même avec l’Aurora Store et MicroG, il ne sera pas possible d’utiliser les services NFC, comme le paiement sans contact ou les titres de transport.
Les performances
Un autre compromis majeur se situe au niveau de la performance brute et de la connectivité. Sur le papier du moins. Évacuons tout de suite la question de la 5G. Oui, ce smartphone se limite à la 4G+. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour un produit qui reste proposé au même prix que les autres modèles haut de gamme concurrents. Mais, à l’usage, la 4G+ offre des débits déjà plus que suffisants.
Du côté du processeur, le Pura 80 Pro est équipé du Kirin 9020, une puce gravée en 7 nm par le fondeur chinois SMIC. C’est certes un exploit industriel pour Huawei, mais, techniquement, ce n’est pas un foudre de guerre. Les benchmarks placent ce processeur au niveau d’un flagship de 2022, voire d’un bon milieu de gamme de 2025. Les scores AnTuTu ou Geekbench le placent sans surprise loin derrière les puces de Qualcomm ou d’Apple.
Là encore, cela ne nous a posé aucun problème au quotidien. Grâce aux 12 Go de RAM et à une optimisation logicielle aux petits oignons, l’expérience utilisateur reste fluide et réactive en toute circonstance. Les applications s’ouvrent vite, le multitâche est parfait. En jeu, il s’en sort très bien également, même s’il faudra sans doute faire des concessions sur les réglages graphiques des titres les plus gourmands. Nous avons passé des heures à jouer à Call of Duty Mobile avec les détails réglés au maximum, sans aucun ralentissement. D’ailleurs, grâce à la chambre à vapeur, la gestion thermique est très correcte. Le téléphone chauffe, mais ne brûle jamais.
La photo et la vidéo
Si vous avez lu jusqu’ici, vous vous demandez pourquoi acheter ce téléphone. La réponse tient en un mot : la photo. C’est là que Huawei rappelle à tous son savoir-faire. La star du spectacle est le capteur principal « Ultra Lighting » de 50 Mpx. Il s’agit d’un immense capteur de type 1 pouce, doté de la technologie RYYB pour capter plus de lumière. Il dispose également d’une ouverture variable physique (de ƒ/1.6 à ƒ/4.0), permettant de gérer la profondeur de champ et l’entrée de lumière.
En plein jour, les clichés sont absolument magnifiques, avec une plage dynamique maîtrisée, des couleurs naturelles, moins saturées que chez certains concurrents et un niveau de détails assez exceptionnel, comme vous pouvez le constater sur les quelques clichés ci-dessous. Notez tout de même que la compression automatique appliquée sur toutes les images de notre site ne leur rend pas tout à fait justice.
Mais c’est en basse lumière qu’il devient le meilleur des meilleurs. Le Pura 80 Pro n’a pas peur du noir. Il absorbe la lumière de manière impressionnante. La plupart du temps, le mode Nuit est tout simplement inutile, le capteur principal en mode Standard s’en tire déjà très bien.
Le téléobjectif de 48 Mpx est l’autre excellente surprise. Il offre un zoom optique x4 et une stabilisation optique. Les clichés en x4 sont nets, et le zoom hybride x10 reste étonnamment précis et utilisable. Ce téléobjectif cache aussi un mode « Super Macro ». En utilisant cette longue focale, on obtient des clichés macrodétaillés et artistiques, capables de capturer des détails invisibles à l’œil nu.
L’ultra grand-angle de 40 Mpx se montre aussi très bon de son côté, même s’il reste le moins impressionnant du trio. Il peut parfois souffrir d’une saturation excessive, sans doute à cause d’un traitement d’image plus agressif que sur les autres modules photo de l’appareil.
Le mode Pro donne accès à des réglages fins (ISO, balance des blancs, RAW, etc.), mais la version « automatique » se suffit déjà à elle-même dans la majorité des cas.
Finalement, le seul véritable point faible de cet arsenal est le capteur selfie. Le 13 Mpx avant fait le travail, mais il est loin d’être aussi impressionnant que le reste de l’équipement photo du smartphone.
Côté vidéo, le Pura 80 Pro filme jusqu’en 4K à 60 images par seconde, y compris avec le capteur avant. La stabilisation est efficace, les transitions d’exposition bien gérées. Le mode ralenti monte jusqu’à 960 fps en 1080p, de quoi s’amuser avec des scènes dynamiques. D’autant plus que l’ensemble est soutenu par une excellente stabilisation.
L’autonomie
Si le Pura 80 Pro déçoit sur la connectivité, il se rattrape brillamment sur l’endurance. Sa batterie de 5 170 mAh est tout simplement excellente. Nous avons tenu une journée et demie en usage normal sans difficulté, et une journée complète en usage très intensif.
La charge est tout aussi impressionnante. Le téléphone supporte le 100 W filaire et, chose rare de nos jours, le chargeur est fourni dans la boîte. Il permet de passer de 0 à 100 % en moins de 45 minutes. Le Pura 80 Pro gère aussi la charge sans fil propriétaire à 80 W et la charge inversée. C’est un sans-faute.
