De la science-fiction satirique au drame intime bouleversant, l’année 2025 aura livré d’excellentes séries. Mais face à l’avalanche de nouveautés sur les plateformes, difficile de s’y retrouver. Voici le top des meilleures séries de l’année selon la rédaction de L’Éclaireur Fnac.
L’heure des comptes a sonné. Ce fut sans conteste l’année 2025 des grands écarts émotionnels, du choc viscéral d’Adolescence au retour tant attendu des employés de Severance, en passant par la mélancolie douce de Bref 2. Pour ce grand bilan de fin d’année (retrouvez aussi notre top des meilleurs films 2025), la rédaction vous livre les séries qui ont su nous surprendre, nous émouvoir ou réfléchir.
Agathe, cheffe de rubrique pop-culture
Bref 2
C’est sans aucun doute la série qui m’a le plus bouleversée cette année. Plus de dix ans après la fin de la première saison, Kyan Khojandi et Navo reprennent la plume et signent une nouvelle salve d’épisodes plus profonds, plus sensibles et plus maîtrisés que jamais. Fini le format éclair de deux minutes : Bref s’installe désormais dans le temps long, avec des épisodes d’une quarantaine de minutes. Et la métamorphose est plus que réussie.
On y suit toujours le quotidien de « Je », désormais quadragénaire, qui navigue entre ruptures, rencontres, amours cabossées, amitiés mises à l’épreuve et famille dysfonctionnelle. Une introspection douce-amère, servie par une écriture affûtée. Sensible, intelligente, captivante, Bref 2 est le genre de série qui continue de résonner longtemps après le générique de fin.
Bref 2, disponible sur Disney+
Le sens des choses
C’est le genre d’OVNI sériel qu’on aimerait voir plus souvent. Le sens des choses suit Léa, l’une des rares femmes rabbins de France, incarnée avec finesse par Elsa Guedj. Inspirée librement de Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur, la série met en scène ceux qui viennent consulter Léa dans les moments où la vie bascule : enterrement, mariage, naissance…
Au fil des épisodes, la jeune femme affronte l’épaisseur de nos existences minuscules, portée par sa vocation mais traversée de doutes. Elle cherche à donner du sens en puisant dans des textes qui, à la manière talmudique, soulèvent toujours plus de questions qu’ils n’offrent de réponses. Ses interrogations sur la religion et, surtout, sur la vie, résonnent profondément – parce que ce sont aussi les nôtres. Une série dense, lumineuse, qui élargit subtilement notre regard sur ce qui nous relie.
Le sens des choses, disponible sur HBO Max
Merteuil
Je fais partie de ceux qui pensent que la série Merteuil a été jugée bien trop sévèrement. Libre adaptation des Liaisons dangereuses, la série retrace l’éveil et l’ascension d’Isabelle de Merteuil et répond à une question brûlante : comment une orpheline sans fortune est-elle devenue l’indomptable marquise ?
Aristocratie, premiers émois, jeux de pouvoir, jalousies et désillusions s’entremêlent dans ce préquel audacieux, porté par une esthétique somptueuse – les décors et costumes ayant été minutieusement préparés avec une équipe de conseillers historiques. Sous la direction de Jessica Palud, Anamaria Vartolomei, Diane Kruger et Vincent Lacoste composent un trio redoutablement efficace.
Mais Merteuil, c’est surtout le désir féminin, la sororité, l’émancipation et la reconquête du pouvoir par le corps et l’esprit. Une relecture contemporaine de questions intemporelles, servie par une mise en scène raffinée. Une fiction française ambitieuse et rare.
Merteuil, disponible sur HBO Max
Catherine, reponsable édito
Adolescence
Aux premières lueurs d’un matin frisquet, une escouade de policiers vient fracasser la porte de la maison de la famille Miller. Ils embarquent le jeune Jamie (Owen Cooper, devenu le plus jeune acteur à remporter un Emmy Award), 13 ans. L’ado va être interrogé : a-t-il tué sa camarade de classe Katie ?
Adolescence s’affirme comme l’un des plus grands chocs sériels de 2025. Portée par un dispositif cinématographique spectaculaire (quatre épisodes tournés en plan-séquence et en temps réel), cette fiction anglaise créée par l’excellent Stephen Graham (qui joue ici le père de Jamie) et Jack Thorne (Skins) explore la psyché distordue d’un gamin en prise avec une époque impitoyable.
Immersive et troublante, Adolescence interroge la parentalité, l’impact de la propagande masculiniste et des réseaux sociaux sur les êtres vulnérables. Et hante durablement. Un uppercut sidérant.
Adolescence, disponible sur Netflix
Pluribus
C’est sans doute l’une des séries les plus originales de ces dernières années. Normal : c’est Vince Gilligan, le showrunner de la cultissime Breaking Bad, qui a concocté cette SF farfelue. Pluribus suit les aventures tragi-comiques de Carol, autrice de best-sellers malheureuse comme les pierres, miraculeusement épargnée par un étrange virus qui a infecté la population mondiale. Particularité de cette « colle psychique » d’origine extraterrestre : elle plonge l’humanité dans un état de béatitude et de candeur absolues, comme lobotomisée par le bonheur et la gentillesse. Comment inverser le cours des choses ?
À la fois drôle et caustique, cette dystopie (utopie même) en sept épisodes s’inscrit habilement dans un monde post-Covid qui n’a pas su se réinventer. Croulant sous les références (Invasion of the Body Snatchers, The Truman Show…) tout en se révélant unique, Pluribus se fait aussi politique sous son vernis sci-fi pop. Et offre un rôle en or à l’excellente Rhea Seehorn (Better Call Saul). Tout simplement génial.
Pluribus, disponible sur Apple TV+
Querer
Miren s’est rendue au commissariat. Calme, déterminée. Elle décide de ne plus se taire, de ne plus laisser faire : elle porte plainte contre son époux, avec qui elle est mariée depuis 30 ans, pour viol conjugal.
La mini-série espagnole Querer, couronnée du Grand prix du festival Séries Mania 2025, détaille en quatre épisodes d’une remarquable sobriété l’instruction, le procès, mais surtout le retentissement que la décision de Miren va avoir auprès de son entourage, faisant vaciller l’équilibre de la cellule familiale. Une fiction magistralement interprétée qui détricote avec une grande finesse les mécanismes de l’emprise, sans violence frontale, et se vit comme un thriller domestique implacable.
Querer, disponible sur Arte
Lisa, cheffe de rubrique culture
Mobland, saison 1
Prenez l’un des James Bond les plus iconiques du cinéma, et faites-en un parrain de la pègre britannique. C’est ce que propose Mobland. Dans la série imaginée par Ronan Bennett, Pierce Brosnan est à la tête des Harrigan, une riche famille mafieuse originaire de Londres dont l’influence s’étend à travers toute l’Europe. Alors quand la dynastie est menacée, Conrad Harrigan n’a pas d’autre choix que d’envoyer son bras droit (Tom Hardy) régler ses affaires.
Violente, acerbe et prenante, Mobland est l’une des meilleures séries de 2025. Mise en scène avec brio, la première saison peut également compter sur les talents de Helen Mirren dans la peau de la dangereuse matriarche Harrigan. Glaçante. Vivement la saison 2, actuellement en tournage.
Mobland, disponible sur Paramount+
The Studio, saison 1
Pensée par des cinéphiles pour les cinéphiles, la série créée par Seth Rogen est un bijou de mise en scène, grâce à des plans-séquences inventifs et rythmés, mais aussi un programme aussi satirique qu’absurde sur l’envers du décor hollywoodien. On y suit un producteur de cinéma, Matt Remick (Seth Rogen) fraîchement nommé à la tête du Continental Studio. Son rêve ? Produire des grands films de cinéma. Or, c’était sans compter sur les caprices de stars, les dirigeants de studio en roue libre et quelques réunions marketing hallucinées.
Lancée à pleine balle, The Studio présente les coulisses d’Hollywood. Portée par un casting dantesque dans lequel on retrouve Catherine O’Hara et Bryan Cranston, la série peut également compter sur des caméos incroyables, parmi lesquels Martin Scorsese et Zoë Kravitz.
The Studio, disponible sur Apple TV+
Severance, saison 2
La claque créée par Ben Stiller a fait son grand retour en 2025. L’occasion de replonger au cœur de Lumon Industrie pour une deuxième salve aussi mystérieuse que prenante. Toujours guidée par sa mise en scène millimétrée, la saison 2 de Severance poursuit son exploration de la dissociation entre nouveaux enjeux et dilemmes personnels. Une évolution bienvenue pour la série passée experte dans l’art du retournement de situation.
Severance, disponible sur Apple TV+