« Les Dents de la mer » (« Jaws »), sorti en 1975, fête ses 50 ans. Ce chef-d’œuvre de Steven Spielberg a non seulement terrorisé des générations de spectateurs, mais a aussi engendré un sous-genre entier : les films de requins. À l’occasion de cette célébration et de la sortie imminente au cinéma de « Dangerous Animals » ce 23 juillet, voici une sélection des meilleurs films de requins qui ont marqué le genre.
Le chef-d’œuvre de Spielberg, sorti en 1975, a redéfini la peur au cinéma… et notre rapport à la mer. Depuis Les Dents de la mer, on ne nagera plus jamais « comme avant ». Depuis, nombreux sont ceux qui ont nagé dans son sillage, entre réalisme glaçant, effroi insidieux et pur plaisir de série B. Voici notre top des meilleurs films de requins de tous les temps.
Le choc fondateur
Les Dents de la mer, Steven Spielberg (1975)
Impossible de ne pas commencer par lui. Avec Les Dents de la mer, Steven Spielberg n’a pas seulement inventé le blockbuster estival, il a défini les codes du film de monstre. Tout y est ajusté à la perfection : la partition de John Williams, le trio iconique Brody (Roy Schneider), Quint (Robert Shaw) et Hooper (Richard Dreyfuss), et surtout, cette magistrale orchestration du suspense.
Ce requin, que l’on devine plus qu’on ne le voit, est une leçon de mise en scène. Une leçon qu’un certain Ridley Scott saura mettre à profit, quatre ans plus tard, pour modeler son Alien. Lorsqu’on lui demandera de pitcher son film, il répondra : « Les Dents de la mer dans l’espace ! »
Notez que, si Les Dents de la mer 2e partie est longtemps resté écrasé par l’ombre de son aîné, ce second volet demeure très appréciable : un formidable slasher aquatique, frontal et désespéré.
Les disciples
Open Water – En eaux profondes, Chris Kentis (2003)
Changement radical de ton et d’approche avec Open Water – En eaux profondes de Chris Kentis. Inspiré d’un fait divers glaçant – un couple de plongeurs réellement oublié au large –, le film est une expérience de survie quasi documentaire, prenant le parti du réalisme le plus brut.
Ici, pas de grand spectacle, ni de créature iconique. Tourné en vidéo numérique avec un budget dérisoire, il nous jette littéralement à l’eau avec ses personnages. L’angoisse ne naît pas du monstre mais de l’attente, de l’immensité de l’horizon mouvant et de l’épuisement. De la pure terreur psychologique. Génial.
The Reef, Andrew Traucki (2010)
Dans la même veine réaliste qu’Open Water, le pitch de The Reef est un modèle du genre : un groupe d’amis dont le catamaran a chaviré a la bonne idée de nager vers une île lointaine. Commence alors une traque sans relâche.
La grande force du long-métrage est d’incorporer de véritables images de grands requins blancs, faisant basculer la fiction dans une vérité crue. Le résultat est une chasse à l’homme d’une efficacité redoutable, Andrew Traucki (Black Water) prenant un malin plaisir à nous maintenir sous tension au cœur de cette mécanique implacable de la survie.
Instinct de survie, Jaume Collet-Serra (2016)
Moins brut qu’Open Water, plus stylisé que The Reef, Instinct de survie est la quintessence de la série B de luxe, maline et nerveuse. Le concept : un huis clos en plein océan. Seule sur un rocher à quelques mètres du rivage, une surfeuse (Blake Lively) doit survivre à la menace obstinée d’un grand requin blanc.
Toute la force de ce survival repose sur la mise en scène virtuose de Jaume Collet-Serra qui transforme cet espace minimaliste en un piège merveilleusement anxiogène où chaque vague et chaque ombre deviennent une promesse de danger immédiat.
47 Meters Down, Johannes Roberts (2017)
Si Jaume Collet-Serra joue sur l’isolement en surface, Johannes Roberts, avec 47 Meters Down, nous entraîne dans la terreur des profondeurs. Le film y enferme deux sœurs dans une cage d’observation qui se décroche et sombre à 47 mètres de fond.
À la peur des requins qui rôdent s’ajoutent alors la claustrophobie, l’angoisse du noir absolu et la menace d’une technologie défaillante. Un huis clos abyssal et suffocant qui fait de la cage, supposé refuge, le plus parfait des filets.
Les blockbusters décomplexés
Peur bleue, Renny Harlin (1999)
Aux commandes de Peur bleue, on trouve Renny Harlin, pur spécialiste de l’action des années 1990 (Cliffhanger, 58 minutes pour vivre), qui prend le contre-pied du suspense spielbergien pour signer un grand huit horrifique totalement jouissif. Le pitch : des scientifiques modifient l’ADN de requins pour les rendre plus intelligents. Évidemment, tout dérape.
Le film est d’une générosité folle, allant jusqu’à offrir cette scène d’anthologie où un requin décide de couper la parole à Samuel L. Jackson en plein discours… de façon définitive. Le plaisir coupable par excellence !
En eaux troubles, Jon Turteltaub (2018)
Tout est dans l’affiche de ce En eaux troubles (aka The Meg). D’un côté : Jason Statham, notre tête brûlée préférée. De l’autre : un mégalodon, squale préhistorique de 25 mètres.
Le réalisateur Jon Turteltaub met la vraisemblance au placard et orchestre ce duel gargantuesque avec un sens du spectacle aussi généreux que régressif. Est-il vraiment nécessaire d’en rajouter ? Oui, avec En eaux très troubles, soit The Meg 2.
Et une mention spéciale
Sharknado, Anthony C. Ferrante (2013)
Maintenant, le chaos. Maintenant, Sharknado ! Magnifique anomalie et fer de lance incontestable de la sharksploitation au pitch totalement cinglé, signé Anthony C. Ferrante : une tornade aspire des requins vivants et les déverse sur Los Angeles. Des effets spéciaux qui piquent les yeux, des acteurs en roue libre : absolument rien ne va et c’est précisément ça qui est parfait.
Lancé par un buzz sans précédent sur les réseaux sociaux, ce spectacle improbable est devenu un phénomène mondial, embrassant son statut de nanar avec une telle générosité qu’il en est devenu culte.