Pierre Richard a imposé son allure lunaire et éternellement juvénile en jouant dans les plus grandes comédies des années 70 et 80. Le Grand Blond gaffeur et romantique a depuis laissé place à un acteur chevronné qui continue de faire rire et de toucher en plein cœur comme avec le film La Vallée des fous, actuellement sur nos écrans. Retour sur une filmographie aussi désopilante qu’insolite.
Le Distrait (1970)
Premier film en tant que réalisateur pour Pierre Richard, alors acteur de figuration ou de second rôle (dans le meilleur des cas) depuis une dizaine d’années. Révélé en 1969 par La Coqueluche, il se lance devant et derrière la caméra avec Le Distrait, en incarnant un homme incapable de se concentrer plus de deux minutes, engendrant catastrophe sur catastrophe. Cela deviendra sa marque de fabrique, son double de prédilection, son armure et la source de sa notoriété, quitte à être dépassé par sa propre création. Il réalisera en tout huit longs-métrages jusqu’en 1997.
Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972)
Devenu star, Pierre Richard se voit proposer nombre de comédies. Il jette son dévolu sur Le Grand Blond avec une chaussure noire, écrit pour lui par Francis Veber et Yves Robert. Le premier des sept films qu’il tournera en tant que François Perrin, héros aussi gaffeur qu’émouvant. Cette comédie d’espionnage, mémorable par la prestation de Richard et le dos nu de Mireille Darc, rencontrera un succès international (Ours d’argent au Festival de Berlin) et bénéficiera d’une suite légèrement moins retentissante, Le Retour du Grand Blond en 1974, avec la même équipe.
La moutarde me monte au nez (1974)
Claude Zidi fait partie des réalisateurs qui auront confirmé le talent comique de Pierre Richard. La moutarde me monte au nez le transforme en professeur de mathématiques se retrouvant à faire les gros titres des journaux de manière involontaire. Entre quiproquos hilarants et scènes abracadabrantesques, le film est un succès et fait de Richard et Jane Birkin l’un des couples les plus improbables du cinéma français. Couple qui se reformera une seconde fois devant la caméra de Zidi pour La Course à l’échalote l’année suivante.
On aura tout vu ! (1976)
Roi de la comédie prestigieuse, Georges Lautner succombe à son tour au génie de Pierre Richard, avec un scénario signé par l’incontournable Francis Veber. Dans On aura tout vu !, Richard est un photographe souhaitant réaliser un script de son invention et pour cela, il doit se tourner vers un producteur de films pornographiques. Le début des ennuis pour notre protagoniste, mais une opportunité en or pour les acteurs du Splendid qui font une apparition remarquée au cinéma dans des petits rôles irrésistibles.
Le Jouet (1976)
Après plusieurs scripts à succès, Francis Veber se tourne vers la réalisation avec Le Jouet et écrit un rôle taillé sur mesure pour son ami Pierre Richard. Celui de François Perrin (décidément), journaliste sans emploi et maladroit, engagé par un milliardaire pour devenir le souffre-douleur de son fils. Un jouet vivant qui aura pour but de montrer les travers d’un père cherchant à acheter l’amour de son garçon, car incapable d’en donner. Un pamphlet cruel et cynique qui assoit encore davantage l’empathie du public pour Pierre Richard, indissociable désormais de son personnage de clown lunaire.
Le Coup du parapluie (1980)
Autre grand réalisateur spécialisé dans les comédies avec lequel Pierre Richard va travailler, Gérard Oury. Dans Le Coup du parapluie, film culte des années 1980, il incarne un comédien sans talent devant jouer un tueur et se retrouvant engagé par des mafiosi qui le prennent pour un professionnel. Tandis qu’il se voit obligé d’accomplir cette basse besogne, il est pourchassé par le véritable tueur… Un polar absurde, inspiré de faits réels, à base d’assassinat par un parapluie empoisonné.
La Chèvre (1981)
C’est sans doute le film culte de Pierre Richard. Voire aussi de son réalisateur, Francis Veber, qui a eu le nez creux en formant un duo explosif entre son acteur fétiche et Gérard Depardieu. La Chèvre est une comédie qui place la malchance au rang d’art, en affublant un détective privé cartésien à un type normal aussi gaffeur que la jeune femme qu’ils doivent retrouver. Les deux vont enchaîner les mésaventures sans temps mort, pour le plus grand plaisir des zygomatiques de 7 millions de Français et 35 millions de Soviétiques venus les voir au cinéma.
Les Compères (1983)
Après le coup de maître de La Chèvre, Francis Veber rappelle Pierre Richard et Gérard Depardieu pour la comédie Les Compères. Pierre Richard reprend le deuxième personnage fétiche du réalisateur, François Pignon (pendant de François Perrin), ici en ancien amant dépressif d’Annie Duperey, tout heureux lorsqu’elle lui fait croire qu’il est le père de son fils. Il ignore alors que Depardieu est également un père potentiel et tous deux doivent partir sur les trousses de cet adolescent fugueur. Un nouveau succès pour le trio Veber-Richard-Depardieu, qui se reformera une ultime fois en 1986 pour Les Fugitifs.
Les Vieux Fourneaux (2018)
Adaptation de la bande dessinée du même nom signée Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, Les Vieux Fourneaux permet à Pierre Richard de retrouver un premier rôle dans une comédie à sa hauteur, en incarnant un octogénaire se lançant à la poursuite d’un de ses amis pris d’un coup de folie. Une comédie de Christophe Duthuron fort bien accueillie par le public (plus de 900 000 entrées) et qui a eu les honneurs d’une suite, Les Vieux Fourneaux 2 : Bons pour l’asile.
Fêlés (2024)
À la manière d’Un p’tit truc en plus, Fêlés de Christophe Duthuron met à l’honneur les laissés-pour-compte du cinéma. Ici, des pensionnaires psychologiquement fragiles vivent ensemble dans une maison autogérée. Contre toute attente, Pierre Richard n’y incarne pas l’une de ces ouailles, mais le fondateur de cette arche de Noé non dénuée d’un grain de folie. Le film mêle à la fois comédiens de renom (Bernard Le Coq, François Berléand…) et acteurs non-professionnels, jouant leur propre rôle. Une comédie à la folie douce et contagieuse.
La Valée des fous (2024)
Long-métrage touchant sur un père, Jean Paul (Jean-Paul Rouve), qui a du mal à joindre les deux bouts. Entre son alcoolisme et ses dettes, l’homme perd pied, tentant tout de même de redresser sa barque pour ne pas sombrer et emporter avec lui sa jeune fille. Il entreprend ainsi d’effectuer le Vendée Globe, depuis son bateau – situé dans son jardin – grâce à la Virtual Regatta, entamant une course qui, comme son nom l’indique, est virtuelle. La Valée des fous, c’est l’histoire d’un homme qui ne fait pas le tour du monde, mais de son monde, sous le regard bienveillant de son père (Pierre Richard) et de sa fille. En salles, le 13 novembre.