En déjà 20 ans de carrière, Anaïs Demoustier a tourné dans plus de 50 films et reçu cinq nominations aux César. Une boulimie de cinéma qui ressemble à celle d’Isabelle Huppert avec laquelle elle a débuté. Actrice caméléon, on la retrouve une nouvelle fois différente dans La Bête dans la jungle, à l’affiche ce 16 août au cinéma.
Les Grandes Personnes (2008)
Révélée au début des années 2000 par Le Temps du loup de Michael Haneke, Anaïs Demoustier fait très vite ses armes. Mais c’est avec Les Grandes Personnes d’Anna Novion qu’elle va se faire repérer. Un premier grand rôle en adolescente en vacances en Suède, fille d’un père chercheur de trésor viking. Subtile et touchante, la frimousse d’Anaïs Demoustier interpelle le grand public et séduit le monde du septième art qui lui offre une nomination au César du meilleur espoir dans la foulée. Ainsi qu’un tremplin pour une carrière sans temps mort.
Les Malheurs de Sophie (2016)
Christophe Honoré n’est pas toujours là où on l’attend. En témoigne ce film tous publics, Les Malheurs de Sophie, adaptation pas toujours fidèle et pleine d’insolence du livre du même nom de la Comtesse de Ségur. Anaïs Demoustier y est Ginette de Fleurville. La bonté même, elle parvient à redonner le sourire à la jeune orpheline Sophie, pleine d’espièglerie, sauf quand elle est martyrisée par la terrible Madame Fichini (alias Muriel Robin). Le film dépasse les 500 000 entrées et montre la facette maternelle de son actrice principale qui venait de devenir mère dans la vraie vie.
Sauver ou périr (2018)
Si dans Sauver ou périr, tous les yeux se sont d’abord portés sur la prestation incroyable de Pierre Niney en pompier grand brûlé après une intervention périlleuse, celle d’Anaïs Demoustier n’a rien à démériter. Elle est ici Cécile, l’épouse de ce gendarme du feu courageux et brisé. Bienveillante, patiente, aimante, elle est la béquille qui permet à son phénix de renaître de ses cendres. Une interprétation puissante toute en douceur et en abnégation.
Alice et le maire (2019)
Les arcanes de la mairie de Lyon à travers son édile de fiction et une nouvelle membre de son équipe, une jeune philosophe chargée de lui redonner de la vigueur intellectuelle. Les joutes verbales entre Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier, pleines de peps et de mordant, sont savoureuses. Entre ingénue et carriériste, l’actrice livre une prestation nuancée, parvenant à damer le pion à son illustre partenaire. Tant et si bien qu’Alice et le maire lui a valu son seul César de la meilleure actrice à ce jour.
La Fille au bracelet (2020)
Dans la famille Demoustier, on demande le frère. Stéphane, réalisateur de cette Fille au bracelet, signe l’un des meilleurs films de procès de ces dernières années. Libre adaptation de l’argentin Acusada, il étonne par sa manière de désarçonner le spectateur sur la culpabilité ou non d’une adolescente accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie. Il confie à sa sœur Anaïs le rôle sévère de l’avocate générale, froide et impénétrable.
Les Amours d’Anaïs (2021)
On pourrait croire qu’il n’y avait qu’elle pour jouer ce rôle d’épicurienne, légère, frivole et profonde à la fois, amoureuse autant d’un homme senior que de son épouse autrice célèbre. D’autant que le personnage principal des Amours d’Anaïs se prénomme justement Anaïs. Mais Demoustier s’empare du rôle avec une gourmandise et une malice qui font mouche, proches de la performance. On comprend pourquoi Denis Podalydès et Valeria Bruni-Tedeschi se pâment d’amour pour elle !
Novembre (2022)
Après BAC Nord, Cédric Jimenez récidive dans le polar nerveux inspiré de faits réels. Pour Novembre, il décrit les coulisses de la sous-direction anti-terroriste française au soir des attentats du 13 novembre 2015. Aux côtés de Jean Dujardin et d’un casting de haute volée, Anaïs Demoustier incarne un des agents du SDAT, suivant son instinct quitte à se tromper. Elle est toutefois la pièce-maîtresse dans la quête d’un témoin indispensable pour retrouver les terroristes encore en fuite et obtient une nouvelle nomination aux César.
Fumer fait tousser (2022)
Anaïs Demoustier est l’une des actrices-phares du cinéma étrange et absurde de Quentin Dupieux. Depuis Au poste ! en 2018, elle est de tous ses films ou presque. Femme écervelée et vénale dans Incroyable mais vrai, elle est Nicotine dans Fumer fait tousser. Une justicière masquée façon Bioman s’inscrivant dans la lutte contre le tabac et qui se veut irréprochable, sans l’être véritablement. Une nouvelle incursion dans la comédie, genre que la comédienne n’a jamais abandonné depuis le début de sa carrière et dans lequel elle excelle, tout autant que dans les drames.
La Bête dans la jungle (2023)
La Bête dans la jungle de l’Autrichien Patric Chiha sort totalement des sentiers battus. Il conte l’attente d’un couple dans une boîte de nuit pendant 25 ans, d’un événement pour le moins mystérieux. L’homme et la femme sont respectivement interprétés par Tom Mercier (découvert dans Synonymes de Nadav Lapid) et Anaïs Demoustier, bientôt rejoints par Béatrice Dalle, dans un nouveau rôle vénéneux dont elle a le secret. Un film esthétique, sensuel, impalpable et fascinant.