Longtemps second couteau du cinéma français, Roschdy Zem a gagné peu à peu ses galons d’acteur incontournable et même de réalisateur à succès. À l’aise dans tous les genres, du polar à la comédie, il impose son charisme dans le dernier film de Louis Garrel, L’Innocent, à l’affiche le 12 octobre, mais aussi dans tout le reste d’une filmographie exigeante.
Alice et Martin (1998)
C’est sous la direction d’André Téchiné en 1991 pour J’embrasse pas, que Roschdy Zem a fait une de ses toutes premières apparitions au cinéma. Sept ans plus tard, ils se retrouvent une troisième fois pour la romance Alice et Martin. Il n’y a qu’un second rôle, mais Roschdy Zem magnétise l’écran, au point de voler la vedette à des noms tels que Juliette Binoche ou Mathieu Amalric. Le cinéma français ne le sait pas encore, mais il ne pourra plus se passer de ce comédien caméléon aux silences énigmatiques.
36 quai des Orfèvres (2004)
Alors qu’il commence à se faire connaître, Roschdy Zem intègre en 2004 l’un des castings les plus luxueux pour un film français, celui de 36 quai des Orfèvres d’Olivier Marchal. Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, André Dussollier… tous ces grands noms entourent le comédien qui joue un indicateur en conditionnelle, capable de violence pour arriver à ses fins. Un nouveau polar à son actif, mais quel polar !
Va, vis et deviens (2005)
Radu Mihaileanu a pour habitude de sortir des films forts et engagés et c’est encore le cas avec Va, vis et deviens revenant sur l’opération Moïse en 1984, dans laquelle des Juifs d’Éthiopie qui étaient réfugiés au Soudan, étaient acheminés jusqu’en Israël. Roschdy Zem et Yaël Abecassis y sont des parents adoptifs d’un de ces enfants déracinés, bouleversants de vérité. Une épopée méconnue, doublée d’un questionnement sur la foi et la religion.
Go Fast (2008)
Roschdy Zem va souvent jouer les rôles d’infiltrés. Dans Go Fast, il l’est pour le compte de la BRI, la brigade de recherche et d’intervention, aux côtés d’Olivier Gourmet. Après une opération qui tourne mal, il va devoir intégrer un réseau de trafiquants de drogue… Go Fast est un film d’action intense produit par Luc Besson, qui donne à voir Roschdy Zem sous un jour plus athlétique, capable de se glisser autant dans la peau d’un policier que dans celle d’un dangereux délinquant.
À bout portant (2010)
Avant de jouer les justiciers, Roschdy Zem s’est souvent retrouvé de l’autre côté de la barrière. Comme ici en figure du grand banditisme recherchée, qui va devoir être extradée en échange de la vie d’une future mère de famille innocente. À bout portant est un thriller nerveux et violent de Fred Cavayé, dont chaque acte est suivi d’une conséquence tragique et porté par un trio d’hommes virils qui ne font pas dans la dentelle : Zem donc, mais aussi Gilles Lellouche en mari prêt à tout pour retrouver sa femme et Gérard Lanvin, en commandant de police ténébreux.
Chocolat (2016)
Depuis 2006 et Mauvaise foi, Roschdy Zem a des velléités de réalisation. Omar m’a tuer l’a mis sur le devant de la scène et ce Chocolat a achevé de le rendre crédible auprès de la profession. Le film reçoit d’ailleurs deux César, dont celui du meilleur acteur dans un second rôle pour James Thierrée. Il s’agit du biopic du Clown Chocolat, premier artiste noir à avoir foulé une scène française et acquis la célébrité, avant que la fatalité ne reprenne le dessus. Omar Sy y trouve un de ses plus beaux rôles et les films de Roschdy Zem réalisateur, sont désormais fort attendus.
Roubaix, une lumière (2019)
On ne l’avait encore jamais vu comme ça, d’une telle douceur extrême, d’une telle empathie, apportant un peu de couleur aux vies tout en grisailles qui l’entourent. Roschdy Zem confère une humanité profonde à son personnage de commissaire confronté à la misère du monde et aux crimes scabreux. Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin est tiré d’un fait divers réel et offre enfin à Roschdy Zem son premier César du meilleur acteur, 13 ans après son prix d’interprétation masculine collectif pour Indigènes au Festival de Cannes. Il était temps.
La Fille au bracelet (2020)
Adaptation française du film argentin Acusada, La Fille au bracelet est un drame judiciaire passionnant de bout en bout. Une adolescente de 16 ans y est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie et reste en liberté surveillée, un bracelet électronique à la cheville, en attendant son procès. Mais est-elle vraiment coupable ? Au spectateur de tenter de le déterminer, se mettant à la place de Roschdy Zem en père inquiet qui veut croire à tout prix en l’innocence de sa fille.
Enquête sur un scandale d’État (2022)
Inspiré de l’affaire François Thierry qui avait défrayé la chronique, Enquête sur un scandale d’État de Thierry de Peretti offre à Roschdy Zem un nouveau rôle d’infiltré, ici auprès de la brigade des stupéfiants. Une mise en cause haletante des hautes huiles de la police française, ultra documentée et pertinente, montrant l’envers du décor tant du côté de la presse que de celui de l’État. Zem y est impérial en personnage ambivalent dont on se demande jusqu’au bout s’il faut lui faire confiance.
L’Innocent (2022)
Pour son quatrième film en tant que réalisateur, Louis Garrel se lance dans une comédie policière haute en couleur qui a particulièrement séduit la Croisette. Roschdy Zem y est un prisonnier se mariant avec la mère de Garrel et qui, une fois libéré, va à nouveau faire des mauvais coups pour gagner de l’argent. Ce qui ne sera pas du goût de son beau-fils. L’Innocent est un réjouissant jeu du chat et de la souris, qui confirme le talent de Garrel à la fois devant et derrière la caméra.