Tous les dessins animés ne sont pas à mettre devant les yeux des plus petits. Entre thématiques politiques, historiques ou sexuelles, images macabres et violentes et autres problématiques réservées aux grands, seuls les adultes ont le plaisir d’en profiter. C’est le cas de ces quelques films et de Les Secrets de mon père, actuellement en salles.
La Belladonne de la tristesse (1973)
Dans le Moyen Âge nippon, Jeanne est violée par son seigneur et ne peut épouser celui qu’elle aime, Jean. Elle est séduite par le diable qui va faire d’elle, une sorcière vengeresse. Un film d’animation cruel, érotique et poétique se cache derrière ce résumé. Il s’agit de La Belladonne de la tristesse, aussi nommée Belladonna d’Eiichi Yamamoto, dernier volet de la trilogie Animerama et découvert dans nos contrées dans les années 2010, 40 ans après sa sortie. Un chef-d’œuvre étrange et puissamment esthétique.
Les Triplettes de Belleville (2003)
Une mafia qui enlève des coureurs cyclistes, une mamie prête à tout affronter pour retrouver son petit-fils, de vieilles gloires de la chanson amatrices de grenouilles, un générique interprété par Matthieu Chedid… Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet est un condensé d’absurde, d’idées de génie et de beauté simple et muette. Une ode à la France, à un passé révolu, à Tati et Yvette Horner, au jazz et à l’amour intergénérationnel. Drôle, bouleversant, inclassable.
Les Noces funèbres (2005)
Si Tim Burton est resté un éternel grand enfant, ses histoires délicieusement macabres ne sont pas toujours tout public. Quand il coréalise le film d’animation Les Noces funèbres, il pense avant tout aux adultes. Victor découvre l’univers de l’au-delà après avoir épousé, sans le vouloir, le cadavre d’une mariée, au lieu de sa chère Victoria qui l’attend dans notre monde. Son amour pour sa promise sera plus fort que tout. Une histoire universelle qui guérit de la peur de la mort et donne envie d’embrasser la vie.
Paprika (2006)
Quand la psychologie et la science-fiction se rencontrent, cela donne Paprika de Satoshi Kon, une adaptation d’un roman éponyme culte de Yasutaka Tsutsui. Ici, une machine, le DC Mini, est capable de pénétrer dans les rêves de patients d’un institut. Mais quand un des prototypes est dérobé, c’est toute la communauté scientifique qui est en émoi. Le docteur Chiba décide alors de gagner le monde des rêves sous l’apparence d’un alter-ego féminin, Paprika. Un film qui rétrécit encore davantage la frontière entre fiction et réalité, récompensé dans le monde entier et qui fut l’une des sources d’inspiration de Christopher Nolan pour Inception.
Persepolis (2007)
Après la bande dessinée parue entre 2000 et 2003, voici le film. Marjane Satrapi adapte son œuvre avec l’aide de Vincent Paronnaud et signe avec Persepolis, un brûlant témoignage de la vie en Iran en 1978, au moment de la chute du Shah. La jeune Marjane a alors 8 ans et découvre la guerre contre l’Irak, les privations de nourriture, les disparitions de membres de son entourage et l’obligation pour elle et sa famille de s’exiler. Un sujet dur, enjolivé par des images d’une grande beauté, des touches d’humour et les voix de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve et Danielle Darrieux en grand-mère protectrice.
Valse avec Bachir (2008)
En 2008, sort sur les écrans du monde entier un documentaire d’animation réalisé par l’Israélien Ari Folman. Par le biais du dessin, il interprète son propre rôle et témoigne de sa jeunesse lors de l’invasion du Liban en 1982. Entre scènes de guerre, de massacres et d’exactions commises par les milices de Bachar Germayel, Valse avec Bachir est une manière pour le réalisateur d’exorciser ses démons en se souvenant d’un passé douloureux volontairement enfoui. Un film choc sur la culpabilité récompensé du César du meilleur film étranger.
Mary et Max (2009)
Dépression, solitude et autisme sont au programme de Mary et Max d’Adam Elliot, film d’animation australien entièrement tourné en pâte à modeler. Toni Colette et Philip Seymour Hoffman donnent de la voix pour raconter cette histoire épistolaire entre une petite fille australienne de 8 ans malaimée et un juif américain obèse de 44 ans, atteint du syndrome d’Asperger. Tous deux vont tenter de s’aider l’un l’autre malgré la distance et leurs différences. Un hymne à la différence bercé par une douce mélancolie et des scènes d’humour caustique.
Des idiots et des anges (2009)
Depuis les années 1990, Bill Plympton fait les beaux jours d’un cinéma d’animation destiné aux adultes, essentiellement des comédies absurdes et ultra-référencées. Après L’Impitoyable Lune de miel ! et Les Mutants de l’espace, il propose en 2009 un film plus sombre et cynique, Des idiots et des anges. Ou les aventures d’un homme se réveillant avec des ailes dans le dos et qui fait le bien malgré lui.
J’ai perdu mon corps (2019)
Une main coupée tente de retrouver le corps à laquelle elle appartient et se souvient de comment elle en est arrivée là. Un pitch à la Quentin Dupieux pour J’ai perdu mon corps, film d’animation français ambitieux réalisé par Jérémy Clapin. Il s’agit toutefois d’une adaptation du roman Happy Hand de Guillaume Laurant. Un succès critique qui a conduit cette mimine expressive jusqu’aux Oscars et lui a fait remporter deux César. On l’applaudit bien fort.
Les Secrets de mon père (2022)
C’est à l’âge de 89 ans que la réalisatrice Véra Belmont a décidé de se lancer dans son premier film d’animation. Et pour ce faire, elle s’attaque à un sujet difficile : la Shoah. Les Secrets de mon père commence par des moments de joie, avec ces deux frères juifs s’amusant ensemble à imaginer la vie de leur père trop discret. Sans se douter qu’il cache de douloureux secrets liés à l’Holocauste. Une adaptation émouvante de la bande dessinée Deuxième génération de Michel Kichka, avec les voix de Michèle Bernier et Jacques Gamblin.
