Incandescente, bouleversante, glamour et mystérieuse, tels sont quelques-uns des qualificatifs de l’une des actrices françaises les plus récompensées de tous les temps, Isabelle Adjani. À l’occasion de la sortie de Peter von Kant de François Ozon dans les salles le 6 juillet, retour sur une filmographie tout comme elle : hors normes.
Tout feu, tout flamme (1982)
Quand sort Tout feu, tout flamme de Jean-Paul Rappeneau en 1982, Isabelle Adjani est déjà une star. Elle a reçu des nominations et prix prestigieux en pagaille (elle vient notamment d’être couronnée aux César et à Cannes pour Possession) et ses yeux bleus perçants lui valent d’être sollicitée de toutes parts. Ici, elle est une polytechnicienne brillante devant gérer toute sa famille à la mort de sa mère et voler au secours de son Yves Montand de père, suite à une arnaque. Une comédie pleine d’action et de charme qui prouve qu’Adjani est décidément à l’aise dans tous les genres cinématographiques.
L’Été meurtrier (1983)
Deuxième César de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani avec le thriller L’Été meurtrier de Jean Becker. Une adaptation moite et sensuelle du roman du même nom de Sébastien Japrisot et dans lequel l’actrice incarne la séduisante Éliane. Elle ignore qui est son paternel, puisque sa conception résulte du viol de sa mère par trois inconnus. Entre folie et machination diabolique, elle va tenter de se venger. Un film qu’Adjani refusa dans un premier temps pour cause des ses scènes de nu, avant de se raviser et d’en faire un de ses rôles les plus emblématiques.
Mortelle randonnée (1983)
Un détective en bout de course protège une jeune meurtrière aux identités multiples s’attaquant à des hommes fortunés. Mortelle randonnée de Claude Miller, sur un scénario de Michel Audiard et son fils Jacques, est un polar vénéneux dans lequel Michel Serrault et Isabelle Adjani nouent une étrange relation père/fille en une course-poursuite à travers toute l’Europe. L’une des plus belles performances de ces deux monstres sacrés du cinéma.
Subway (1985)
Après avoir hurlé comme une démente dans ses couloirs pour Possession, Isabelle Adjani retrouve les joies du métro et de sa faune interlope avec Subway. Le second long-métrage de Luc Besson met également en scène Christophe Lambert, Richard Bohringer et Jean-Pierre Bacri. Un rôle initialement prévu pour Charlotte Rampling, avant que Besson ne choisisse Adjani avec laquelle il venait de tourner le clip de la chanson Pull marine.
Camille Claudel (1988)
Film sur l’art, la passion amoureuse et la folie, Camille Claudel de Bruno Nuytten retrace la passion ravageuse entre la jeune sculptrice Camille Claudel et Auguste Rodin. Un film qui a contribué à faire connaître l’artiste encore méconnue au grand public. Et ce, grâce à la prestation habitée d’Isabelle Adjani, se consumant pour Gérard Depardieu, impérial en Rodin touché par son égérie, avant de contribuer à sa perte. Adjani y reçoit un nouveau César de la meilleure actrice, l’Ours d’argent à Berlin et une nomination aux Oscars. La star française devient internationale.
La Reine Margot (1994)
Vous reprendrez bien un César ? Isabelle Adjani brandit à nouveau le précieux trophée grâce à La Reine Margot de Patrice Chéreau, libre adaptation du roman éponyme d’Alexandre Dumas. Rarement un rôle aura aussi bien correspondu au statut de celle qui l’interprète, tant il semble avoir été écrit pour Adjani. Reine méprisante, amoureuse impossible, sœur et fille effrayée de la violence de la nuit de la Saint-Barthélemy, sainte et putain, elle est tout et son contraire. Mythique de bout en bout.
La Journée de la jupe (2009)
Cinquième et dernier César à ce jour pour Isabelle Adjani, l’actrice la plus titrée de cette cérémonie. Et c’est au personnage de Sonia Bergerac, professeure de lettres prenant en otage ses élèves, qu’elle le doit. La Journée de la jupe, film fort et féministe, marque le grand retour de la star après plusieurs années d’absence médiatique et relancera son appétit de retrouver les plateaux de cinéma (une dizaine de longs tournés depuis, après s’être montrée plutôt rare durant les années 1990 et 2000).
Carole Matthieu (2016)
Dans la droite lignée de La Journée de la jupe, Isabelle Adjani tourne le drame Carole Matthieu, autre film à dimension sociale, dénonçant ici les conditions de travail difficiles des employés d’un centre d’appel dont certains se suicident. Adjani y interprète une médecin de travail alertant sur ces injustices dans un silence assourdissant. Louis-Julien Petit poursuit la fibre humaniste de son cinéma entre deux comédies plus légères mais tout aussi engagées, Discount et Les Invisibles.
Sœurs (2020)
Pour Yamina Benguigui, Isabelle Adjani, Rachida Brakni et Maïwenn sont trois sœurs franco-algériennes décidant de retrouver leurs racines de l’autre côté de la Méditerranée pour venir en aide à leur père. Avec Sœurs, Isabelle Adjani renoue elle-même avec ses propres origines (son père était kabyle) et plonge dans un drame familial intime et bouleversant où la star semble se livrer comme jamais. Un de ses films les plus personnels.
Peter von Kant (2022)
François Ozon n’est jamais là où on l’attend, tout en ne trahissant jamais l’univers qu’il a bâti depuis le début de sa carrière. Après Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, il rend un nouvel hommage à Rainer Werner Fassbinder en adaptant sa pièce Les Larmes amères de Petra von Kant. Il transforme le rôle-titre en homme, sous la faconde de Denis Ménochet et offre à Isabelle Adjani un nouveau rôle de femme mystérieuse par qui le drame arrive.