Depuis 1970, Gérard Depardieu règne sans partage sur le cinéma français (et international). Devenu rapidement un monstre sacré doté d’un furieux appétit pour le septième art, il ne cesse de tourner. À l’occasion de la sortie de Maigret de Patrice Leconte en DVD le 23 juin, retour sur quelques-uns des films les plus inoubliables de son immense carrière.
Les Valseuses (1974)
En 1974, un parfum de scandale enveloppe le deuxième long de Bertrand Blier. Les Valseuses, qui starifie Gérard Depardieu quatre ans après ses débuts (mais aussi Patrick Dewaere et Miou-Miou), est une ode à la liberté et au sexe qui suit deux jeunes voyous accusés de meurtre à tort et en pleine crise existentielle. Blier et Depardieu se retrouveront encore une demi-douzaine de fois, avec des chefs-d’œuvre tels que Buffet froid, Tenue de soirée ou Trop belle pour toi.
1900 (1976)
En une poignée de films marquants, Depardieu tape déjà dans l’œil des réalisateurs européens et internationaux. Bernardo Bertolucci le choisit pour donner la réplique à Robert De Niro, son homologue américain, pour 1900, fresque de plus de cinq heures et en deux parties. On y suit le parcours de deux jeunes hommes de leur naissance à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une Italie sombrant peu à peu dans le fascisme. Un film violent, bouleversant, devenu culte pour la nouvelle génération.
Le Dernier Métro (1980)
Premier César du meilleur acteur pour Gérard Depardieu avec Le Dernier Métro, l’un des plus beaux films de François Truffaut. Il y donne la réplique à Catherine Deneuve avec qui il va jouer une dizaine de fois. Il est question ici d’amour et de théâtre pendant l’Occupation. Deneuve interprète une actrice de renom désirant jouer coûte que coûte et cachant dans la cave son mari juif. Quant à Depardieu, il est un Résistant tombé amoureux d’elle. L’un des films les plus césarisés à ce jour, avec dix récompenses.
La Chèvre (1981)
Autre collaboration récurrente, celle qui unira Depardieu et le réalisateur Francis Veber. Ce dernier fait de Gérard un acteur de comédie, grâce à La Chèvre. Depardieu interprète un détective privé faisant équipe avec un malchanceux notoire, Pierre Richard, pour retrouver une jeune femme également en froid avec la félicité. Un duo comique et complémentaire, une alchimie totale entre les deux comédiens et un succès public à la clé avec plus de sept millions d’entrées rien qu’en France.
Jean de Florette (1986)
Depardieu bouleverse à nouveau dans le premier film du diptyque Jean de Florette/Manon des Sources de Claude Berri. Bossu et optimiste, Jean voit sa chance sombrer petit à petit à cause de la sécheresse et d’un complot ourdi par Ugolin et Le Papet. Musique lancinante de Jean-Claude Petit, accent chantant et distribution de qualité (Yves Montand, Daniel Auteuil…) sont au programme de cette adaptation réussie du roman de Marcel Pagnol. Berri retrouvera notamment Depardieu sur une autre adaptation, celle de Germinal de Zola.
Cyrano de Bergerac (1990)
Deuxième César et premier prix cannois pour Depardieu avec Cyrano de Bergerac, fidèle adaptation de la pièce de théâtre éponyme d’Edmond Rostand. Jean-Paul Rappeneau en fait un film de cape et d’épée aux vers chatoyants, avec un Gérard Depardieu doté d’une péninsule en guise de nez. Le film obtient notamment dix Césars, une sélection à la compétition officielle du Festival de Cannes, un Golden Globes et cinq nominations aux Oscars. Dont une pour Gérard Depardieu en tant que meilleur acteur. Sa carrière internationale est lancée.
1492, Christophe Colomb (1992)
Musique emblématique de Vangelis, images signées Ridley Scott, casting hétéroclite (Sigourney Weaver, Tchéky Karyo, Frank Langella…), pour son premier blockbuster américain, Gérard Depardieu ne fait pas dans la dentelle. 1492, Christophe Colomb est un biopic atypique du célèbre explorateur génois qui prend ici l’accent franchouillard de notre Gégé national. Le film est descendu par la critique (et les Américains), mais encensé par les spectateurs européens (plusieurs millions d’entrées sur le continent).
Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002)
C’est en 2002 que Gérard Depardieu va signer son plus gros succès au box-office. Grâce à sa deuxième excursion dans les braies d’Obélix avec Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre de et avec Alain Chabat. 14 millions d’entrées rien qu’en France, 25 millions à travers le monde et des répliques cultes qui se transmettent de génération en génération. Une comédie absurde pour toute la famille, tout en respectant l’humour d’Uderzo et Goscinny. Un miracle, par Toutatis !
Saint Amour (2016)
Après Mammuth dans lequel il s’imbriquait parfaitement dans l’univers social et décalé de Kervern et Delépine, Gérard Depardieu remet ça pour Saint Amour, comédie pantagruélique qui lui correspond si bien. Une tournée des vins sur les routes de France pour Depardieu, Benoît Poelvoorde et Vincent Lacoste, forcément arrosée et garnie de scènes cocasses et inoubliables. De l’humour, de la tendresse, de la bonne chère, que demande le peuple ?
Maigret (2022)
Qui de mieux que lui pour reprendre le chapeau et le pardessus du commissaire Maigret ? Après Michel Simon, Jean Gabin, Jean Richard et Bruno Cremer, le héros de Simenon retrouve humanité et douceur avec l’interprétation crépusculaire et nuancée de Gérard Depardieu. Le Maigret de Patrice Leconte est un hommage autant au personnage qu’à l’acteur qui l’incarne. Un chant du cygne ? Non ! Depardieu sera à l’affiche d’au moins trois autres films d’ici la fin de l’année 2022 !