Mamma Mia ! Et si on lisait autant avec les yeux qu’avec les mains ? D’Umberto Eco à Primo Levi, en passant par Dante et Pétrarque, la littérature italienne déchaîne les cœurs et les passions. Voici quelques exemples de livres à lire absolument et qui ne manqueront pas de vous… botter !
Le Nom de la rose – Umberto Ecco
Revêtez vos robes de bure et vos sandales ! Vous voici plongés dans une enquête policière en plein cœur d’un monastère du XIVe siècle, alors que des moines décèdent mystérieusement les uns après les autres. Suicides ? Meurtres ? Mais pour quelles raisons ? À l’ancien inquisiteur Guillaume de Baskerville de le déterminer.
Livre culte d’Umberto Eco publié en 1980, Le Nom de la rose est une véritable plongée dans les us et coutumes de l’époque, avec des passages entièrement en latin et une ambiance délétère à couper au couteau.
Jean-Jacques Annaud l’adaptera en 1986, avec le film Le Nom de la rose porté par la prestation habitée de Sean Connery, tout en tonsure et chaussé en moine.
Le Guépard – Giuseppe Tomasi di Lampadusa
Si le film Le Guépard de Luchino Visconti avec Alain Delon et Claudia Cardinale est encore dans toutes les têtes, le roman Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampadusa est également à découvrir. Il s’agit-là de son unique roman, d’ailleurs paru à titre posthume en 1958.
Sur fond historique révolutionnaire en Sicile, on suit sur cinquante ans le destin du prince de Salina, Fabrizio Corbera, entre soubresauts politiques, romances, antagonismes intérieurs, grands bals et tragédies. Une fresque éblouissante magnifiée par le film de Visconti, récompensé de la Palme d’or 1963.
Danube – Claudio Magris
En 1986, le journaliste et écrivain Claudio Magris publie Danube, un essai dense, foisonnant et pour le moins étonnant qui a reçu le prix Bagutta et le prix du Meilleur Livre étranger Sofitel.
L’auteur y retrace le parcours du Danube, de sa source en Forêt Noire à son delta en mer Noire. Mais point seulement de géométrie ou d’hydrométrie : Magris en profite pour se raconter, livrer des réflexions poussées sur les peuples des régions qu’il traverse, présenter des anecdotes personnelles, historiques et culturelles. Au fil des pages, on y retrouve des noms tels que Goethe, Cioran ou Kafka, et la balade fluviale devient littéraire.
Si c’est un homme – Primo Levi
Si c’est un homme est sans doute l’un des témoignages les plus précieux de la vie dans les camps d’extermination pendant la Seconde Guerre mondiale.
Chimiste juif reconnu, Primo Levi se fait rapporteur de la pire des horreurs. Écrit juste après la libération des camps, le livre est longtemps ignoré avant d’accéder à la renommée internationale grâce au succès d’un autre essai de Levi, La Trève. Depuis, il est devenu le livre de référence pour traiter de la Shoah.
Primo Levi disparaîtra en 1987, des suites d’une chute dans les escaliers dont les causes n’ont toujours pas été clairement déterminées.
Le Désert des Tartares – Dino Buzzati
Traitant à la fois de l’absurdité de la guerre et du temps qui passe, Le Désert des Tartares de Dino Buzzati, sorti en 1940, a marqué son époque et les suivantes. On accompagne ainsi dans ses atermoiements militaires, le jeune lieutenant Giovanni Drogo devant protéger un fort de l’assaut d’un ennemi qui ne vient jamais.
Le livre sera adapté au cinéma dans Le Désert des Tartares de Valerio Zurlani avec Vittorio Gassman, mais également mis en musique dans la chanson Zangra de Jacques Brel.
Le Baron perché – Italo Calvino
Deuxième tome de la trilogie Nos ancêtres, Le Baron perché d’Italo Calvino paru en 1957, raconte l’histoire de Côme Laverse du Rondeau, un jeune aristocrate de 12 ans décidant de grimper dans un arbre et d’y rester toute sa vie. Devenant peu à peu ermite, il apprend la vraie valeur des choses et de la nature, tout en rencontrant des personnages illustres comme Napoléon Bonaparte de passage.
Conte philosophique, roman d’aventures et fantaisie, Le Baron perché a obtenu le prix Viareggio et a conservé avec le temps toute sa folie, son inventivité et son originalité.
Le Jardin des Finzi-Contini – Giorgio Bassani
Autre roman à avoir remporté le prix Viareggio, en 1962 cette fois, Le Jardin des Finzi-Contini de Giorgio Bassani.
Chronique de la bourgeoisie juive de la ville de Ferrare, il s’agit également d’un vibrant pamphlet discriminatoire contre la montée du fascisme et de l’antisémitisme dans les années 1930.
Vittorio De Sica en livrera son interprétation avec le film Le Jardin des Finzi-Contini, Ours d’or du Festival de Berlin en 1971 et Oscar du meilleur film étranger en 1972.
Le Christ s’est arrêté à Éboli – Carlo Levi
En 1945, Carlo Levi publie une autofiction événementielle, Le Christ s’est arrêté à Éboli.
Médecin, il raconte comment la maladie (la malaria principalement), a décimé la population des régions méridionales dans les années 1930, tout en mettant en avant les us et coutumes de ces gens sacrifiés. Le livre remportera un tel succès qu’il sera l’un des romans italiens les mieux vendus au cours du XXe siècle. Il bénéficiera également d’une adaptation cinématographique en 1979 avec le film de Francesco Rosi, avec Alain Cuny et Lea Massari.
Canzoniere – Pétrarque
En 1327, le poète florentin Pétrarque aperçoit dans une église avignonnaise, la belle Laure de Sades. Il en tombe immédiatement amoureux et écrira en son hommage le recueil Canzoniere contenant 366 sonnets, chansons et autres ballades, un pour chaque jour de l’année. Des vers tantôt contemplatifs, tantôt méditatifs, élégies de la passion qui ont permis au livre de dépasser les siècles et d’inspirer les poètes européens sur plusieurs centaines d’années.
Roland furieux – L’Arioste
Ludovico Ariosto, dit L’Arioste, était un dramaturge et poète italien du XVe siècle, connu pour ses comédies mais aussi (et surtout), le poème épique Roland furieux, comportant pas moins de 46 chants en ottava rima (les strophes rimées italiennes en vogue à cette époque) et 38 736 vers. Il s’agit pour l’auteur d’une suite à un autre poème, le Roland amoureux de Matteo Maria Boiardo, où l’on retrouve des héros des chansons de gestes médiévales comme Roland ou Merlin l’Enchanteur.
Un chef-d’œuvre passé à la postérité en étant mis en musique par des compositeurs tels que Lully, Vivaldi ou Haendel.
Le Livre du courtisan – Baldassare Castiglione
Publié en 1528, Le Livre du courtisan de Baldassare Castiglione est un essai visant à former le courtisan idéal pour briller à la cour. Divisé en quatre livres, il décrit les différentes vertus de son siècle pour permettre d’être parfaitement accompli en matière de sociabilité, d’armes, de culture et de lettres, de disposer des valeurs morales de la courtoisie et de mettre en pratique toutes les théories exposées.
Un guide du savoir-faire et du savoir-paraître préfigurant ceux de notre époque et qui a eu un écho retentissant dans toute l’Europe de la Renaissance.
Le métier de vivre – Cesare Pavese
Journal intime publié en 1952, Le métier de vivre retrace à titre posthume les grandes pensées de l’écrivain Cesare Pavese.
Condamné par un tribunal fasciste en 1935, c’est à ce moment que l’auteur des romans Le Bel été et La Lune et les Feux commence à rédiger ce journal particulier dont l’écriture s’étalera jusqu’en 1950, quelques jours seulement avant son suicide. Il y parle de mal-être, de masochisme, de découragement, de sexe et de diverses turpitudes avec un style à la fois cru et poétique.
La Divine Comédie – Dante Alighieri
C’est sans doute l’un des poèmes les plus reconnus dans le monde entier et pourtant, il a commencé à être composé en 1303. La Divine Comédie de Dante renvoie à L’Énéide et l’Apocalypse selon Saint-Paul.
Le poème est divisé en trois parties : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Chacune contient 33 chants. Une vision allégorique de l’au-delà chrétien qui a envoûté le monde catholique lors de sa parution et n’a cessé depuis d’être repris ou cité.
La Divine Comédie a inspiré des peintres (dont Botticelli, Delacroix, Dali), des écrivains (Balzac, Hugo ou Murakami), des compositeurs (Liszt, Tchaïkovski, le groupe The Divine Comedy, évidemment) et le cinéma. De Henri Verneuil à Ron Howard, en passant par Lars Von Trier et David Fincher, l’œuvre de Dante continue de hanter les artistes. Et pour longtemps encore.
Le Décaméron – Boccace
Autre ouvrage italien qui a traversé les années sans prendre une ride, Le Décaméron de Boccace. Ce recueil de cent nouvelles a été rédigé entre 1349 et 1353.
Boccace y raconte le parcours d’une brigade de sept femmes florentines qui décident de vivre hors de la ville. Des hommes les rejoignent et tous de se livrer à un jeu d’histoires à se raconter quotidiennement pour se divertir.
Livre épicurien par excellence, Le Décaméron a créé le scandale lors de sa parution. Mais il a été réhabilité par la suite, servant d’inspiration à de nombreux auteurs dont Balzac pour son livre Les Cent Contes drolatiques et il sera adapté au cinéma par Pasolini dans le film Le Décaméron, tout aussi vénéneux.
Le Mépris – Alberto Moravia
Si l’on pense instinctivement au film Le Mépris de Jean-Luc Godard avec Michel Piccoli et Brigitte Bardot, c’est oublié que Le Mépris est avant tout un roman signé Alberto Moravia, publié neuf ans plus tôt, en 1954.
Une histoire d’amour en plein délitement, celle d’un écrivain adorant sa femme, vivant chichement de son travail de scénariste et ne s’apercevant pas que la vie quotidienne et sa routine sont en train de tuer peu à peu son couple.
Sa belle finit par ne plus l’aimer et pire, par le mépriser. Ce qu’il ne comprend pas.
Un drame intime âpre et douloureux, à lire en écoutant du Georges Delerue.
