Considéré dans les années 1950 comme du cinéma avant-gardiste et expérimental, le found footage (ou films avec des pellicules prétendument retrouvées par hasard), est devenu un genre en soi. Il a été popularisé par le succès inattendu du Projet Blair Witch en 1999. En voici quelques-uns qui ont perpétué la tradition, avec caméra à l’épaule et images saccadées. Gare à vous si vous avez le mal de mer !
Le Projet Blair Witch
C’est le succès que personne n’a vu venir. Tourné pour 60 000 dollars à peine, Le Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez est devenu l’un des films les plus lucratifs de tous les temps, en engrangeant près de 250 millions de dollars. Comment est-ce possible ? Grâce à une astucieuse opération de communication… Le film a été présenté comme un véritable documentaire retrouvé en pleine forêt et les comédiens (alors inconnus) avaient ordre de ne pas se montrer en public pour ne pas gâcher l’effet de surprise. Un tour de magie réussi pour cette chasse à sorcière dans une forêt maudite où le moindre craquement de bois fait sursauter. Un film devenu culte et une référence pour tous les autres films de found footage à l’avenir. Sa suite ne reprenant pas le même principe, fut d’ailleurs un échec monumental.
Cannibal Holocaust
L’un des films de found footage parmi les plus connus, est aussi celui qu’il ne faut pas mettre devant tous les yeux. Considéré comme un snuff movie et un film pornographique lors de sa sortie en 1980, Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato est un faux documentaire tourné en forêt amazonienne, dans lequel des aventuriers sont dévorés par des tribus cannibales. Rien n’est épargné au spectateur : scènes de viols, de tortures, d’émasculations, de décapitations ou d’amputations, tout y passe. Le film a été interdit un peu partout dans le monde, avant d’être réhabilité et placé dans le panthéon des meilleurs films d’horreur de tous les temps.
REC
En 2007 sort un drôle de film d’horreur. REC, de Paco Plaza et Jaume Balaguero mêle faux documentaire tourné en temps réel et horreur sensationnelle. L’histoire d’une journaliste télé qui, pour les besoins de son émission, se rend de nuit dans un immeuble où des hurlements se font entendre. Et s’il s’agissait de morts-vivants affamés ne demandant qu’à croquer les personnes qui passent à proximité ? À la fois film de zombies et de possession démoniaque, REC a terrorisé près d’1,5 million d’Espagnols et a été récompensé de deux Goya et trois prix au Festival international du film fantastique de Gérardmer. Trois suites ont vu le jour depuis, ainsi qu’un remake américain, En quarantaine.
Paranormal Activity
Dans la droite lignée du Projet Blair Witch, le film d’horreur Paranormal Activity d’Oren Peli est considéré comme le film le plus rentable de tous les temps. Il a été réalisé avec un budget de 15 000 dollars seulement et a rapporté plus de 193 millions de dollars. Le film a été entièrement tourné à partir de caméras infra-rouges, placées dans une maison hantée et dont on découvre les phénomènes étranges et inquiétants en même temps que la famille qui y vit. Cinq autres films estampillés Paranormal Activity ont vu le jour depuis, même si aucun n’a dépassé ces records au box-office.
Projet X
Les films de found footage ne sont pas exclusivement réservés à l’horreur et au fantastique. La comédie en a aussi pris sa part. Première à le faire, Projet X de Nima Nourizadeh en 2012, film tourné au caméscope et retraçant une fête d’adolescents qui tourne mal. De quoi interdire à ses enfants d’organiser la moindre boum à l’avenir. Le film ose tous les outrages, fait rire autant qu’il choque et devient un gros succès au box-office mondial et même en France avec 1,8 million d’entrées. Il fut même le film le plus téléchargé illégalement dans le monde après sa sortie.
Babysitting
Si les États-Unis ont Projet X, la France a Babysitting. Une comédie dans la droite lignée de son aîné américain, dans lequel la Bande à Fifi démontre tout son talent pour l’outrance et le second degré. On y suit Franck obligé de garder le fils de son patron le soir où ses amis ont prévu de lui organiser une fête d’anniversaire surprise. Et autant dire que rien ne va se passer comme prévu… Philippe Lacheau et Nicolas Benamou ont réalisé un film totalement irrévérencieux dans lequel Gérard Jugnot joue les seconds couteaux de luxe. Résultat : plus de 2,3 millions d’entrées en France, une suite réussie (Babysitting 2) à plus de 3,2 millions d’entrées et une carrière lancée en tant que réalisateur à succès pour Philippe Lacheau.
Cloverfield
En 2008, le réalisateur Matt Reeves impressionne et désarçonne avec son film fantastique Cloverfield, dans lequel un monstre ravage la ville de New York. La Statue de la Liberté y perd la tête au passage. Tout est officiellement réalisé au caméscope par l’un des protagonistes vivant en direct la fin de son monde. Un film produit par J.J. Abrams, carton au box-office et qui a bénéficié de trois suites réalisées de manière traditionnelle, dont 10 Cloverfield Lane, un huis clos oppressant virant au film survivaliste.
Black Storm
Après les caméscopes, les films de found footage vivent avec leur temps et passent au smartphone et à la GoPro. En 2014, l’un des premiers à le faire est sans doute Black Storm de Steven Quale, avec tempête du siècle et tornades à la clé, le tout filmé via différents téléphones portables. Richard Armitage, entre deux films du Hobbit, manque de s’envoler, tout comme les spectateurs devant des images impressionnantes d’une nature en furie.
Chronicle
Après les films de found footage d’horreur ou fantastiques, voici ceux de super-héros. Dans Chronicle de Josh Trank, trois lycéens (dont la future star Michael B. Jordan) se découvrent des superpouvoirs après avoir été au contact d’une mystérieuse substance. Ils vont en user chacun à leur manière, pour le meilleur et surtout pour le pire, tout en filmant leurs (ex)actions. Chronicle est produit par Max Landis, digne fils de son père John Landis, qui n’aurait pas été le dernier à tourner pareil film.
Devil Inside
Autre film d’horreur à se lancer dans le found footage pour provoquer une immersion totale, Devil Inside de William Brent Bell, avec non pas un, mais deux exorcistes pour extraire le Mal de Maria. Cette dernière ayant une propension à assassiner les personnes désirant libérer la Bête qui sommeille en elle, cette opération de la dernière chance s’avère plutôt délicate. Le film rapporte plus de 50 fois son budget et a été tourné principalement en Europe, notamment à Rome et au Vatican. Une suite a longtemps été envisagée, mais le projet est toujours à l’étude.
Unfriended
Dans Unfriended, Levan Gabriadze utilise le found footage version 2.0. Pour cette histoire de suicide d’une adolescente dû au harcèlement qu’elle subit de la part de ses camarades, le réalisateur utilise les webcams des différents protagonistes, Skype, ainsi que les réseaux sociaux. Ici, le fantôme de la la jeune fille décédée se venge de ses bourreaux en passant par leurs ordinateurs et on assiste à leurs derniers moments en direct. Le film est un succès, puisque pour un budget d’un million de dollars, il en rapporte plus d’une soixantaine à travers le monde. Une suite a vu le jour quatre ans plus tard, en 2018, Unfriended : Dark Web.
The Visit
Quand M. Night Shyamalan s’essaie au found footage, cela donne un petit film d’horreur malin et retors, The Visit, signant le retour en grâce du maître après une série d’échecs commerciaux. Deux enfants y rencontrent leurs grands-parents pour la première fois, mais tout ne va pas se passer comme prévu, loin de là… C’est le plus petit budget de tous les films de Shyamalan (seulement cinq millions de dollars) et en conséquences, un de ses plus gros succès, ayant rapporté près de 100 millions de dollars. Il permit ensuite au réalisateur de financer l’excellent Split.