Le top des plus grands compositeurs de musiques de film

Période classique

Camille Saint-Saëns

Premier compositeur de musique de film de l’histoire, Camille Saint-Saëns ouvre la voie à tous ses successeurs en 1908 avec la musique de L’assassinat du Duc de Guise, premier film à avoir une composition originale. Le raffinement classique couplé à une musique très détaillée dans son évolution dramatique portent la marque d’un compositeur acclamé pour sa maîtrise de l’opéra.

Erich Wolfgang Korngold

Emigré allemand ayant fui le régime nazi, Erich Wolfgang Korngold donnera à Hollywood ses premières pièces maîtresses. Il apportera aux Etats-Unis le goût des musiques aux orchestrations compactes dominées par les cordes dans la lignée de Beethoven et Brahms, si chères aux gros films. A cette assise très germanique, il ajoute un langage moderne et souvent audacieux. John Williams saura s’en souvenir en empruntant à Korngold les premières notes du film Crimes sans châtiment pour son propre thème de Star Wars.

Miklos Rozsa

Avec Miklos Rozsa, l’industrie américaine trouve une recette durable. Poussant au maximum le lyrisme des violons et la rutilance des cuivres et percussions dans un moule plus classique, Rozsa est le chantre des émotions généreuses. Il sait exprimer la pudeur d’un amour jamais explicité dans La vie privée de Sherlock Holmes, invoquer le faste romain dans Quo Vadis et Ben-Hur, mais aussi la violence larvée dans Les Tueurs. Tout comme Korngold, il fut aussi un compositeur classique de premier plan à l’époque.

Bernard Herrmann

Connu avant tout pour être le « compositeur d’Hitchcock », Bernard Herrmann montre une aisance à accumuler les chefs-d’œuvre qui inspireront plus d’un disciple. Rejetant le moule conservateur de ses confrères, les partitions d’Herrmann explosent d’audaces (Psychose et ses cordes hurlantes), de rythmes déchaînés (le fandango sous LSD de La Mort aux trousses), de dissonances (les spirales maléfiques de Sueurs froides), d’orchestrations étranges (les célèbres sifflotements de Sous l’emprise du démon) où se font entendre les échos transfigurés de Wagner, Debussy et Bartok.

Ennio Morricone

Célébré pour sa collaboration avec Sergio Leone, Ennio Morricone brise le moule Hollywoodien, conséquence de ses jeunes années dans un groupe italien avant-gardiste. Privilégiant une approche plus spatiale, les mélodies plus détachées de leurs accompagnements, un mix étonnant entre rock, jazz, populaire et classique, Morricone a transformé la musique de western (La Trilogie du Dollar), de giallo (L’oiseau au plumage de cristal), la romance nostalgique (Cinema Paradiso) et l’historique épique (Mission). Par son orchestration innovante (instruments inhabituels, chœurs sans paroles, sons d’ambiance…), il est pour Hans Zimmer le maître absolu.

Nino Rota

Compagnon de route de tant de cinéastes italiens et italo-américains, Nino Rota a renoncé aussi au « symphonisme de masse » hollywoodien pour individualiser chaque instrument afin d’en libérer toute la puissance expressive, dans une geste très Stravinskienne. Mais son lyrisme imprégné d’opéra et de chansons populaires italiennes, son melting pot d’éléments très différents recouvert de couleurs chromatiques n’appartiennent qu’à lui. Extrêmement prolifique, Nino Rota a chanté aussi bien le quotidien des petites gens (La Strada), le déclin d’une aristocratie vieillissante (Le Guépard), que l’opératique saga d’une famille de gangsters (Le Parrain)

Période moderne

Jerry Goldsmith

Versatile, Jerry Goldsmith l’est sûrement. Assumant une pluralité de styles, il a poussé plus loin encore les tentatives d’Alex North en embrassant une écriture dense et complexe, ponctué d’orages sonores. Son orchestration très moderne n’hésite pas à faire appel aux instruments rares. L’avant-gardisme total (La planète des singes) cohabite avec le romantisme gothique (La Malédiction), le debussysme perverti (Alien, Basic Instinct) et les fanfares hollywoodiennes (Supergirl). Sa maîtrise brillante des couleurs orchestrales a fait de lui l’un des plus grands compositeurs de SF, d’horreur et d’action. On lui doit aussi le célèbre thème du logo Universal Pictures.

Henry Mancini

Connu surtout pour être le compositeur de Blake Edwards, et notamment de La Panthère Rose, Henry Mancini a porté au pinacle l’easy listening. Ses partitions débonnaires, où le jazz règne en maître, sont emprunts de nostalgie poignante (Moon River, Diamants sur Canapé), de malice énigmatique (Charade) et de gaieté (La Party). Doué d’un don mélodique entêtant, Mancini nous a offert la grâce et la légèreté pop des meilleurs musicals de Broadway. Un compositeur fécond dont l’influence fut telle que ses collègues tentèrent d’imiter ses « accords Mancini » !

John Williams

Maestro suprême pour bien des compositeurs, acclamé pour sa collaboration avec Steven Spielberg, John Williams a ressuscité la musique symphonique de film après une décennie disco/rock en faisant la synthèse ultime du post-romantisme : orchestre immense, harmonies sophistiquées, rythmes trépidants, bref une musique brassant Wagner et Gustav Holst (dont il cite explicitement Les Planètes dans le thème de Star Wars) dans un feu d’artifice sonore. Modèle des compositeurs de SF et d’aventure-action, ses musiques sont autant de tubes devenus cultes : Star Wars, Superman, Jurassic Park, Les dents de la mer, Indiana Jones, Hook, La Liste de Schindler, Attrape-moi si tu peux…

Vladimir Cosma

Extrêmement prolixe (plus de 300 musiques de film !), Vladimir Cosma s’est distingué en étant le compositeur chéri des comédies françaises pendant plus de 30 ans. Souvent allègres et vives, ses compositions ont toujours une idée originale en symbiose avec le thème du film : excentricité d’un sirba hongrois (Le Grand blond avec une chaussure noire), pastiche baroque (L’aile ou la cuisse), frénésie des danses juives (Les Aventures de Rabbi Jacob)… Il reste renommé pour le slow Reality, extrait de La Boum.

James Horner

Plus sentimental que ses confrères, James Horner sait exploiter toute une sève dramatique à partir de quelques notes, jusqu’à utiliser un leitmotiv de Rachmaninov comme signature à chaque film ! Mais ne vous fiez pas à son abord romantique (Titanic) ou plein d’action (48 heures). Les harmonies d’Horner, souvent polytonales, sont précisément ce qui les rend mémorables, même dans ses partitions les plus hollywoodiennes (Braveheart) toujours empreintes de subtilités.

Danny Elfman

Le compositeur favori de Tim Burton est le Liszt des musiques de film, friand de partitions au goût macabre, démoniaque, frénétique, aux rythmes implacables. Avec Danny Elfman, la musique est un déferlement de feux d’artifice et de splendides mélodies d’une intensité extraordinaire. Il a su dépeindre l’épouvante ironique de Beetlejuice, les ténèbres de Batman, les passions morbides des Noces funèbres, l’amour impossible d’Edward aux mains d’argent, mais aussi l’action trépidante de Mission impossible, Men in Black et Hellboy II. Côté séries, il est célèbre pour avoir composé le thème des Contes de la Crypte, de Desperate Housewives et des Simpson, les deux derniers riches en traits virtuoses dont il s’est fait une spécialité.

Michel Legrand

Le nom de Michel Legrand est pour toujours associé à sa collaboration avec Jacques Demy. A eux deux, ils ont offert à la France ses plus belles comédies musicales. Partant d’une assise toute classique (il fut élève de Nadia Boulanger), Legrand incorpore jazz, variété, pop et style Broadway où les violons langoureux cohabitent avec des brass bands déchaînés. La magie des contes de fées (Peau d’Âne), la joie euphorique des amoureux (Les Demoiselles de Rochefort), le tragique de la guerre (Les parapluies de Cherbourg), le roman d’apprentissage d’une jeune juive (Yentl) résonnent longtemps grâce à son art. Mais Michel Legrand a su aussi dépeindre le néo-noir érotique (L’affaire Thomas Crown) et les comédies populaires. Legrand reste aussi célébré des sériphiles de la génération X pour les merveilleux thèmes composés pour la série des Il était une fois…

Philip Glass

Le plus célèbre des compositeurs minimalistes s’est fait le maître d’œuvre des partitions envoûtantes, à base de « drones » musicaux et de boucles répétées avec un art consommé de la variation. Sonnant à nulle autre pareille, la musique de Philip Glass nous immerge dans un trip métaphysique unique (Koyaanisqatsi), l’absurdité d’un monde en vase clos (The Truman Show), le vertige d’une narration non-chronologique (The Hours) ou l’atmosphère particulière d’un univers rétro-futuriste (la série Tales from the Loop). Prolifique, il a composé plus de 150 partitions de films mais est aussi un compositeur classique de premier plan.

Basil Poledouris

Pour beaucoup, Basil Poledouris est le compositeur derrière l’une des plus grandes musiques de film épique : Conan le Barbare. Sa maîtrise absolue de l’orchestre et des synthétiseurs, dans un romantisme modernisé devant beaucoup à Rozsa, son exploitation brillante de la puissance des voix ou des percussions, a engendré nombre de joyaux : l’empathie déchirante des Misérables, la menace suspendue d’A la poursuite d’Octobre Rouge (où pointe l’influence des musiques orthodoxes qui ont baigné sa jeunesse) mais aussi sa collaboration avec Paul Verhoeven : la violence de Robocop, les explosions sonores de Starship Troopers ou encore La Chair et le Sang qui renoue avec le spectaculaire épique des Conan.

Vangelis

Vangelis est indissolublement lié à Blade Runner, dont sa musique est une pénétrante évocation de la solitude humaine dans un monde Cyberpunk ténébreux. Son catalogue fait la part belle à l’électro-symphonique aux harmonies simples, faisant sortir des synthétiseurs des masses sonores étonnantes et souvent sublimes (Les Chariots de feu). Touchant parfois au rock progressif et l’avant-garde, la musique de Vangelis transcende tous les genres. Son style singulier sert aussi bien l’épique (1492 : Christophe Colomb, Alexandre) que la grandeur de la Nature (Opéra sauvage, Antarctica).

Les héritiers

Joe Hisaishi

Sa collaboration séculaire avec le Studio Ghibli – notamment avec Hayao Miyazaki – a fait de Joe Hisaishi l’un des compositeurs les plus aimés au monde. Il s’est fait le chantre d’une musique épurée, souvent au piano, invoquant des cascades d’émotions au fil de nappes sonores chaleureuses. A l’unisson des animations pour la jeunesse qu’il accompagne, Joe Hisaishi a accompagné la gaieté de l’enfance (Mon voisin Totoro), la féérie d’un entre-deux mondes (Le Voyage de Chihiro), la mélancolie d’une enfant non-terrestre (Le conte de la princesse Kaguya) et une Nature panthéiste (Princesse Mononoké).

Kenji Kawai

Champion des musiques « d’atmosphère » qui pénètrent l’âme pour ne plus la quitter, Kenji Kawai mixe brillamment pop de style 80’s, orchestre classique, musique populaire japonaise et est-européenne, qu’il transfigure par un mixage sonore unique qui fait la part belle à la réverbération. Cette musique étrange mais d’une irrésistible attirance a servi à merveille les questionnements philosophiques de Ghost in the Shell. La BO éthérée de Dark Water, entre chagrin et ténèbres, élève l’émotion du film à d’immenses hauteurs, tandis qu’Avalon resplendit par son épique hiératique.

Howard Shore

Pour le grand public, il restera le compositeur acclamé du Seigneur des anneaux et du Hobbit, où il aura mélangé le symphonique traditionnel à des accents celtiques. Mais Howard Shore est aussi le compagnon de route de David Cronenberg, qui lui aura permis de flirter avec l’expérimental par les BO sinistres de La Mouche et Vidéodrome (dont on retrouvera les procédés dans Se7en), et les mélodies bouleversantes de Faux-semblants. Shore a plus d’une fois prouvé son brio à dépeindre le merveilleux de l’imaginaire avec Hugo Cabret et Le Prince oublié. Sa maîtrise des leitmotives donne à ses partitions une cohérence et une puissance comparables à John Williams.

Michael Giacchino