Le cinéma japonais est l’un des plus importants au monde. Réunissant animation, grand spectacle et cinéma d’auteur, cette terre de septième art n’est pas avare en chefs-d’œuvre depuis l’introduction de la première caméra au Japon, en 1897. Voici vingt films japonais à voir absolument !
Rashomon (1950)
Dans le Japon médiéval, 4 témoins racontent le meurtre d’un samouraï et le viol de sa femme dans une forêt. Mais aucun ne concorde. Que s’est-il passé ? Faux film de procès, vraie méditation sur la vérité subjective, Rashomon multiplie les audaces (histoire anti-chronologique, narrateurs non-fiables, fin à multiples lectures) et inaugure « l’effet Rashomon », processus où chaque évènement est perçu différemment par chacun. Souvent pessimiste sur la nature humaine, mais refusant d’abandonner tout espoir, Akira Kurosawa accouche d’une oeuvre-phare, à la réalisation brillante, dont le concept sera repris maintes fois avec plus ou moins de bonheur. En bandit ambigu, Toshiro Mifune est une révélation.
Voyage à Tokyo (1953)
Deux retraités quittent leur petite ville pour rendre visite à leurs enfants dans la capitale japonaise. Sur place, ils ne peuvent que constater le peu d’attention que leur accorde leur progéniture. Voyage à Tokyo symbolise un certain cinéma contemplatif et mélodramatique. Le chef-d’œuvre de Yasujirō Ozu aura eu le mérite de faire découvrir le Japon « entre tradition et modernité » à bon nombre de cinéphiles occidentaux. Depuis les années 1980, Voyage à Tokyo figure régulièrement sur la liste des meilleurs films de l’histoire du cinéma, en raison de sa forme parfaite et de son discours universel sur la difficile relation entre les générations.
Les Contes de la lune vague après la pluie (1953)
Le destin de plusieurs personnages d’un petit village au XVIe siècle… Avec Ozu, l’autre parrain du cinéma d’auteur japonais se nomme Kenji Mizoguchi. L’un de ses chefs-d’œuvre absolus reste Les Contes de la lune vague après la pluie. Entre illusions, trahisons et retours à la réalité, cette comédie humaine nous dépeint la vie d’un argentier, d’un paysan souhaitant devenir samouraï et d’une courtisane, entre autres, et nous fait entrer, grâce à une mise en scène habile, dans les méandres de leurs âmes.
Les 7 Samouraïs (1954)
L’histoire simple et belle de sept guerriers embauchés par des villageois pour les défendre contre des bandits. Les 7 Samouraïs d’Akira Kurosawa a inspiré certains éléments de Star Wars à George Lucas, inventé le récit choral des décennies avant Pulp Fiction et connu en Occident un succès considérable. Leçon d’humanisme doublée d’une masterclass cinématographique, ce récit allégorique est considéré comme l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma, bien aidé entre autres par la prestation du grand acteur japonais des années 1960, Toshiro Mifune.
Hara-kiri (1963)
Le destin d’un ronin (samouraï sans maître) qui raconte son histoire à un intendant. Guerrier courageux et honorable, le héros est confronté à l’avidité et à la cruauté des hommes de pouvoir… Le code d’honneur des samouraïs fait partie des sujets canoniques du cinéma japonais. Il est au cœur d’Hara-kiri, chef-d’œuvre signé Masaki Kobayashi. Emblématique du genre chanbara dans sa dimension auteuriste, Hara-kiri embarque les spectateurs dans une œuvre intemporelle autour de la vengeance.
Cure (1997)
Autour d’une série de meurtres sordides, l’étonnante confrontation entre un policier (Koji Yakusho) et un psychopathe manipulateur (Tsuyoshi Ujiki). Sorti lors d’une phase de retour au genre pour le cinéma japonais, Cure a propulsé Kiyoshi Kurosawa au firmament. Dans ce polar horrifique, l’ambiance contemplative y contraste avec la violence larvée de la société japonaise, parfaitement retranscrite dans ce film captivant.
Une affaire de famille (2018)
L’histoire d’une « famille » de petits escrocs réunis sous le même toit qui recueille une jeune fille perdue du voisinage. Évocation de la solidarité dans les classes défavorisées du Japon contemporain, Une affaire de famille s’impose comme un modèle de pertinence. Palme d’or au Festival de Cannes 2018, le film offre à Hirokazu Kore-Eda l’occasion de briller dans son style préféré : le portrait social. L’auscultation des travers de la société nipponne devient ici le prétexte à un conte aussi amoral qu’attachant.
Hana-Bi (1997)
Le parcours d’un flic démissionnaire devenant braqueur, afin d’offrir un dernier voyage à sa femme, atteinte d’une maladie incurable. Célèbre comédien au Japon, Takeshi Kitano a mis du temps avant d’être reconnu comme un cinéaste à part entière. C’est probablement avec Hana-Bi qu’il a acquis une grande crédibilité en tant que metteur en scène. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, l’humour noir si particulier de Kitano et son humanité profonde, font briller ce film à la fois sombre et lumineux, ironique et maîtrisé.
Paprika (2006)
Ce conte de science-fiction onirique et psychédélique évoque le vol de machines permettant d’entrer dans les rêves des gens. Influence majeure de Christopher Nolan lorsqu’il réalise Inception, Paprika a marqué les années 2000. Film d’animation à la fois adulte et puissant, l’œuvre du regretté Satoshi Kon brouille les pistes entre réalité et fantasme et déploie une symphonie de couleurs et de sensations étranges, rendant le film aussi perturbant qu’indispensable !
Akira (1988)
Adaptation du manga du même nom, ce film s’intéresse aux conséquences d’une Troisième Guerre mondiale sur un Japon dévasté et devenu dictatorial. On peut aujourd’hui se demander si l’animation japonaise serait aussi populaire dans le monde sans Akira. Œuvre de science-fiction à rapprocher de Blade Runner ou de Metropolis, le long métrage de Katsuhiro Otomo aborde plusieurs thèmes fondateurs : le péril nucléaire, l’urbanisation accélérée, le contrôle du cerveau, ou la révolte de la jeunesse. Le tout décortiqué au cours d’un récit foisonnant et passionnant de bout en bout.
Mon voisin Totoro (1988)
La rencontre entre deux jeunes filles de la ville et des créatures étranges peuplant les alentours de leur nouvelle maison. L’Occident a mis quelques années avant de découvrir le travail d’Hayao Miyazaki, mais la reconnaissance a suivi rapidement. Mon voisin Totoro est un conte rempli de poésie, où l’on voyage notamment en chat-bus. Les pouvoirs de la Nature y sont magnifiés et l’amitié triomphe toujours des pires avanies. Depuis, tous les films du maître de l’animation et fondateur des Studios Ghibli, méritent de figurer dans tout classement qui se respecte des meilleurs films japonais.
Audition (1999)
Un quinquagénaire veuf souhaite trouver une nouvelle femme en organisant un faux casting. Mais il tombe sur Asami, dont la candeur apparente cache en réalité un certain goût pour le morbide et la perversion… Réalisateur frénétique tournant parfois trois films par an, Takashi Miike s’est imposé dans le cinéma de genre japonais grâce à son jusqu’au-boutisme. Avec Audition, il nous embarque dans une histoire effrayante, en une montée habile du suspense et de l’épouvante. Sa fin véritablement trash a beaucoup fait pour la réputation de Miike comme réalisateur de films d’horreur maîtrisés et inoubliables.
Battle Royale (2000)
Des lycéens sont obligés par le système scolaire à s’entretuer durant trois jours sur une île. Battle Royale est un film d’anticipation noire mettant en scène un principe de guerre de tous contre tous que l’on retrouve aujourd’hui en jeux vidéo, tels Fortnite et autres Call of Duty : Warzone. Film d’action trash et dystopie politique percutante, ce long métrage de Kinji Fukasaku, avec Takeshi Kitano, a fait grand bruit. Sa trame narrative anticipe d’une dizaine d’années la vague de franchises américaines basées sur l’affrontement entre adolescents, comme Hunger Games ou Le Labyrinthe.
Le Vagabond de Tokyo (1966)
Un Yakuza contacté par un clan ennemi, se fait vagabond pour protéger les siens. Aujourd’hui cinéaste de référence pour bon nombre de réalisateurs occidentaux, Seijun Suzuki a produit dans les années 1960-1970 des dizaines de films de Séries B, qui étaient autant de laboratoires pour ses audaces visuelles. Le Vagabond de Tokyo revisite ainsi le genre du polar de yakuzas en y instillant les couleurs de la pop culture et des images sensuelles. Le scénario, somme toute classique, autour de la chute d’un bandit, s’en trouve ainsi transcendé.
Ghost in the Shell (1995)
Quelle place pour l’âme humaine dans un monde dominé par les machines et la technologie ? Racontant le parcours du major Kuzanagi, chargé d’éliminer une I.A. terroriste, Ghost in the Shell renoue avec les interrogations de Blade Runner. Le long métrage d’animation de Mamoru Oshii a révolutionné la S-F des années 1990 par son inventivité visuelle, la richesse de ses thèmes, l’incroyable bande sonore de Kenji Kawaii et un traitement entre film d’action et contemplation qui devait faire date.
Le Tombeau des lucioles (1996)
Comment survivre après un bombardement terrifiant et la mort de sa mère ? Le Tombeau des lucioles, l’un des films d’animation les plus tristes jamais sortis, raconte l’horreur de la Seconde Guerre mondiale à hauteur d’enfants. Drame bouleversant, le long métrage d’Isao Takahata est devenu au fil du temps l’une des œuvres les plus importantes du Japon de l’après-guerre, traitant du rapport du peuple nippon à sa propre Histoire.
Les Délices de Tokyo (2016)
L’histoire de Tokue, septuagénaire voulant se faire engager par un pâtissier local. La culture japonaise de la nourriture et des rituels alimentaires a donné bien de jolis films ces dernières décennies. Porté par les impeccables compositions de Miki Mizuno, Kyara Uchida ou Kirin Kiki, Les Délices de Tokyo en fait partie. Naomi Kawase y raconte le Japon moderne et le nécessaire dialogue entre les générations, dans une œuvre attachante et aux personnages forts. Succulent !
Departures (2008)
Quand un violoncelliste au chômage se retrouve obligé d’accepter un poste dans une société de pompes funèbres, cela donne Departures. Cette comédie dramatique enveloppe un sujet grave et tabou au Japon, la mort, avec une infinie douceur. Face au rejet des siens, qui éprouvent un certain dégoût à connaître son métier, le héros incarné par Masahiro Motoki découvre dans ses missions tout le sens du deuil et de l’accompagnement des proches après un décès.
Eureka (2000)
La vie de deux enfants survivants d’un attentat et qui décident de s’établir totalement en marge de la société. Film méconnu de Shinji Aoyama, Eureka s’inscrit dans la continuité des romans de Ryu Murakami.Un long métrage saisissant de près de trois heures, qui s’impose au fur et à mesure comme un trésor caché. Ses images lancinantes et bouleversantes risquent de vous troubler pendant longtemps.
Ring (1998)
Une cassette vidéo maudite rend littéralement mort de peur les lycéens qui la regardent. Ring a introduit à toute une génération de spectateurs la manière très spéciale avec laquelle Hideo Nakata faisait apparaître la terreur dans des scènes du quotidien. Film emblématique de l’horreur nipponne, il fera l’objet d’un remake américain, Le Cercle, suivi de Le Cercle 2, réalisé par Nakata lui-même et mettant en vedette Naomi Watts.
Love Exposure (2008)
La rencontre entre le fils pervers d’un prêtre et d’une jeune fille misandre… D’une durée de près de quatre heures, Love Exposure est devenu un classique du cinéma alternatif japonais. Son cinéaste, Sion Sono, s’est également imposé comme l’un des plus subversifs de ces dernières décennies au Japon. Peu étonnant avec un thème aussi dément et une ambiance pour le moins étrange, entre comédie et film sur les sectes !