Profitons de la prochaine sortie de la compilation Rocksteady Got Soul publiée par les experts anglais de Soul Jazz Records pour se rappeler que la Jamaïque et le reggae ont toujours été étroitement liés aux musiques afro-américaines, et en particulier à la soul music. Tentative d’explication et petite sélection des dernières sorties apparentées !
Entendu à la Radio !
Pour les férus de reggae, l’affaire est entendue. La Jamaïque a longtemps eu les oreilles tournées vers les radios de la Nouvelle Orléans, de Memphis et de Miami. Dans les années 50, les tout premiers sound systems de Kingston faisaient résonner les 45 tours des grands noms du Rhythm & Blues du moment (Big Joe Turner, Roy Brown, Wynonie Harris, Amos Milburn…). Et déjà, chanteurs et groupes de l’île reprennaient dans un « jus local », ces mêmes succès dont le public était friand.
Pas étonnant alors de voir la soul s’immiscer dans les productions locales une dizaine d’années plus tard sous l’appellation rocksteady, avant que le terme « reggae » ne s’impose comme mot générique pour la large palette qu’offrent depuis plusieurs décennies les musiques jamaïcaines.
Variant jamaïcain
C’est donc sur une courte période (de 66 à 69) que se sont écrites les grandes heures du style musical rocksteady que cette compilation met en lumière. Un genre hérité du ska mais dont le tempo, ralenti de moitié, laissait ainsi les voix ou un instrument soliste s’exprimer pleinement sur le modèle de cette soul music mise au point par les grands studios et maisons de disques tels que Stax, Motown, Muscle Shoals… et leurs artistes, producteurs, arrangeurs.
Harmonies vocales, chœurs et voix lead empruntent donc directement à cette soul nord-américaine qui bat alors son plein et inonde le marché mondial en parallèle à la pop et au rock en cette fin sixties.
Love songs ou protest songs !
Cette mode du rocksteady qui est alors prisée de la jeunesse évoque très souvent, à l’instar de la soul, ce grand sujet fédérateur qu’est l’Amour, mais pas que. Comme ailleurs, un souffle revendicatif balaye les esprits sages et policés dans cette seconde moitié des sixties et les chanteurs et chanteuses de Jamaïque ont eux aussi des choses à dire, autre que des histoires de cœur à prendre ou à briser.
Noms connus ou obscures, on ne saurait que vous conseiller de vous procurer cette compilation bientôt disponible et très bien documentée, comme toujours avec les sorties signées Soul Jazz records. Basses ronflantes, guitares aguicheuses, syncopes groovy, orgues chaleureux et cuivres lascifs, vous voilà avec une des meilleurs B.O pour les beaux jours qui arrivent, à l’image de ce titre d’Alton Ellis qui ouvre cette succulente compile !
Et comme je devine qu’après cela, vous en voudrez encore et encore et encore… Voici une petite sélection de nouveautés dans le même esprit (rééditions CD et vinyles, compilations thématiques, groupes actuels).
Ou quand la soul rencontre le reggae, à moins que ce ne soit l’inverse…
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Aller + loin : Décryptage : il était une fois les musiques du monde