Sélection

Les meilleurs romans sur l’uchronie : à bâbord vers un monde plus juste ?

30 octobre 2020
Par Anastasia
Les meilleurs romans sur l’uchronie : à bâbord vers un monde plus juste ?

Que ce serait-il passé si Hitler avait été accepté aux Beaux-Arts ? Que serait devenu le monde sans les grandes périodes historiques telles que la Renaissance et les Grandes Découvertes ? Quelle serait l’Histoire si l’Europe et une partie de l’Angleterre disparaissaient ? Et la France, si la Révolution française n’avait pas eu lieu ? Ça vous intéresse ? Voici pour vous une sélection.

 

Qu’est-ce que l’uchronie ?

Inventé par Charles Renouvier dans son livre Uchronie : L’utopie dans l’histoire en 1857, l’« uchronie » est un néologisme qui désigne en fiction des livres qui réécrivent l’Histoire.

Étymologiquement, ce terme signifie « non-temps », soit un temps qui n’existe pas.

Uchronie-l-utopie-dans-l-histoire


Comment fonctionne l’uchronie ?

Avec une uchronie, l’auteur base le socle de son histoire sur une situation historique existante en en remaniant les tenants et les aboutissants. On appelle « point de divergence » le moment où la vraie histoire et l’histoire uchronique divergent, créant ainsi des univers parallèles (multivers).

Sélection de romans

La-part-de-l-autreLa Part de l’autre – Éric-Emmanuel Schmitt (LGF)

« Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n’a de pouvoir sur les circonstances mais chacun en a sur ses choix. »

Le 8 octobre 1908, Adolf Hitler est recalé de l’École des Beaux-Arts de Vienne. C’est ainsi que, peu à peu, le jeune homme court sur le chemin qui le mène tout droit vers une dictature aussi ignoble que glaçante. Mais… et s’il n’avait pas été recalé ? C’est autour de ce « si » qu’Eric-Emmanuel Schmitt construit son histoire. En procédant par un récit alterné entre la vraie vie d’Hitler et son destin revisité, l’auteur donne à cet étrange miroir une véritable réflexion sur la part de l’autre qui se joue en nous.

Le-maitre-du-haut-chateauLe maître du haut château – Philip K. Dick (J’ai Lu)

« Je te le dis : un État ne vaut que ce que vaut son chef »

Récompensé en 1963 du Prix Hugo* pour Le maître du haut château, Philip K.Dick est une référence dans les récits de science-fiction. Avec ce livre, il revisite la Seconde Guerre mondiale, faisant capituler les Alliés devant les forces de l’Axe en 1947 ; et donnant l’Ouest des États-Unis aux japonais alors que l’Est revenait aux allemands.

Quelques années plus tard, une mystérieuse rumeur vient à circuler parmi la zone occupée par les japonais : un écrivain de science-fiction vivrait dans un haut château et raconterait une étrange histoire, celle d’une uchronie où les Alliés auraient gagné la guerre en 1945…

*Un des plus prestigieux prix littéraire de la science-fiction.

Chroniques-des-annees-noiresChroniques des années noires – Kim Stanley (Pocket)

« Je ne vois aucun peuple sur Terre qui vive de bons sentiments. C’est d’ailleurs ce que devait voir Mahomet quand il regardait autour de lui : de la sauvagerie, partout, des hommes comme des bêtes. C’est pourquoi chaque sourate commence par un appel à la compassion. »

Et si l’Islam et la Chine étaient devenus des civilisations dominantes après la disparition de l’Europe au Moyen-Âge ? C’est autour de cette thématique que tourne le roman de Kim Stanley, Chroniques des années noires.

Par le biais de trois personnages, l’auteur dépeint sept cents ans d’Histoire où les aventures des personnages se mêlent à la grande Histoire.

DarwiniaDarwinia – Robert Charles Wilson (Gallimard)

« Le professeur Sullivan m’a dit un jour que “miracle” n’était qu’un autre nom pour “ignorance”. »

Que diriez-vous si l’Europe et une partie de l’Angleterre disparaissaient soudainement ?

C’est exactement ce qu’il se passe dans Darwinia de Robert C. Wilson. À leur place, un continent où la faune et la flore ont repris leur droit, et qui s’appelle désormais la Darwinie.

Mais attention, cette terre non explorée recèle de nombreux dangers…

Voyage : La Trilogie NASA – Stephen Baxter (J’ai Lu) voyage_stephen_baxter

« La NASA était très avancée au plan technologique, mais totalement inapte à veiller aux besoins des êtres humains qu’elle logeait dans ses machines de rêve étincelantes descendant en ligne droite de l’imagination de von Braun. Elle n’était même pas capable de reconnaître que ces besoins existaient. »

Avec la trilogie NASA de Voyage de Stephen Baxter, nous découvrons l’apogée du programme spatial américain au moment où Neil Armstrong fait son premier pas sur la Lune. Dans cette uchronie, Kennedy survit à sa tentative d’assassinat et Nixon pousse la NASA vers un nouvel objectif : la conquête de Mars. Mais pour ce faire, il faudra être prêt à tout sacrifier…

FatherlandFatherland – Robert Harris (Pocket)

« Imaginez, une vie consacrée à démasquer des criminels, et insensiblement vous découvrez que les vrais assassins sont ceux pour qui vous travaillez. Vous faites quoi ? Surtout quand tout le monde vous répète de ne pas vous tracasser, que vous ne pouvez rien y changer, que c’était il y a bien longtemps ? »

Elle le regarda différemment. « Je suppose qu’on devient fou.

– Ou pire. Sain d’esprit. »

Fatherland… Et si les forces de l’Axe avaient remporté la guerre ? En 1964, à Berlin, le président Kennedy conclut une alliance avec le IIIe Reich à l’heure où sonne la fin du monde libre : deux cadavres d’anciens SS de hauts rangs sont retrouvés dans la capitale allemande. Il incombera alors à l’inspecteur March de trouver les motifs et les coupables des meurtres…

Ravage – René Barjavel (Gallimard) Ravage-rené-barjavel

« Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. ils ont cru s’en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le Progrès. C’est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelque temps ces forces pour construire, puis un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c’est-à-dire des êtres chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d’avoir été aussi rapide que le progrès de leur science, ils tournent celle-ci vers la destruction. »

Dans Ravage, Barjavel nous décrit un monde désespéré où une panne énergétique mène à l’effondrement brutal de la civilisation.

Son livre rejoint les nombreux palmarès qui font de l’auteur une référence dans le domaine de la science-fiction, et où la critique du Progrès est virulente.

À lire sans hésiter.

Roma-aeternaRoma Aeterna – Robert Silverberg (LGF)

« Et quoi que tu penses, la pauvreté n’est pas toujours à l’origine des révolutions. C’est la passion pour la nouveauté, la quête d’excitation. La révolution est le fruit de l’oisiveté et du désœuvrement, pas de la pauvreté. […] Rome n’est que grandeur : elle excelle en tout, même dans la laideur.»

 

Quand il s’agit de décrire un monde et de nous plonger dedans, Robert Silverberg est un maître. Dans Roma Aeterna, il nous confronte, par le biais de plusieurs récits non linéaires, à un Empire romain toujours en place aujourd’hui.

Si le Christianisme est une religion inconnue, l’Islam l’est tout autant, et la technologie est bien présente, même si elle évolue plus lentement.

Pour les amoureux de cette période et pour tous les curieux, ce livre est fait pour vous.

Alexandre-le-Grand-et-les-aigles-de-RomeAlexandre le Grand et les Aigles de Rome – Javier Negrete (L’Atalante) 

« Il (Perdiccas) s’était trompé : l’éclat qu’il avait perçu dans les yeux de Caius Julius (Caesar) ne trahissait pas la cupidité mais l’ambition. Penchant infiniment plus dangereux. »

Vous vous êtes peut-être (ou pas) déjà demandé : « Et si Alexandre le Grand n’était pas mort à Babylone en 323 ? »… Quoi qu’il en soit, s’il avait vécu, il aurait attaqué Rome.

Dans le roman Alexandre le Grand et les Aigles de Rome, Javier Negrete explore cette théorie pour vous.

Ceux-qui-saurontCeux qui sauront – Pierre Bordage (J’ai Lu)

« Nous ne sommes pas libres, nous ne sommes pas égaux, nous ne sommes pas fraternels. Nous avons transporté dans notre siècle les maux qui caractérisaient l’ancien régime, l’ordre social, l’injustice, la peur, la misère, l’ignorance, la famine. Depuis plus d’un siècle, depuis l’assassinat de Gambetta et l’exécution publique de Jules Ferry, la grande majorité de la population n’a pas accès au progrès dont bénéficient la noblesse et la grande bourgeoisie… »

Dans Ceux qui sauront, Pierre Bordage évoque un monde où la Révolution française n’aurait pas eu lieu et où les aristocrates interdiraient l’instruction aux masses populaires. Cette France, nous la découvrons au travers de deux personnages :

– Jean, un fils d’ouvrier qui suit des cours clandestinement pour « apprendre » car « ceux qui gouvernent savent, alors [il] pense que c’est bien de savoir. Que ça améliorerait [sa] vie. » Malheureusement pour lui, une descente de police mettra un terme à ses rendez-vous érudits.

– Clara, une fille née du bon côté mais qui souffre des inégalités qu’elle voient et de cette vie embourgeoisée qui lui est imposée.

Tous deux voudront changer le monde. Mais comment ?

*Copyright visuel : Graham Hobster

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Article rédigé par
Anastasia
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