Crise sanitaire doublée d’une présidence qu’on peut légitimement qualifier d’insensée, cet été, le plus grand et le plus chantant des pays d’Amérique du Sud ne nous a pas fourni l’un de ces tubes planétaires dont il a le secret. Vous n’y perdrez pas au change, avec un nouvel album de Bebel Gilberto, l’actualité made in Brésil qui nous intéresse aujourd’hui ne résonnera sûrement pas dans les stades, ni les boîtes de Copacabana. Sur vos enceintes en revanche, ce serait une très bonne idée.
Coup de chaud sur l’Hexagone, filons donc directement dans un pays ou la température atteint parfois des records. Le Brésil nous ouvre les bras mais peut-être pas dans le sens où on s’y attend. Crise sanitaire doublée d’une présidence qu’on peut légitimement qualifier d’insensée, cet été, le plus grand et le plus chantant des pays d’Amérique du Sud ne nous a pas fourni l’un de ces tubes planétaires dont il a le secret. A la place, un nouvel album de Bebel Gilberto et une actualité qui ne résonnera sûrement pas dans les stades, ni les boîtes de Copacabana. Sur vos enceintes ou dans vos casques/écouteurs en revanche, ce serait une très bonne idée.
Bebel Gilberto / Agora
Fille de deux grandes figures de la musique brésilienne (Miucha & Joao Gilberto), si Bebel a amorcé sa carrière à la fin des années 80, elle nous est apparue à l’aube des année 2000 avec Tanto Tempo. Un album qui avec son ornement électronique apporta un souffle neuf sur un genre un peu poussiéreux (la bossa nova à cette époque n’était plus très « nova »). Avec cet énorme succès international et les récompenses qui s’en sont suivies, Bebel Gilberto a continué sa carrière à son rythme de croisière, publiant 4 autres disques en 15 ans. Après des années de silence, elle revient aujourd’hui avec Agora, un album à son image, calme et posé, subtil et feutré. Aujourd’hui orpheline de ses légendaires parents, Agora a été écrit durant une phase de vie faite de questionnements, de renoncements et aussi d’une certaine affirmation. Vous avez peut-être déjà entendu Deixa, Bolero ou Na Cara (avec la rugueuse Mart’Nalia), premiers extraits de ce nouvel opus attendu de longue date. La suite le 21 août.
Tigana Santana / Vida -Codigo
4e album pour ce (trop) discret et délicat musicien originaire de la bouillonnante ville de Bahia. Avec sa voix haut perchée, ses rythmes fins, érudits, séculaires, c’est à l’inverse de la ville qui l’a vu naître, un océan de calme et de sérénité qui coule au fil des titres de Vida-Codigo. Son travail rend hommage à l’héritage bantou. Peuples et cultures ayant pour commun des souches linguistiques propres à la moitié sud de l’Afrique. Cultures et peuples dont Tigana Santana, comme beaucoup de ses semblables afro-brésiliens, sont les descendants.
Natalie Greffel / Para Todos
Natalie Greffel, chanteuse lusophone n’est en revanche pas brésilienne mais native du Mozambique et Berlinoise d’adoption. Organique, sans filtres, ni beaucoup d’artifices (voix, batterie, basse, guitare, clavier) cette jeune pousse fera mouche pour les oreilles sensibles aux fusions samba-jazz aux racines afro-brésiliennes qu’ont proposé en leur temps les grandes figures féminines de la MPB telles que Gal Costa, Tania Maria, Elza Soares, Elis Regina (pour ne citer que les plus rugissantes). Un 1er album prometteur comme on dit.
Céu / Apka
Quand le dernier album de Céu est sorti en 2016 (Tropix), impossible de comptabiliser le nombre de fois où l’on s’est vu réappuyer sur le bouton play pour réécouter l’intégralité du disque, encore et encore (demandez donc à ma collègue Véro si vous n’y croyez pas ?). Dans la douleur (confinement oblige) est finalement arrivé Apka, le nouvel album de cette chanteuse moderne et magnétique. Tout plein d’idées et une direction musicale hors des sentiers battus, c’est toujours Hervé « General Electriks » Slaters à la réalisation et aux arrangements. Ceci explique aussi cela !
Fabiano Do Nascimento / Preludio
Obscur instrumentiste, Fabiano Do Nascimento a, d’une manière assez surprenante pour un type de son âge, ancré sa musique et sa démarche autour de la tradition du choro (un genre musical plutôt populaire dans la 1ère moitié du siècle dernier). Publié sur le label (très) trendy Now-Again (là aussi mystère ?), ce second disque confirme le touché stylistique du musicien carioca. Quelques éléments folk et jazz viennent enrober les cordes scintillantes de cet OVNI en totale apesanteur.
Camarao Orkestra / Nacao Africa
Comme pour la copine berlinoise au-dessus, si les vibrations sont brésiliennes, toujours, les musiciens qui composent Camarao Orkestra sont bien de chez nous. Utilisant le riche patrimoine musical brésilien des années 70 & 80, ces compositions léchées aux grooves délicats évoquent les grandes heures de Tim Maia ou Banda Black Rio. Polyrythmies complexes et saupoudrage soul, jazz-funk, disco, AOR dont le Brésil n’a aucunement manqué durant ces décennies charnières. Camarao Orkestra c’est le Brésil sur scène. Avec Florian Pellissier, Anthony Joseph, des membres de Cotonete, Akale Wube… Une belle brochette de copains en quelque sorte.
Et petit rappel avec Seu Jorge & Rogé
Comment ne pas rappeler aux distraits et distraites cette petite perle parue tout juste avant le confinement. En vinyle exclusivement, cette captation directe et sans filtre fera la joie des oreilles sensibles aux profondeurs et aux subtilités de l’acoustique. Un seul qualificatif : envoûtant !