Sélection

Les chansons incontournables de Grand Corps Malade

27 octobre 2023
Par Manue
Les chansons incontournables de Grand Corps Malade
©Fnac

En 2006, peu de personnes savaient ce qu’était le slam. Depuis, Grand Corps Malade s’est attelé à faire découvrir ce style qui oscille entre chanson et rap. En plus de 15 ans de carrière, il a écrit quelques-unes des plus belles chansons françaises. et fait désormais partie des piliers du genre. A l’occasion de la sortie de son nouvel album Reflets, on se replonge dans sa carrière.

« Je dors sur mes deux oreilles » – Extrait de l’album Midi 20 (2006)

En 2006, la France découvre le slam avec le premier album – Midi 20 – d’un certain Grand Corps Malade. Qu’est-ce que ce nouveau genre ? Dans sa chronique sur Forces parallèles en septembre 2006, CTHN429 disait que le slam est « un style qui veut qu’on s’accroche au corps du texte plus qu’à ses ornements extérieurs. Ecouter Midi 20, c’est prendre le temps de faire attention aux textes, de se préparer à un voyage particulier à l’intérieur d’une vie que certains connaissent trop et d’autres trop peu« . Pas la peine d’ajouter quoi que ce soit à cette explication tant elle résume tout, non ? Dans Je dors sur mes deux oreilles, Grand Corps Malade parle de ce qu’est sa vie, celle d’avant et celle qu’il connaît désormais. Il n’y a aucune colère, aucune rage mais plutôt de la douceur et de l’optimisme. Pourtant, l’homme a vu sa vie basculer lorsqu’il a plonge dans une piscine pas assez remplie et qu’il est devenu en partie tétraplegique. Le récit de la résilience transparaît dans ses morceaux, mais aussi dans son premier film, Patients.

« Enfant de la ville » – Extrait de l’album Enfant de la ville (2008)

Dans Enfant de la ville, titre de l’album et de la chanson, Grand Corps Malade continue d’afficher son amour pour la ville de Saint-Denis. Ce n’est pas qu’il est allergique à la nature, la mer, la montagne, la campagne… Mais là où il se sent bien, dans son élément, c’est l’espace urbain. Il y décrit sa beauté, les sensations qu’elle lui procure. Elle l’inspire dans tous les sens du terme. 

« Roméo kiffe Juliette » – Extrait de l’album 3e temps (2010) 

En octobre 2010, sort l’album 3e temps. Roméo kiffe Juliette, si cela ne vous avait pas effleuré l’esprit, est une adaptation libre de la pièce de William Shakespeare, Roméo et Juliette. Ici, les héros sont deux adolescents de banlieue. Ils s’aiment follement mais Juliette vient d’une famille de confession juive et Roméo d’une famille de confession musulmane. Et cela ne plaît pas du tout, mais vraiment pas du tout, aux parents. Le clip est chorégraphié par la danseuse Bintou Dembélé, pionnière du hip-hop.

« Course contre la honte », en duo avec Richard Bohringer – Extrait de l’album Funambule (2013)

Pour la première fois, Grand Corps Malade confie la direction musicale à un artiste avec lequel il n’a jamais travaillé. Cet artiste, c’est Ibrahim Maalouf.  Le musicien de jazz se met au service des textes, tout en ajoutant sa personnalité. Il intègre quelques beats hip-hop, comme le demande Grand Corps Malade. Cet album comporte quelques duos, avec Francis Cabrel sur La traversée ou sur le titre Course contre la honte, avec Richard Bohringer. « Nous nous connaissons depuis plusieurs années, nous nous sommes retrouvés sur des Salons du livre, nous avons pas mal sympathisé. C’est une grande gueule très attachante. Nous avions participé à l’émission « Taratata » ensemble, nous avions repris « Jeff » de Jacques Brel. Nous avions envie de faire un morceau ensemble, faire en sorte que deux générations dialoguent sur le monde un peu malade qui nous entoure« , explique Grand Corps Malade au magazine L’Observateur du 7 mars 2014. Cela donne un titre fort avec deux artistes engagés, particulièrement inspirés et inspirants.

« Ta batterie » en duo avec Renaud – Extrait de l’album Il nous restera ça (2015)

Il nous restera ça est un album quelque peu conceptuel. Pour cet opus, Grand Corps Malade a en effet demandé à 10 artistes d’écrire des textes pour lui. Il y ajoute une contrainte : chaque morceau doit comporter les mots « Il nous restera ça ». « C’est bien mon album, j’ai assuré la direction artistique, mais je n’ai que cinq titres solo. En revanche, j’ai réuni 10 autres auteurs. Il y a trois grands Monsieurs de la chanson française : Charles AznavourHubert-Félix Thiéfaine et Renaud qui me fait l’honneur de son grand retour » disait-il dans La Provence. « Je n’oublierai jamais ce moment. C’était émouvant de le voir réécrire. Je le voyais heureux, comptant sur ses doigts le nombre de pieds, cherchant les rimes…« , confiait-il au Parisien à l’époque. Ce fameux titre est Ta batterie. Renaud s’adresse à son fils Malone. L’enfance et les paroles d’un papa marqué par la vie colorent cette chanson. La voix est fragile mais la plume vive. Et cette collaboration fait ressurgir chez Renaud l’envie d’écrire, lui qui se sentait alors incapable de noircir de sa poésie des pages blanches. 

« Dimanche soir » – Extrait de l’album Plan B (2018)

Dans Plan B, Grand Corps Malade se confie un peu plus sur l’amour de sa vie, sa femme, mère de ses deux enfants. On trouve toute la sensibilité de l’artiste, notamment dans Dimanche soir

Après dix ans d’un beau voyage où je me rappelle de chaque seconde
Après dix ans qui ont vu naître les quatre plus beaux yeux du monde
C’est toi qui as trouvé le plus beau thème de notre histoire
Parce que c’est toi, parce que t’es là
Je n’ai plus peur du dimanche soir

« Effets secondaires » (2020)

Nous sommes en pleine pandémie de Covid et en plein confinement. Des artistes s’activent pour aider le personnel soignant mis à rude épreuve. Parmi eux, Grand Corps Malade rend hommage à celles et ceux qui bataillent pour nos vies. On y entend les applaudissements quotidiens aux fenêtres qui rythmaient les soirées. Cette chanson s’interroge sur cette période inédite, sur une crise sanitaire d’ampleur et ses nombreuses conséquences. Le confinement pourrait permettre de se questionner sur nos vies, de se recentrer sur l’essentiel, de profiter de ce qui est autour de nous et que l’on ne voit plus dans nos vies à 100 à l’heure. Et puis, il redéfinit les vrais héros dans nos sociétés, les héros du quotidien, notamment le personnel soignant. L’intégralité des revenus de ce morceau est d’ailleurs reversée aux hôpitaux Delafontaine de Saint-Denis (93) et François Quesnay de Mantes-la-Jolie (78) via la Fondation Hôpitaux Paris – Hôpitaux de France.

« Mais je t’aime » – En duo avec Camille Lellouche – Extrait de l’album Mesdames (2020)

Avec Mesdames, Grand Corps Malade a voulu rendre hommage à toutes les femmes, à travers des duos… avec des femmes ! On peut citer Véronique Sanson, Louane, Suzane, Laura Smet, les soeurs Berthollet… Il y a aussi Camille Lellouche : « J’ai proposé à Camille de faire partie de cet album. Elle a accepté, et après on s’est dit ‘Qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on fait une chanson inédite ? », explique-t-il au micro d’NRJ. Tombé sous le charme d’un titre écrit par Camille elle-même, sur un couple en plein naufrage, Grand Corps Malade décide d’écrire en écho une forme de réponse. Camille confie, également sur NRJ : « J’ai toujours voulu collaborer avec Fabien, mais secrètement parce que c’est un artiste que j’admire beaucoup, en plus de l’humain qui est fabuleux. Son humilité me fascine. J’aime les vrais gens, comme on dit chez moi. Et je suis ravie de faire partie de son album« . Ce titre puissant a séduit tout particulièrement et a sans aucun doute contribué au succès phénoménal de l’album. Il obtient même la Victoire de la musique de la Chanson de l’année.

« Pas essentiel » (2020)

Pas essentiel. Ces deux mots, on les a beaucoup entendus durant la pandémie de Covid et les confinements successifs. De nombreux artistes ont réagi à la fermeture prolongée des salles de spectacles, des cinémas… On se souvient des coups de gueule de Clara Luciani ou de Benjamin Biolay. Le titre Pas essentiel est la réponse de Grand Corps Malade. « Ça me trottait dans la tête depuis un moment. Depuis que j’avais entendu que les salles de concerts, les librairies, les théâtres étaient considérés comme « non essentiels. C’était violent, maladroit. Je voulais parler de toutes ces choses qui peuvent paraître non essentielles et qui finalement nous font vivre », avait-il expliqué alors au Parisien

« Qui a kidnappé Benjamin Biolay ? » – Extrait de l’album Ephémère, co-écrit avec Ben Mazué et Gaël Faye (2022)

« En 2004, j’ai rencontré Gaël Faye lors d’une scène slam. En 2013, j’ai rencontré Ben Mazué lors d’un festival. On est devenus potes et chacun a développé ses projets. En avril dernier, on s’est enfermés ensemble pendant une semaine avec le défi de créer et d’enregistrer 7 morceaux  », avait posté Grand Corps Malade sur son site Instagram. Ce confinement créatif a donné naissance à Ephémère. Sur cet album, on voit combien les liens artistiques et amicaux sont là, forts, beaux et inaltérables. Parmi ces 7 titres, on aurait pu choisir La cause, où les 3 artistes s’interrogent sur le droit ou non d’un artiste de s’engager, d’exprimer publiquement ses opinions mais on a retenu l’ironique Qui a kidnappé Benjamin Biolay ?. Pour la petite histoire, en 2021, Grand Corps Malade, Ben Mazué, Gaël Faye, Julien Doré et Benjamin Biolay étaient nommés dans la catégorie Album de l’année pour les Victoires de la musique. Cette année-là, c’est Benjamin Biolay qui raffle cette Victoire, laissant pantois les 3 amis. Avec beaucoup d’humour et de second dégré, les 3 artistes ont imaginé un scénario des plus burlesques, le vol de la Victoire de Benjamin Biolay dans sa loge et son kidnapping suite à un échange houleux entre les 3 artites et Biolay. Pour preuve qu’il n’existe aucune animosité entre les artistes, Biolay fait son apparition dans la chanson et a autorisé l’utilisation d’un sample de la chanson La superbe pour un autre titre du trio… Respect.

« Retiens tes rêves » – Extrait de l’album Reflets (2023)

« Il devait s’appeler Portraits, mais les choses évoluent. Finalement, c’est devenu Reflets. J’adore cette notion de reflet. C’est le reflet de notre époque, de la société et puis, c’est aussi notre reflet à nous dans le miroir (…) J’aime bien cette notion du regard les uns sur les autres qui se mélange. » raconte-t-il à la Radio Scoop. Pour lancer le nouvel album, il dévoile Retiens tes rêves. Dans une entrevue accordée à BFM, il raconte que ce sont ses deux enfants qui lui ont inspiré ce titre sur le temps qui passe et la paternité. « À partir du moment où les enfants arrivent dans une famille, c’est comme si le sablier s’accélérait. D’un coup, tout passe plus vite, et parfois on a envie que ça ne passe pas si vite que ça. On a envie de retenir ces moments-là, d’où le titre Retiens les rêves … Ils ont vraiment beaucoup aimé (la chanson). Ils étaient assez émus, alors qu’ils ne le montrent pas tout le temps. Mais là j’ai vu qu’il y avait eu pas mal d’émotion, ils étaient fiers que je parle d’eux. » 

« Je garde mon cap, je me mets dans l’optique de 2003-2004, quand j’écrivais uniquement pour aller dire mon texte sur des scènes slam, j’essaye de ne pas penser à la mise en musique, de ne pas me dire que ce texte-là sera sur un album. Et ne pas penser non plus, au moment où j’écris, à la réaction des journalistes. Je veux garder la fraîcheur de mes débuts, y compris la naïveté ». (L’Obs 7 mars 2014) 

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Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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