Si vous souhaitez découvrir et plonger dans la riche histoire de la littérature japonaise, c’est le moment ! De la poésie au roman contemporain, voici une liste non exhaustive des grands classiques qu’il faut avoir lus au moins une fois dans son existence.
Les classiques de l’ère Heian
C’est une femme qui a signé le premier grand roman de la littérature japonaise. Au début du XIe siècle, Murasaki Shikibu a mis dix ans pour écrire Le Dit du Genji, un livre qui tient au corps avec ses 54 chapitres et ses 300 personnages. L’écrivaine narre la vie du Prince Genji puis de son fils, au sein de la cour de Heian. Les intrigues amoureuses et les drames s’y succèdent avec un raffinement hors du commun. L’occasion pour vous de découvrir les wakas, ces petits poèmes sentimentaux de 31 syllabes.
Autre pièce majeure de la littérature classique : Notes de chevet, de Sei Shônagon. Également écrit au XIe siècle, ce recueil met en lumière les splendeurs de la civilisation de Heian. À l’époque, Kyoto s’appelait encore Heiankyo, « capitale de la Paix ». Ancienne dame d’honneur à la Cour, l’auteure décrit les petits et grands secrets intimes de ce monde subtil et complexe. Une prose à découvrir sans hésitation !
Un peu de poésie
Lorsqu’on parle de littérature japonaise, on évoque forcément la poésie, omniprésente au fil des siècles. Dès le XVIIe siècle, les grands écrivains du pays ont développé le haïku, la forme poétique la plus courte du monde. Composé de trois vers, il raconte et révèle un instant de vérité, un sentiment fort et éphémère.
Dans Haiku – Anthologie du poème court japonais, vous apprécierez la finesse des mots de Bashô, Issa et de nombreux poètes contemporains.
Très ancrés dans les références culturelles du Japon (et notamment dans la peinture), les Contes d’Ise (Ise Monogatari) ont conservé une grande partie de leurs secrets. Ni l’auteur, ni la date précise de ces 209 contes poétiques ne sont connus. Mais il est possible d’en apprécier pleinement leur beauté.
La fin de l’ère Meiji
Juste avant la révolution industrielle, politique et culturelle de Meiji (1868-1912), Natsume Sôseki fait partie des auteurs qui ont marqué la littérature japonaise. Avec Je suis un chat, l’écrivain signe une satire désopilante d’un société en pleine mutation qui s’occidentalise au grand dépit des intellectuels de l’époque.
Un peu plus tard, en 1933, Junichirô Tanizaki publie Éloge de l’ombre et défend l’esthétique japonaise dans un essai marquant. Cet éloge du Japon traditionnel – le concept de « wabi-sabi » – face à un Occident moderne toujours plus à la recherche du progrès mérite le détour.
L’après-guerre
En 1956, Yukio Mishima signe Le Pavillon d’Or, un texte magistral sur le Japon dévasté par la Seconde Guerre mondiale. En 1950, à Kyoto, un jeune novice met le feu au Pavillon d’Or, le temple le plus célèbre de la ville. L’auteur part de ce fait divers pour romancer la vie de ce jeune moine incendiaire torturé et complexé.
Autre chef-d’œuvre moderne : Les Belles Endormies, de Yasunari Kawabata. Publié en 1961, il décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs se rendant dans une étrange demeure pour passer la nuit aux côtés d’adolescentes endormies. L’écrivain japonais, prix Nobel de littérature en 1968, y décrit la beauté, la solitude et la mort avec subtilité.
Autre livre du même auteur à découvrir : Pays de neige (1982). Ce court roman contemplatif nous plonge dans les montagnes japonaises pour un voyage au pays de la sérénité. Beau et fort.
Enfin, si vous aimez les livres coup de poing, lisez Le Cap, de Kenji Nakagami. À travers le personnage d’Akiyuki, l’auteur nous décrit la vie précaire des gens du peuple dans les années 1970, que ce soit les ouvriers du bâtiment ou les prostitués vivant dans la péninsule de Kinshû. Un roman court et incisif.
Le Japon d’aujourd’hui
Dans la catégorie des prix Nobel de littérature, je demande Kenzaburo Ôé ! En 2000, il écrit Une affaire personnelle, un roman court et diablement cruel. Il narre la vie de Bird, 27 ans, un jeune père d’un enfant handicapé. Déchiré par des sentiments contradictoires, l’homme raconte son cauchemar et ses pulsions meurtrières. On plaint cet homme faible et antipathique qui arrive malgré tout à nous interroger sur le sens de notre existence.
Autre maître de la littérature moderne japonaise : Haruki Murakami. En 2002, il signe le désormais célèbre Kafka sur le rivage, un roman éblouissant. À 15 ans, Kafka Tamura, fuit sa maison de Tokyo avec Nakata, vieil homme simple d’esprit. Cette odyssée va permettre à l’adolescent de grandir et d’évoluer au fil des rencontres improbables. Entre réalisme et fantastique, Murakami signe un livre enchanteur.
Plus récent encore, le livre baptisé Sortie parc, gare d’Ueno (2015) mérite d’être exploré. Yu Miri raconte la misère et la pauvreté d’aujourd’hui à travers un vieillard vivant dans un parc de Tokyo. L’auteur raconte la vie malheureuse de ce laissé-pour-compte qui reste invisible aux yeux des touristes et des locaux.
Sorti la même année, Soundtrack d’Hideo Furukawa a soulevé l’enthousiasme des critiques et des lecteurs. Ce roman débute sur une île vierge au large du Japon. Deux enfants abandonnés s’y retrouvent. On embarque alors dans leurs aventures dans un pays ravagé par la pollution, la corruption et l’argent.
Une touche samouraï pour finir…
Enfin, deux dernières lectures pour parfaire vos connaissances en littérature japonaise. Tout d’abord, pour les amoureux du christianisme, on vous conseille Au col du mont Shiokari d’Ayako Miura. Cette plongée durant l’ère Meiji met en scène Nobuo, un jeune samouraï de 10 ans en quête de spiritualité. Au milieu des paysages froids et montagneux, l’auteur signe un grand roman d’aventures.
Dans la même veine, Musashi d’Eiji Yoshikawa met un jeune samouraï à l’honneur, en l’occurrence le jeune Takezó devenu Miyamoto Musashi. Cette grande fresque épique nous plonge dans le Japon du XVIIe siècle avec ses contes et ses légendes dont on ne se lassera jamais !
*Copyright visuel : Photographie de Takahiro Taguchi sur Unsplash
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