Quel est ce corps ? Quel est cet amour ? Comment trouver les bons mots ? Comment l’assumer ? L’identité de genre et l’orientation sexuelle sont des questions profondes et épineuses dont il faut retenir l’essentiel : l’amour est universel. On vous le montre en BD !
Mauvais genre – Chloé Cruchaudet (Delcourt)
Fous amoureux·ses, Paul et Louise se marient peu avant que la Première Guerre Mondiale n’éclate. Pour échapper à l’horreur des tranchées, le jeune marié décide de se mutiler et devient déserteur.
En retrouvant Louise à Paris, il tourne le dos à la liberté, condamné à rester caché. Mais les souvenirs le hantent, et l’enfermement se transforme en une torture physique et mentale. Naît alors en lui l’idée de troquer son pantalon pour la jupe et son prénom pour Suzanne. Mais attention à ne pas y prendre goût…
Récompensé par plusieurs prix dont le prix Landerneau BD et en 2014, le prix du public Cultura du Festival d’Angoulême, Mauvais genre de Chloé Cruchaudet nous fait vivre une véritable épopée au coeur de l’intimité de deux êtres et des pensées qui chamboulent.
À regarder, admirer, lire et relire.
Appelez-moi Nathan – Quentin Zuttion et Catherine Castro (Payot)
Nathan n’a pas toujours été Nathan. Au début, il était Lila, né dans un corps de fille. Mais ce corps n’est pas le sien, c’est une erreur génétique qu’il rejette. Alors, à seize ans, avec le soutien de ses proches, amis et professeurs, il décide de devenir celui qu’il s’est toujours senti être : un garçon dans un corps d’homme.
Appelez-moi Nathan de Quentin Zuttion et Catherine Castro n’est pas un simple récit d’initiation mais l’histoire bouleversante d’un garçon transgenre. Nathan devra trouver les mots et les dire pour lui-même mais aussi pour ses proches. Tout en changeant son identité physique et sociale, il devra apprendre à se connaître et casser les codes sociaux et administratifs qui posent aujourd’hui encore problème. Une bande dessinée qui traite avec beaucoup de délicatesse la transidentité. À lire absolument.
Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh (Glénat)
Comme le bleu de la mer qui ouvre sur l’horizon, les cheveux bleus d’Emma offreront de nouvelles perspectives dans la vie de Clémentine alors qu’elle tente d’accepter son homosexualité.
Mais alors qu’elle découvre toutes les nuances du désir, commence aussi pour elle un long combat contre les propos homophobes, la réaction hostile et violente de ses parents, et plus tard, sa maladie qui l’affaiblit de plus en plus.
Adapté au cinéma en 2013 sous le titre La Vie d’Adèle, Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh est un cri à l’acceptation et la reconnaissance de l’homosexualité dans nos sociétés. Cette bande dessinée remue au fond de nous des sentiments multiples de la révolte à la joie, en passant par la tristesse et l’amour.
Fun Home – Alison Bechdel (Denoël)
Entre humour sombre et clairvoyance, le chef d’orchestre de cet excentrique décor n’est rien d‘autre que Bruce Bechdel, le père d’Alison. Et c’est sous la dictature esthétique, la passion des livres et le « Fun Home » -salon funéraire familiale- qu’évolue Alison, levant le voile sur son homosexualité… Et celle soigneusement cachée de son père. Être tourmenté, aimant et distant à la fois, sa mort brutale à l’âge de 44 ans ne laisse que peu de doute à l’hypothèse du suicide…
Bande dessinée autobiographique d’Alison Bechdel, Fun Home est un condensé riche et déchirant de secrets de famille, de littérature, de blessures et de désarrois sexuels.
Vertigineux, unique et poignant.
Blue – Kiriko Nananan
Blue de Kiriko Nananan est une bande dessinée douce et poétique où l’histoire conte la relation de deux jeunes japonaises qui voient leur amitié se transformer en amour.
Mais l’adolescence est une période pleine de doutes, de questionnements et de remises en question : comment vont-elles pouvoir faire face à ce qu’elles ressentent mais n’arrivent ni à nommer, ni à expliquer ?
Paco les mains rouges, Tome 1 – Eric Sagot et Fabien Vehlmann (Dargaud)
Après avoir échappé à la guillotine pour un crime passionnel, Paco est envoyé à Cayenne. Le trajet vers le bagne est pénible et les gardiens comme les bagnards ne sont pas des tendres. Ici, la loi est celle du plus fort, et « Paco Les Mains Rouges », surnommé ainsi car il a commis un crime de sang, devra apprendre à connaître les codes d’un monde carcéral injuste, où vivre se limite à survivre.
Mais comment garder son humanité quand tout n’est qu’inhumanité ? Comment réussir à faire confiance à quelqu’un ? Comment tenir bon ? Et que Paco ressent-il pour Bouzille, cet homme grand et baraqué ?
Paco, les mains rouges d’Eric Sagot et Fabien Vehlmann est une excellente bande dessinée aux traits simples, sans fioritures, et qui laisse le lecteur savourer les couleurs sépias représentant la pesante ambiance du bagne.
Une oeuvre qui fait réfléchir… Et si vous avez aimé le tome 1, il y a la suite : Paco, les mains rouges, Tome 2 !