Tandis que la cinquième saison de Yellowstone est en préparation, faisons le point sur les séries de western qui distordent le genre ou en distillent tous les codes. Celles qui ont révélé des stars internationales et font perdurer la légende du Far West.
Au Far West, du nouveau
C’est dans les années 1950 que les premières séries western voient le jour. Outre divertir le public, elles révèlent les stars de demain et remettent au goût du jour les grandes histoires de la conquête de l’Ouest. C’est tout un pan de l’Histoire des Etats-Unis qui se joue : familles s’établissant dans les premiers villages, fermiers qui tentent de survivre malgré les attaques des Indiens et des pillards, ruées vers l’or et un futur meilleur… D’abord en noir et blanc et sous testostérone (les femmes sont reléguées au rang de mères et d’épouses), les séries de western évoluent ensuite en des sagas familiales où tout un chacun peut se reconnaître. Si certaines sortent des sentiers battus, la plupart proposent une vision fantasmée des pionniers. Anachronismes, violence exacerbée et romances improbables sont au menu.
Séries western : les incontournables
The Lone Ranger
A l’aurore des séries, The Lone Ranger a dès 1949 établi la grammaire des séries western. Soient deux redresseurs de torts : un Texas Ranger masqué et anonyme et son ami indien, Tonto, qui voyagent de ville en ville pour rétablir l’ordre. La série western est née et les 221 épisodes de ce justicier nomade ont assis son statut d’icône de la culture américaine. Une adaptation au cinéma de The Lone Ranger avec Johnny Depp est sortie en 2013.
Bonanza
Bonanza est sans doute, avec Les Aventuriers du Far West et La Grande Caravane, l’une des séries les plus emblématiques du genre. Diffusée en 1959 et s’étalant sur 14 saisons, on y retrouve la famille Cartwright qui doit lutter contre des visiteurs inconnus qui en veulent à leur ranch. Une série qui a notamment révélé des talents tels que Jodie Foster ou Leonard Nimoy. La récente Yellowstone reprend un pitch similaire.
Le Virginien
James Drury incarne le rôle-titre des neuf saisons du Virginien. Un personnage anonyme qui symbolise le cowboy pur et dur dans toute sa virilité, tandis qu’il tente de régir le ranch de Shiloh avec toutes les difficultés que cela suppose dans un monde en pleine construction.
Au nom de la loi
Steve McQueen, héros d’Au nom de la loi pendant trois saisons à partir de 1958, interprète avec nonchalance le chasseur de primes Josh Randall. Une reconnaissance internationale pour celui qui végétait jusqu’alors dans de nombreuses séries télé sans se faire un nom.
Rawhide
Autre star de cinéma révélée par une série de western, Clint Eastwood avec Rawhide à partir de 1959. Au long de huit saisons et 217 épisodes, Clint y incarne le cow-boy Rowdy Yates qui parcourt les États-Unis avec ses 3 000 vaches. Si la série a été un peu oubliée, son thème a été souvent repris, notamment par les Blues Brothers.
Hell on Wheels
Hell on Wheels ou L’Enfer de l’Ouest est une autre variation des thématiques habituelles du western : la construction du chemin de fer à travers les grandes étendues de l’Ouest sauvage. Une série âpre, violente et réaliste créée en 2011 et qui commence à partir de l’assassinat d’Abraham Lincoln.
La Petite maison dans la prairie
Révélé dans Bonanza, Michael Landon va permettre à la saga familiale de prendre les rênes des séries de western, à l’instar du Grand Chaparral. Dans La Petite maison dans la prairie, multi-diffusée depuis sa création en 1974, on y suit sur neuf saisons le destin (inspiré de l’histoire vraie de Laura Ingalls Wilder) de la famille Ingalls à Walnut Grove. Une histoire entre joies et peines. Et surtout peines.
Docteur Quinn, femme médecin
Dans les années 1990, un peu de douceur dans un monde de brutes avec Docteur Quinn, femme médecin. Jane Seymour y exerce la profession de docteur en médecine, au beau milieu d’une petite ville peu habituée à ce genre de pratiques. Une série récompensée par plusieurs Emmy Awards et un Golden Globe.
Zorro
Première série à détourner les codes du Far West, Zorro apporte une touche de comédie dans un monde très sérieux jusqu’à présent. Entre gags à la Laurel et Hardy, infortunes du sergent Garcia et aventures du héros masqué, Zorro a fait rêver de nombreux enfants à travers le monde.
Les Mystères de l’Ouest
Autre série à se jouer des conventions, Les Mystères de l’Ouest, où Robert Conrad et Ross Martin mêlent services secrets, gadgets, art du déguisement et enquêtes policières. Le tout, avec humour et désinvolture et virilité, tant Robert Conrad affolait les compteurs à l’époque. Un grand représentant du weird west !
Deadwood
Deadwood, de son côté, s’est inspirée des histoires de mafia sauce cow-boy, où se rencontrent d’authentiques figures de l’époque comme Calamity Jane et Wyatt Earp. Une série enfiévrée et ultraviolente qui connut trois saisons passionnantes.
Westworld
La série qui s’éloigne le plus des codes du genre reste Westworld, mélangeant allègrement science-fiction, anticipation et western et dont la troisième saison voit le personnage de Dolores prendre sa revanche sur l’humanité… Le suspense est à son comble.
Justified
Dans Justified, le marshal Raylan Givens (Timothy Olyphant) a les valeurs et méthodes d’un justicier du XIXe siècle, jusqu’à porter le chapeau de cowboy. Mais il sert au Kentucky au XXIe siècle. Efficace à enquêter et clore les affaires concernant les dérives des clans familiaux (arc typique des saisons), il n’en est pas moins un cauchemar à gérer, et risque vie et job bien plus de fois que la moyenne. Graham Yost (Speed) propose au long des six saisons de Justified un pont entre tradition (épisodes indépendants avec arc, héros archétypal) et modernité (complexité de l’écriture, tempo allant, microcosme sociétal à l’échelle d’une ville). Elmore Leonard, qui a participé à l’écriture, considère Justified comme une des meilleures adaptations de son œuvre.
Gunsmoke
Le stakhanoviste John Meston aura sué sang et eau pour écrire la majorité des épisodes de Gunsmoke, série radiophonique et télévisée (il a écrit 379 épisodes en tout). La version télévisée (1955-1975), avec ses 20 saisons et 635 épisodes, est l’une des plus longues et acclamées séries américaines. Les aventures du marshal Matt Dillon (James Arness) ont réduit le côté aventureux pour se pencher sur des histoires plus naturalistes et quotidiennes. « C’est honnête, c’est adulte, c’est réaliste » déclara John Wayne lors de sa présentation du premier épisode de Gunsmoke. Un sommet du western classique !
Opération Danger
Deux anciens criminels, Hannibal Heyes (Pete Duel) et Kid Curry (Ben Murphy) reçoivent une amnistie partielle d’un gouverneur mais restent recherchés par des shérifs zélés et des chasseurs de primes. En combinant le western avec le duo typique stratège (Heyes)-tireur d’élite (Curry), l’infatigable Glen A. Larson a troublé avec Opération Danger le manichéisme du western. Réputé pour ses épisodes au suspense solide, Opération Danger est une référence absolue pour Quentin Tarantino, qui a modelé le personnage de Rick Dalton (Leonardo di Caprio) d’Once Upon a Time in Hollywood sur Pete Duel, qui mit fin à ses jours pendant le tournage de la série.
Firefly
« Wagon Train dans l’espace », c’est ainsi que Gene Roddenberry a pitché Star Trek, preuve s’il en est des similitudes entre le Western et la SF. Joss Whedon le prend au mot avec Firefly, combinaison ultime entre Western et SF. Dans le vaisseau spatial Serenity, un petit groupe de révoltés dirigé par Malcolm Reynolds (Nathan Fillion) refuse de rejoindre une Alliance intergalactique. L’équipage vit en hors-la-loi, stationnant à côté de planètes quasi désertiques évoquant les paysages et le mode de vie western. Worldbuilding brillant, personnages tout en nuances de gris, scénarios à couper le souffle, Firefly invoque la sauvagerie de la vie western en retenant l’epique excitant de la SF. Simplement culte.
Kung Fu
Kung Fu a proposé un mélange étonnant entre western et arts martiaux. Chang Caine (David Carradine) quitte son monastère shaolin à la recherche de son demi-frère disparu aux Etats-Unis. Dans un retournement des codes western, Caine tente de rétablir l’ordre en évitant la violence autant que possible, ce qui n’empêche ni l’action ni le suspense. Imprégnée de philosophie taoïste, Kung Fu est contestée par son traitement défectueux des races et genres, mais n’en demeure pas moins une série d’influence. Elle inspira beaucoup de traitements alternatifs du western. Un reboot plus fidèle aux idéaux de Bruce Lee (qui en aurait inspiré l’idée) fut produit en 2021.
Yellowstone
Le western n’a pas perdu de sa pertinence aujourd’hui. Démonstration avec Yellowstone, représentant éloquent du Néo-Western. Les Dutton, dirigés par le patriarche John (Kevin Costner), tiennent leur ranch familial depuis des années, mais ses terres sont l’objet de convoitise de bien des vautours. La vie familiale est également loin d’être tranquille. Parcourue par la vision de Taylor Sheridan (Sicario) et John Linson, Yellowstone est un excellent drama contemporain à l’ambiance western étonnamment originale.
