L’air de rien, cela fait bientôt plus de 30 ans que Calogero mène sa barque musicale avec ferveur et sensibilité. Après l’heure des premiers bilans, en 2019 avec la sortie d’une intégrale, Calogero revient dans les bacs avec A.M.O.U.R. L’occasion pour nous de revenir en quelques chansons sur une carrière remplie de tubes.
Prendre racine – Tiré de l’album Calogero (2002)
Cette chanson, signée Patrice Guirao, aborde quelque chose de fondamental pour Calogero, la famille. Ce garçon, d’origine italienne, a besoin de ces liens qui l’unissent aux êtres de sa famille. Ce sont ces racines qui le construisent et l’ancre dans la vie. Aidé par Pascal Obispo et Zazie, ce 1er album annonce un artiste dont le sens aiguisé de la mélodie et la sensibilité feront tout son ADN. Avec cet album, Calogero entre dans la lumière et investit les hits.
Tien An Men – Tiré de l’album Calogero (2002)
Autre titre fort de l’album, Tien An Men. Comment ne pas se souvenir et avoir été secoué par les événements survenus en Chine en 1989 ? L’image de ce jeune étudiant qui se place devant un char sur cette immense place de Pékin a particulièrement ému beaucoup de monde, Calogero en tête. Dans ce titre, il n’aborde pas cet évènement mais toutes ces petites guerres de la vie quotidienne qu’on n’ose pas mener parce que courber le dos est plus simple que de les affronter. La place Tien An Men est une parabole pour exprimer les lieux où l’homme peut être amené à se retrouver pour enfin avoir le courage de se libérer de ses chaînes. Pas de doute, on sent poindre l’engagement du jeune homme et le besoin de dire des choses dans ses chansons.
Face à la mer – Tiré de l’album 3 (2004)
3, comme son nom l’indique, est le troisième album de Calogero. Sorti en 2004, cet album est une consécration, et à ce jour, l’album le plus vendu de l’artiste. Outre son hommage à Soeur Emmanuelle avec le titre Yalla , on retrouve une multitude de hits dans cet album comme le duo avec Passi, Face à la mer. Ecrite par Passi et Alana Filipi, cette chanson a pour thème le déterminisme social, cette idée que quand on naît dans le ghetto, on ne peut pas accéder à la vie de château. Cette chanson rappelle celle de Maxime Le Forestier, Né quelque part. Quand Passi chante « On ne choisit ni ses origines, ni sa couleur de peau« , Le Forestier lui chante » on ne choisit pas les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher – être né quelque part pour celui qui est né, c’est toujours un hasard« .
Calogero reçoit sa première Victoire de la Musique, reconnu par ses pairs comme le meilleur artiste masculin de l’année.
Si seulement je pouvais lui manquer – Tiré de l’album 3
Autre titre phare de l’album 3, Si seulement je pouvais lui manquer. Cette chanson puissante évoque l’absence d’un père. Ce fils, esseulé par ce vide affectif, se demande si ce père pense à lui et si ce fils lui manque. Pas toujours facile de grandir pour un garçon sans un père, pas de racines paternelles, masculines (ces fameuses racines chères à Calogero). La simplicité du texte, sa profondeur et son côté universel ont sans doute contribué au fait que cette chanson ait touché beaucoup de monde. Calogero, être très sensible, sait nous emmener sur des terres où nous sommes secoués, sait toucher nos cordes sensibles avec un certain lyrisme. Pas étonnant que cette chanson ait reçu la Victoire de la meilleure chanson de l’année en 2004.
Nathan – Tiré de l’album L’embellie
Comme pour Pomme C, L’Embellie, souffre en 2009 de la comparaison avec le succès de 3. Pourtant il regorge d’auteurs cinq étoiles comme Jean-Jacques Goldman, Grand Corps Malade, Dominique A ou Marc Lavoine pour le magnifique titre Nathan. Ce texte évoque avec poésie, force et compassion, l’histoire d’un enfant autiste, sa difficulté à vivre dans un monde dont il est coupé mais qu’il comprend par ailleurs. Marc Lavoine connaît bien ces enfants puisqu’il est le parrain d’une association, Le papotin, qui a créé un journal réalisé par de jeunes autistes. Ce titre déjà poignant, est sublimé par un clip dont les acteurs sont autistes. La boucle est bouclée.
Un jour au mauvais endroit – Tiré de l’album Les Feux d’artifice (2014)
Après une escapade avec son groupe Circus composé d’ami(e)s (Stanislas, Philippe Uminski et Karen Brunon), Calogero revient en force avec Les Feux d’artifice en 2014. L’album est rempli de titres puissants, comme le premier single Un jour au mauvais endroit. Fait divers sordide à souhait : le meurtre de deux garçons, piégés dans un guet-apens. Ce crime a ému toute la France par sa violence extrême, et particulièrement Calogero. Car Calogero connaît bien Echirolles, il y a vécu. Cette banlieue de Grenoble, il l’a arpentée dans son adolescence. Ces garçons, cela aurait pu être lui. Ce titre devient la chanson de l’année aux Victoires de la musique.
J’ai le droit aussi – Tiré de l’album Feux d’artifices (2004)
Comme Tien An Men, Yalla, Un jour au mauvais endroit, Calogero s’empare souvent de sujets importants, quelques fois brûlants, des thèmes que l’homme a envie de défendre en tant que citoyen, homme. C’est le cas ici avec J’ai le droit aussi. Cette chanson, écrite par Marie Bastide, sa complice d’écriture et complice dans la vie, aborde le sujet de l’homosexualité. Pour Calogero, personne ne doit être jugé en raison de sa sexualité et l’amour est universel, même entre des personnes de même sexe. Cette chanson, il l’a interprétée au Gala de l’association Le Refuge, une association qui a pour but d’aider les homosexuels en détresse, parce que rejeté par leur famille, parce que victime de violences du fait de leur sexualité. Tout un symbôle.
Je joue de la musique – Tiré de l’album Liberté Chérie (2017)
Calogero disait d’Ennio Morricone : « sa musique ressemblait à la vie qui passe, au futur, au passé. Elle venait transpercer l’âme, elle venait à l’intérieur des gens ». C’est un peu la même chose avec Calogero, les titres que vous venez d’écouter le prouve. Je joue de la musique a cette pulsation ultra pop, cette énergie de vie qui résume bien la carrière de Calogero. Je respire musique, je réfléchis musique, je pleure en musique, … je sens la musique. La musique et Calogero, c’est une histoire d’amour. Une vie en musique, une vie de musique, tel pourrait être l’adage de Calogero. « Mon moteur, c’est la musique. (…) J’aime tellement la musique que ça rejoint l’amour finalement. Ça se confond. Et j’ai un amour tellement immense pour la musique… Pour moi, oui, c’est presque religieux » disait-il à France Info, il y a peu. Petite anecdote, cette chanson a été influencée par une chanson des Doobie Brothers, I listen to the music.
La rumeur – Tiré de l’album Centre-ville (2020)
Une équipe qui gagne et qui fonctionne, à savoir ses complices de longue date, Paul Ecole, Marie Bastide, son frère Gioacchino Maurici, ça ne se change pas. Toujours à mi-chemin entre chanson française et pop anglaise, Calogero aborde ici un thème contemporain de société. Ecrit par Paul Ecole, La rumeur dénonce les bruits de couloirs et le buzz constant dans la société. Ces rumeurs naissent, enflent et détruisent des vies.
Par choix ou par hasard – La chanson entre deux albums
Quand on donne comme titre à un de ses albums, Liberté Chérie, le texte humaniste et engagé de Par choix ou par hasard sonne comme un écho car ce titre est « un hymne à la France plurielle, …, cette France qui a accueilli ses parents, « par choix », où lui est venu au monde « par hasard ». Un Italien né en France, naturalisé « par choix » à 18 ans ». « Quand les Bleus remportent une coupe, on défile sur les Champs-Élysées, on se drape du tissu tricolore. Ce drapeau, je le porte sur la pochette de cette nouvelle chanson, moi, Calogero Maurici, fils d’immigré » dixit Calogero.
Le hall des départs – Tiré de l’album A.M.O.U.R (2023)
« Mes parents ont une histoire très romantique et bien sûr, ça m’inspire. Bon, ce n’est pas exactement la même histoire que moi puisque pour moi, c’est plus en pointillés ! » a souligné Calogero à France Info. Le Hall des départs ouvre les portes du nouvel album de Calogero. Duo avec Marie Poulain qui signe les paroles, le single, avec ses violons, scelle cette envie de Calogero d’aller vers l’univers des musiques de films (musique de film qu’il a déjà composé d’ailleurs avec Francis Lai pour Claude Lelouch, Les plus belles années d’une vie). Dans ce titre, Le hall des départs « on parle de l’arrivée et du départ. C’est un peu comme un yoyo et puis c’est surtout un socle un petit peu incertain. C’est ça qui est étrange dans l’amour et qui est à la fois magnifique, si on savait exactement la fin, ce serait très ennuyeux. Ce qui est génial dans l’amour, c’est de ne pas vraiment savoir » analyse Calogero.
Une énergie lumineuse voilà ce qu’est l’art de Calogero. Plus de 30 ans déjà et curieusement sa musique ne prend pas de rides, peut-être parce qu’elle est à l’image de cet homme, un être vrai.