La petite trêve des nouveautés qui généralement s’étire sur les mois décembre et janvier est bientôt révolue. Bertrand Belin, -M-, Lou Doillon, Tété et l’inépuisable Charlélie Couture sont sur la ligne de départ. Cinq artistes attachants, cinq univers bien à eux et cinq albums qu’on a hâte de découvrir pour ne pas rater une miette de ce début 2019.
« En Avant La Zizique… Et par ici les gros sous » titrait Boris Vian (dont un super coffret à son sujet vient tout juste de paraître) dans son célèbre essai sur le monde de la chanson et du music-hall français d’après-guerre.
En 2019, on verra aussi sûrement encore des disques et des artistes prétextes à remplir les tiroirs caisses plutôt que d’autres trucs un peu plus nobles. L’industrie et le marché du disque reste malgré tout, encore et toujours pourvoyeurs de rêves et d’émotions quelles qu’elles soient. Et c’est la raison qui nous pousse tous à continuer de tendre l’oreille sur ce qui fait l’actualité musicale. Artistes installés comme nouvelles têtes, nouvelles voix, nouveaux genres ou machines bien huilées, on attaque l’année avec 5 albums qui illustrent impeccablement la vitalité de la chanson, de la variété et de la pop française.
Matthieu Chedid, -M- à l’infini !
Avec un casting de gros bras (Philippe Zdar, Thomas « Daft Punk » Banglater), le fiston Chedid réendosse son costume -M- pour un nouveau 13 titres tout en souplesse funky. L’hyperactif chanteur et guitariste a à peine eu le temps de se remettre de ses frasques maliennes qu’il rempile pour ce nouveau tour de piste. Vous avez déjà probablement entendu un peu partout le single Superchérie, mais avec cette nouvelle livraison, c’est aussi l’occasion d’aller voir ce showman en tournée qui passera sûrement tout près de chez vous.
Lou Doillon, 3eme round 
Fibre indie rock encore pour Lou Doillon qui publiera son 3eme album tout début février. Avec cet intrigant titre, on peut lire çà et là, que la « fille de » continue son chemin de croix pour faire justement oublier qu’elle n’est pas que la « fille de ». Sur scène on la sait capable de lâcher prise. Marque de sincérité et une forme de courage que tous n’ont pas. En studio, c’est évidemment une autre histoire. Électrique au premier abord, Soliloquy bénéficie de l’appui de quelques savants bidouilleurs de consoles : Dan Levy (the Do), Benjamin Lebeau (the Shoes) et quelques autres têtes omniprésentes dans les productions frenchy qu’on qualifiera d’un poil branché. Un premier extrait convaincant et la suite, on l’attend. Vite !
Tété, le vrai du faux
Jeux de mots, contrepèteries et refrains bien emballés. Youpi, le nouveau Tété est arrivé. Septième album (déjà ?) de ce malaxeur de mots qui mine de rien, à coup de mini-tube et de collaborations pertinentes, s’est taillé une belle réputation dans le monde concurrentiel de la chanson et variété française. Fauthentique et ce premier extrait qui l’accompagne (King Simili), se veut un gentil coup de gueule, un regard malicieux, sur notre monde moderne ou tout le monde regarde la copie du voisin pour mieux se l’approprier. Des palabres à gogos sur fond de pop sans prétention, Tété et sa finesse d’analyse font mouche, encore une fois.
Bertrand Belin, initials B.B
Si ses initiales évoquent une icône française des sixties aux courbes généreuses, la voix, le flow et la prose de ce quarantenaire discret nous renvoit inévitablement à un autre grand personnage, notre regretté Bashung. Héritage, influence ? Qu’importe finalement. Belle gueule, chemise fifties et phrasé modéré, Bertrand Belin trace son sillon depuis presque une quinzaine d’années, sobrement, simplement, avec franchise et cette sensibilité qui nous plaît tant. Un musicien qui semble loin des remous de la vie qu’on imagine trépidante du monde artistique. Une forme de retenue qui n’a rien de snob, ni d’hautain, et ce nouvel album l’illustre à merveille. Belin ne donne pas de leçons, il écrit juste de belles chansons.
Charlélie Couture ne dort jamais
Et ce début 2019 verra aussi un nouvel opus du vétéran Charlélie Couture. Une voix reconnaissable entre toutes et un lègue musical sans fausse note qui couvre trente ans d’enregistrements. Sa marque de fabrique : des réminiscences de blues, de folk, de rock et de belles lettres. Des tempos paisibles qui épousent comme toujours à merveille le grain de cet artiste pluriel. Inépuisable et pince sans rire, à l’heure où certains vouent un culte au jeunisme, lui vient nous dire qu’il n’a même pas sommeil.
