En cette rentrée hivernale, les poids lourds américains comme Stephen King, Lisa Gardner ou encore l’insubmersible Mary Higgins Clark affirment leur présence face au contingent scandinave mené par Indridason, Adler-Olsen et une meute de jeunes loups venus du froid. De son côté, Maxime Chattam représente à lui seul le noir à la française. En grand format tout frais ou en version poche de rattrapage, l’année débute ici sous les meilleurs polars…
Rentrée scandinave
Pour mener ce groupe de nouveautés venus du froid, l’Islandais Arnaldur Indridason s’impose comme une évidence. Valeur sûre mondialement reconnue, le vieux sage de Reykjavik revient cet hiver avec Ce que savait la nuit, un cold case haletant relancé à la faveur du réchauffement climatique et mené par un enquêteur à la retraite.
Ancré, comme tout bon polar nordique, au contexte socio-politique de son pays, le nouveau thriller de Soren Sveistrup – à qui l’on doit l’excellente série TV The Killing – fait froid dans le dos, et pas seulement à cause de la météo glaciale qui sévit à Copenhague. Brutal et direct, Octobre s’annonce comme une virée sanglante dans les rues d’une capitale danoise terrorisée par un tueur ivre de vengeance.
Enfin, avec La folle enquête de Stieg Larsson, le journaliste suédois Jan Stocklassa rouvre le dossier de l’assassinat du premier ministre Olof Palme en 1986. Dans un style proche du polar, il y dévoile les archives secrètes de l’auteur de Millénium obsédé par cette affaire et par la menace que fait peser l’extrême droite sur nos démocraties.
Des nouvelles d’Amérique
Incontournable et en grande forme, Stephen King est de retour avec L’Outsider, un saisissant thriller teinté de surnaturel où il renoue avec la puissance narrative et évocatrice de ses grands classiques.
Également très attendue en ce début d’année : Lisa Gardner et son nouveau roman À même la peau. Entre meurtres en série ritualisés et sombres secrets de famille, la championne du best-seller angoissant y tricote une intrigue retorse et imprévisible qui fait sa marque de fabrique.
Autre représentante du thriller psychologique venu d’Amérique du Nord, la canadienne Lapena Shari poursuit son autopsie du couple avec L’Étranger dans la maison. Après un remarquable et remarqué premier roman, elle met une nouvelle fois à mal les relations amoureuses à travers une histoire d’amnésie destructrice dont personne ne sort indemne.
Nordiques de poche
Enfin disponible en version poche, Selfies est la septième et dernière enquête en date du Département V. Magistralement composé autour d’une histoire de meurtres de jeunes « perruches » biberonnées aux réseaux sociaux, ce nouveau volet de la série créée par Jussi Adler-Olsen se distingue comme d’usage par la consistance de ses personnages désormais familiers, son humour pince sans-rire et son intrigue complexe menée pied au plancher.
Direction l’Islande et son volcan cracheur de cendres au nom imprononçable en compagnie de Ragnar Jonasson. Avec Natt, troisième tome de la série Dark Iceland, la nouvelle coqueluche du polar islandais prend un malin plaisir à faire voler en éclats l’apparente tranquillité d’une petite communauté provinciale en la confrontant à la violence d’un meurtre odieux.
Rattrapages transatlantiques
De retour sur le continent, on ne manquera pas de répondre à L’Appel du néant envoyé par le maître du suspense made in France. Dans le troisième volet de sa toute dernière trilogie, Maxime Chattam entrelace deux intrigues ténébreuses où l’horreur des crimes en série répond à l’ignominie des attentats terroristes.
Un peu plus loin, de l’autre côté de l’Atlantique, on retrouve à l’occasion de cette rentrée polar hivernale deux dames en noir et un
novice promis à un bel avenir. Par respect pour son âge cannonique et sa carrière mirobolante, honneur donc à l’inoxydable Mary Higgins Clark. À la lecture de Noir comme la mer, millésime 2016 de sa production personnelle, il est évident que mamie polar n’a rien perdu de ses réflexes ni de son savoir faire quand il s’agit de maîtriser son « whodunit » jusqu’à la dernière ligne.
Bien plus jeune mais non moins dynamique, Lisa Gardner, décidément au cœur de l’actualité, fait une nouvelle fois admirer sa vituosité dans Le Saut de l’ange, un thriller psychologique familial où la vérité se dévoile à coups de twists implacables et de suspens insoutenable.
Enfin, La Femme à la fenêtre a beau être le premier essai d’un nouveau venu dans la galaxie du roman noir US, c’est avant tout un premier succès probant qui ne doit rien au hasard. Salué par de nombreux auteurs de renom pour sa redoutable efficacité, le roman d’A. J. Finn est une nouvelle variation habile de Fenêtre sur cour où la valeur des mots dépend avant tout de la personne qui les prononce.
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Aller + loin : Les auteurs venus du froid