A l’heure des frontières fermées et de ce coup de frein général (et nécessaire) sur nos envies de voyages, de nouveaux mondes à explorer et de régions lointaines à visiter, quoi de plus simple que de se mettre dans les oreilles les fréquences venues d’ailleurs. Halte à la suprématie anglo-saxonne ! Le temps est venu de plonger nos oreilles dans le bouillonnant chaudron de la « World Music » qui illustre à merveille l’ébullition musicale mondiale.
A l’heure des frontières fermées, de ce coup de frein général (et nécessaire) sur nos envies de voyages, de nouveaux mondes à explorer et de régions lointaines à visiter, quoi de plus simple que de se mettre dans les oreilles les fréquences venues d’ailleurs.
Halte à la suprématie anglo-saxonne ! Le temps est venu de plonger nos oreilles dans le bouillonnant chaudron de la « World Music » qui illustre à merveille l’ébullition musicale mondiale. Des quatre coins de la planète nous arrivent quelques succulentes nouveautés, dont certaines sont même déjà disponibles, youpi ! Une sélection d’artistes installés dans le paysage ou émergeants, non exhaustive, qui vous donnera on espère une idée de la vitalité des musiques dites du monde. Et comme vous le savez, si le monde est aujourd’hui sous cloche, il reste vaste et toujours générateur de surprises musicales inattendues.
Bonne écoute & bon voyage !
Altin Gün – Yol
Avec ce 3eme album, les rockeurs turco-néerlandais continuent leur chemin sur les sentiers de la gloire et les paillettes du dancefloor. La rançon du succès : tenir bon leur ligne de conduite et avoir su convertir les sceptiques quand on leur causait pop turque. Inspiré de l’âge d’or du genre (les années 70), Altin Gün s’immisce cette fois doucement dans la décennie suivante (les 80’s) avec des claviers qui n’ont rien à envier aux rejetons des années disco-pop. Saz branché sur wah-wah, vocaux orientaux et basse/batterie groovy, pas sûr que ce soit le genre de truc qu’apprécie Erdoğan. Nous en revanche on adore Yol !
Crimi – Luci e Guai
Un jour de 2020, entre deux confinements, une mystérieuse personne vous envoie le lien d’un single en or : Mano d’Oro ! Cette chanson addictive tournait secrètement depuis des mois sur nos écrans et sur quelques radios bien inspirées avant qu’on apprenne qu’un album allait voir le jour ce printemps. Sicilian soul précise le sous-titre du label qui publi ce premier album de Crimi. Pas complètement faux tant l’album piloté par Julien « Mazalda » Lesuisse est rempli d’histoires personnelles et notamment celles de sa grand-mère, sicilienne justement. C’est d’ailleurs surement elle, la mystérieuse personne qui nous a initialement fait connaitre ce groupe. Très beau projet aux résonnances méditéranéennes, qui flirte aussi avec les genres (jazz, rock, chanson populaire, funk…) et avec nos âmes tourmentées par cette interminable pandémie.
El Michels Affair – Yeti Season
Alors que le combo funk Menehan Street Band vient de publier un nouvel opus, son frère jumeau composé grosso modo des mêmes musiciens (El Michels Affair), fait sa mue bollywoodienne. Sur une solide structure soul-funk dont le producteur Leon Michel en bon pilote connait toutes les mécaniques, viennent se greffer des mélopées et autres vibrations du sous-continent indien. Sitar vibrantes, chant hindi, compositions et cuivres cinématographique qui jamais n’exclue ce fameux groove qui a fait la réputation de ces musiciens qui ont longtemps accompagnés le regretté soulman Charles Bradley.
Ballaké Sissoko – Djourou
Et re-voilà le chatoyant gratteur de cordes d’origine malienne. Vous l’aviez adoré avec son compère Vincent Segal sur un enregistrement devenu aujourd’hui quasi-culte (Chamber Music), retrouvez-le ce printemps 2021 en pleine forme et en très bonne compagnie. La kora de Ballake Sissoko, toujours plus réceptive aux rencontres et aux métissages en tous genres se fond admirablement avec une foule d’invité(e)s. Camille, Salif Keita, Feu ! Chatterton, Oxmo Puccino, Piers Faccini et la trop rare Sona Jobarteh, sa fille spirituelle et exceptionnelle instrumentiste dont le monde attend un album en bonne et due forme…Un jour, peut-être.
Noëmi Waysfeld – Soul of Yiddish
Si vos lacunes en anglais ne vous permettent pas de comprendre le titre du 4eme album de Noëmi Waysfeld, sachez que la simple écoute de ces nouveaux morceaux devrait y remédier. Une voix d’exception, des arrangements subtils, une élégance acoustique et une finesse d’interprétation qui a tout de naturelle, c’est aussi ça la magie de cette âme yiddish que chante Noëmi Waysfeld. Pas de raccourci « folklorique » ici, mais des compositions justes et des réinterprétations envoutantes du répertoire populaire yiddish. Entre poésie, mélancolie et ce métissage propre à l’exil, un élément indiscutable que l’on retrouve au sein des musiques de culture juive. Et le temps qu’on trouve bien long en ce moment semble en suspens, le temps d’une ou deux chansons. Une histoire qui nous rappelle que prendre son temps pour réaliser un album à l’heure de cette course folle à la mise en ligne, est surement un gage de qualité et de sagesse. Noëmi Waysfeld publie ses beaux refrains lorsqu’ils ont fait leur bout de chemin et qu’Odessa n’est peut-être plus très loin…
Urban Village – Udondolo
De l’Afrique du Sud nous arrive ce quartet richement nourri de toutes les vibrations dont cet immense pays au triste passé regorge. Chœurs et guitares zoulou, gospel, kwela jazz, pop, touches hip hop, folk,… Urban Village est symptomatique de Soweto, la ville dans la ville se fait donc ici village. Et dans ce QG où s’entremêle traditions et modernité, la magie opère avec l’aide de ce fleuron frenchy qu’est NO Format, label aux oreilles grandes ouvertes sur le beau et parfois le bizarre. Un album aux milles couleurs logiquement représentatif de la nation arc en ciel. Si un maudit variant du Covid sévit actuellement dans ce coin d’Afrique australe, le remède ici présenté est sans danger. Foncez !
Quetzal – Puentes Sonoros
Rarement promu de ce côté-ci de l’atlantique, sachez quand meme que le groupe d’origine mexicaine Quetzal célèbre ses presque 30 ans d’existence avec ce nouvel opus pour la firme institutionnelle Smithonian Folkways (rattachée à la Librairie du Congrès). Rythmes et voix aussi puissants qu’accrocheurs, le groupe né au cœur de East L.A, quartiers hispano de la mégapole californienne s’inspire tout autant de l’énergie du rock, des musiques latines que du son jericho de Veracruz. Une recette bien épicée qui selon les titres vous fait sauter, danser, voyager…Ou même pleurer.
Joao Selva – Navegar
Et un tour côté brésil… enfin presque, puisque cet album du brésilien Joao Selva a été produit et réalisé ici même, dans l’hexagone par l’entremise du producteur touche-à-tout Patchworks. Un architecte musical dont vous lirez le nom sur nombre projets si vous regerdiez un peu moins votre téléphone et un peu plus les crédits des albums que vous achetez/écoutez. Mais revenons sur ce Navegar ! Vous aimez Gilberto Gil, Jorge Ben, Tim Maia, les grooves made in brazil et plus généralement la MPB (Musica Popular Brasileira), vous pouvez y aller les yeux fermés, les oreilles grandes ouvertes et les pieds bien chaussés.