Entre documentaires musicaux et films de guerre, thrillers et polars, drames intimes et comédies noires, la rentrée ciné 2022 s’annonce aussi éclectique que chargée. Voici quelques-uns des films immanquables à voir dans les semaines à venir.
Les Cinq Diables
Sortie le 31 août
Cousine éloignée du Jean-Baptiste Grenouille du Parfum, Vicky (Sally Dramé) a un don pour les odeurs, une quête qui la conduit dans des destinations lointaines, obscures, magiques, mais aussi dans des secrets de famille tournant autour de sa mère Joanne (Adèle Exarchopoulos). Les Cinq Diables confirme la singularité de Léa Mysius, entre fantastique et naturalisme, une captation à vif de personnages entiers et bruts, dans une mise en scène impressionnante de maîtrise.
Kompromat
Sortie le 7 septembre
Ça commence comme dans un Hitchcock : Mathieu (Gilles Lellouche), expatrié français en Russie, est victime d’un Kompromat : les services secrets russes ont créé de faux documents compromettants pour le faire plonger pour des motifs terribles. Seule une évasion peut le sauver. Avec deux spécialistes du cinéma musclé à la française, le réalisateur Jérome Salle et l’acteur Gilles Lellouche, Kompromat délivre sa dose de thriller concentré pour ce voyage au bout du cauchemar.
Tout le monde aime Jeanne
Sortie le 7 septembre
Jeanne (Blanche Gardin), quadra surendettée, doit vendre l’appartement de sa défunte mère à Lisbonne. En proie à la dépression qu’elle voit sous les traits d’une créature chevelue, elle rencontre un ancien camarade de classe très excentrique (Laurent Laffitte). Une comédie sur la dépression ? Le choix était risqué mais la réalisatrice Céline Devaux trouve le ton juste, parfaitement relayée par une Blanche Gardin toute à son emploi.
Rodéo
Sortie le 7 septembre
A la limite de la légalité, la motophile Julia (Julie Ledru) découvre le cross-bitume, pratique dangereuse mais bourrée d’adrénaline à base de cascades stupéfiantes à moto. Elle tente de se faire une place dans le milieu. Lola Quivoron livre son regard de passionnée avec Rodéo, quitte à exciter la polémique. Elle livre par la même occasion un film atypique dans la production française par son focus sur la bikelife.
Revoir Paris
Sortie le 7 septembre
Une qui ne se souvient de rien (Virginie Efira), un qui se souvient de tout (Benoît Magimel) ; sur un principe rappelant Mysterious Skin, l’attentat remplaçant les abus sexuels, Revoir Paris est un film de mémoire, celle des survivants d’un traumatisme – ici celui du 13 novembre – leur reconstruction, les amnésies, la reprise du contrôle de sa propre vie. Drama sobre mais poignant, le film d’Alice Winocour vise la catharsis et l’empathie avec une justesse étonnante.
Chronique d’une liaison passagère
Sortie le 14 septembre
Ou chronique d’une liaison purement sexuelle entre une femme et un homme, confrontés à la complexité inattendue de leur relation de départ. Ce pitch réchauffé passe au filtre régalant d’Emmanuel Mouret, expert en badinage, échanges spirituels et amour courtois. Son style se met au service d’une méditation sur les situations amoureuses liminales, souvent inattendues. Chronique d’une liaison passagère stimule par son sens de l’ellipse, et le couple Sandrine Kiberlain–Vincent Macaigne est un parfait relais des entêtantes réflexions du réalisateur.
A propos de Joan
Sortie le 14 septembre
Joan Verra (Isabelle Huppert) voit débarquer chez elle un ancien amour, elle ne lui dit rien du fils qu’elle a eu de lui, mensonge qui l’entraîne dans une intense rétrospective de sa vie. Avec A propos de Joan, la reine Huppert trouve un nouveau rôle à sa hauteur, d’une rafraîchissante complexité. Une recherche à l’unisson de la nostalgie du temps passé, que Laurent Larivière capte au fil de flashbacks.
Canailles
Sortie le 14 septembre
Un casse qui tourne mal et voilà le malfrat Antoine (François Cluzet) forcé de chercher asile chez un prof qui n’a rien demandé (José Garcia), pendant qu’il est poursuivi par une enquêtrice opiniâtre (Doria Tillier). Le vieux ressort de la cohabitation forcée a encore de l’allant, faisant de Canailles une joyeuse comédie des contraires, mitonnée par Christophe Offenstein (Comment c’est loin).
Moonage Daydream
Sortie le 21 septembre
Un documentaire sur David Bowie qui se respecte ne pouvait qu’être à la hauteur du chanteur-acteur caméléon. Trip psychédélique mixant archives, film, hallucinations, dans une grandiose immersion dans l’âme de l’artiste, Moonage Daydream est un des documentaires musicaux les plus ambitieux et bigarrés qui soit. Antichronologique et plus thématique, le film de Brett Morgen confirme son sens visuel vertigineux au service d’artistes subversifs (Kurt Cobain: Montage of Heck).
Don’t Worry Darling
Sortie le 21 septembre
La vie idyllique d’un couple des années 50 dans une communauté fermée se fissure quand Alice (Florence Pugh) soupçonne que leur train de vie financé par la société où travaille son mari Jack (Harry Styles) cache de noirs secrets. Quel est le lien avec le mystérieux Victory Project ? Thriller psychologique de la plus belle eau des frères Carey et Shane Van Dyke et de Katie Silberman, Don’t Worry Darling met la barre haut pour la réalisatrice-actrice Olivia Wilde, qui signe là son troisième film.
Les Enfants des autres
Sortie le 21 septembre
La surdouée Rebecca Zlotowski revient pour Les Enfants des autres, un drama plus sobre qu’à son habitude. A travers l’histoire de Rachel (Virginie Efira), 40 ans sans enfant qui découvre la parentalité en s’occupant de la fille de son nouveau mec (Roschdy Zem), la réalisatrice sait capter cette incertitude, cette défiance et cette envie d’abandon qui accompagne chaque bouleversement de vie. Son sens dramatique demeure d’une inépuisable efficacité.
The Woman King
Sortie le 28 septembre
Le Dahomey africain du XIXe siècle ploie sous la pression de son ennemi mitoyen qui veut les détruire. La plupart des combattants masculins étant morts dans les conflits passés, le royaume doit créer Les Agojie, armée entièrement féminine, dirigée à cette époque par la générale Nanisca (Viola Davis). Un sujet qui a passionné les scénaristes Dana Stevens et Maria Bello. The Woman King est un rarissime représentant d’un film de guerre au féminin, doublée d’action spectaculaire et d’un souffle héroïque constant, portés par la réalisatrice Gina Prince-Bythewood.
Smile
Sortie le 28 septembre
A la suite d’un terrifiant incident avec un patient, l’esprit de la psychiatre Rose Cotter (Rosie Bacon) déraille. La voilà confrontée à des évènements de cauchemar. Quel est le lien avec cette récente série de meurtres où les victimes ont été retrouvées avec un sourire hideux sur le visage ? Parker Finn adapte son court-métrage en long et met en place une atmosphère brillamment malaisante, aux scènes dérangeantes.
Sans Filtre
Sortie le 28 septembre
Film de naufragés, Sans Filtre regarde des ultra-riches échoués sur une île s’étriper entre eux. De ce pitch classique, Ruben Östlund dégaine la mitraille à acide et fait preuve d’une inventivité comique permanente au long de ce jeu de massacre à hurler de rire (noir). Dépourvu des aspects les plus dérangeants de ses précédents films, mais plus jubilatoire, Sans Filtre est une décharge cathartique réjouissante, justement récompensée de la Palme d’or 2022.