Plus personne ne danse sur le pont d’Avignon et Maman n’est pas en haut à faire du gâteau. Les enfants ont droit à de la vraie musique, tant mieux pour leurs oreilles… et pour les votres.
Je me souviens d’une cliente pour qui il était vital de trouver un disque pour enfant « écoutable ». Elle avait fait le trajet Bordeaux – Paris en écoutant une cassette de Oui-Oui en auto-reverse. Le fiston était malade, et se concentrer sur les histoires et les chansons de l’insupportable lutin, était la seule chose qui l’empêchait de pleurer. Résultat, une mère au bord de la crise de nerfs, qui se demandait s’il ne serait pas plus simple d’oublier son rejeton sur une aire d’autoroute.
Tout ça pour dire que le choix d’un disque pour enfant n’est pas dénué d’enjeu. Il s’agit d’éviter les nuisances sonores, et de prendre du plaisir. Evidemment tout parent averti aura dans sa discothèque Les petits loups du Jazz, Pierre et le loup, voire quelques albums de Zut ou Steve Waring.
Mais d’autres artistes qui ne s’étaient pas destinés initialement à la chanson pour enfants ont décidé d’y contribuer. Le fait d’avoir des mômes a pu susciter chez certains l’envie de s’adresser à ce nouveau public, plutôt reposant en concert : pas de pogos, pas de stage diving…
Commençons par Aldebert, artiste méconnu du grand public mais incontournable, qui sort un deuxième volume d’Enfantillages. Le premier était déjà particulièrement réjouissant. Pas mièvre pour un sou, certaines paroles peuvent parfois échapper aux plus petits :
« Ta chambre c’est la forêt tropicale, j’en ai même parlé à mon psy, mardi j’ai frôlé l’hopital, en marchant pieds nus sur une toupie » (Range ta piaule)
En revanche, ils feront rire les parents, car les textes d’Aldebert sont bourrés d’humour, voire de folie sur Le p’tit veut faire de la trompette ou Du gros son. Deux niveaux de lecture, comme dans les Dessins Animés Pixar, qui permettent de profiter en famille du disque. Vous pourrez rire ensemble de La vie d’écolier ou chanter en chœur Mon père il est tellement fort. Le premier Enfantillages a été si apprécié, que toute la Chanson Française s’est précipitée pour participer à cette suite toute aussi inspirée : Sansévérino, Ben Mazué, Ben Ricour, Ours, Didier Wampas, Kassav’, Les Yeux Noirs, Zola Tempo, Bénabar, François Morel, Louis Chédid, Claire Keim, Alexis HK, Sirius Plan, Jérome Daran, Alizée, Carmen Maria Vega, Leeroy, Archimède et Sophie Tith, non vous ne rêvez pas.
Vous trouverez ci-dessous un des épisodes du making of d’Enfantillages 2, représentatif de l’humour et de la sincérité qu’on trouve sur ce disque :
Que ceux qui n’ont pas d’enfants se rassurent, il n’y a pas obligation d’en avoir pour acheter cet album.
Autre projet, tout aussi réjouissant : Pitt Ocha. Troisième volume déjà pour ce personnage dont les aventures sont chantées par les Ogres de Barback, un des groupes français les plus importants de ces 20 dernières années. Tout comme Aldebert, ils n’ont pas laissé la scène française insensible : Anne Sylvestre, Manu Chao, Thomas Fersen, Danyel Waro, Juliette, Emily Loizeau entre autres font une apparition sur cet album. C’est à la fois riche musicalement, et dense au niveau du texte. Pitt Ocha fonctionne comme un conte, comportant à la fois des chansons entrainantes et une narration élaborée, ce qui permet d’écouter le disque plusieurs fois sans se lasser. Il existe d’ailleurs des versions Livre avec un CD.
Ce format a été privilégié par les Editions Milan pour leur collection Tintamarre, qui à ce jour contient 7 albums, dont un écrit et chanté par François Hadji-Lazaro et un autre par Oldelaf.
Tous ces disques ont des points communs, c’est un régal au niveau des textes, et musicalement, ça n’a rien à envier aux disques qui ne sont pas destinés aux enfants. Ce serait même plutôt au dessus du lot, ce qui ne surprendra pas ceux qui connaissaient déjà ces artistes. Du plaisir donc, à partager en famille.
