La pop occidentale serait de plus en plus déprimante, d’après une récente étude d’une sérieuse revue scientifique américaine. Suite au succès mérité de leur premier album éponyme, le trio londonien a été un peu rapidement propulsé chef de file de la catégorie du retour des corbeaux. Car la musique de The XX se définit moins par son côté dépressif que par sa propension à l’épure et à la mélancolie…
Trois ans après leur premier essai, Romy Madley Croft, Oliver Sim et le très en vue Jamie Smith sont de retour avec Coexist. À l’écoute de ce deuxième opus, la formule ne semble avoir été globalement modifiée. Dès Angels, nous sommes en terrain connu, la voix délicate et blessée de Romy nous accueille, avec en fond quelques roulements, un beat amputé et une guitare atmosphérique. Marque de fabrique du trio, on retrouve tout au long de l’album cette fameuse guitare aérienne, comme sur le lumineux Try. Les voix d’Oliver et de sa partenaire se croisent, se frôlent et s’entremêlent avec bonheur sur Chained, qui flotte sur une rythmique dubstep anémique mais néanmoins tonique, tandis que le point d’orgue de cette complicité vocale divulgue toute sa magie sur le superbe Unfold.
Le sorcier des machines Jamie « XX » Smith ne donne jamais dans la surenchère, mais parvient à offrir une subtile diversité de beats. Reunion et Sunset s’enchaînent presque, le premier dévoilant un beat minimal, le second morceau proposant un orgue sauvage et un tempo plus rapide, à l’instar de l’entraînant Tides. Les claps noyés d’effets et le beat uptempo, couplés aux voix sensuelles du tandem font sans aucun doute du fabuleux Swept Away le sommet de ce disque.
Coexist ne propose pas de révolution à proprement parler, mais son charme opère au gré des écoutes. L’album envoûte au fur et à mesure, et se paye même le luxe de prendre son envol définitif sur la fin. Élaborant un son qui n’appartient qu’à lui, The XX offre un nouvel album de pop mélancolique et lumineuse, aérienne et rampante, élevant l’épure au rang d’art. Vous avez dit déprime?