Ayant débuté au sein du groupe new wave Talking Heads, l’infatigable David Byrne a depuis tracé un parcours solo fort d’innovations et d’expérimentations. Fondateur du label world Luaka Bop, il n’a cessé de repousser les frontières musicales. Alors que Byrne est de retour cet automne 2025 avec un nouvel album « Who Is The Sky ? », retour sur le parcours du pionnier écossais de 73 ans.
Bien qu’il soit né en Ecosse en 1952, David Byrne a grandi à Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Après quelques expériences dans de petits groupes, il monte une formation avec ses amis Chris Frantz et Tina Weymouth sous le nom The Artistics, qui deviendra rapidement Talking Heads.
Les trois compères signent avec le label Sire pour quelques albums visionnaires. Entre 1977 et 1980, Talking Heads 77, More Songs About Buildings And Food et Remain In Light font de Talking Heads un groupe important et populaire – 80 % des morceaux de ces trois premiers albums étant écrits et composés par Byrne en personne.
L’arrivée du génial Brian Eno sur le fameux Remain In Light leur assurera un succès plus large : le producteur anglais expérimental, féru d’électronique, amène ainsi la formation sur un autre niveau. Aux solides bases mélodiques de David Byrne s’ajoutent cuivres, percussions africaines, basse et claviers funk ainsi qu’un peu d’électronique… et le tour est joué ! Parmi leurs tubes se démarque Once In A Lifetime, devenu un titre à la renommé planétaire.
Un album particulièrement créatif qui exercera une influence majeure sur de nombreux artistes, préparant habilement le terrain d’une carrière solo pour David Byrne – les Talking Heads se sépareront en 1991.
En solo, Byrne excelle
En 1981, David Byrne sort son tout premier album, un an après la sortie de Remain In Light. Aux côtés de Brian Eno, avec qui il écrit et compose l’intégralité de My Life In The Bush of Ghosts, le chanteur signe une œuvre totalement expérimentale. Le bassiste Bill Laswell, tout aussi passionné d’expérimentations musicales qu’eux, est invité à y participer
Dans cet opus, David Byrne affirme déjà son goût pour la world music : musiques égyptiennes, voix libanaises, percussions africaines… Le résultat ? Un album coloré, enraciné dans diverses cultures et religions, précurseur de ce que sera la world music des années 1990. Les titres Regiment, Jezebel Spirit ou Help Me Somebody esquissent les voies que l’artiste souhaite emprunter.
La même année, Byrne enregistre The Catherine Wheel, une bande-son destinée à un spectacle imaginé par la chorégraphe Twyla Tharp et donné sur Broadway. Porté par les rythmiques de Yogi Horton, l’ensemble se teinte d’une couleur funk singulière. Une œuvre brillante qui confirme non seulement le statut avant-gardiste de l’artiste écossais, mais aussi son goût prononcé pour les musiques du monde.
Depuis 1981, David Byrne a enregistré 24 albums, entre projets solo et musiques de film. On lui doit par exemple celle du Dernier Empereur en 1987, en collaboration avec le compositeur Ryuichi Sakamoto. À retenir en priorité les albums cités ci-dessus, ainsi que Rei Momo (1989), Feelings (1997), Grown Backwards (2004), Here Lies Love (2010), Love This Giant (2012), American Utopia On Broadway (2018) et le dernier, Who Is The Sky (2025).
Au fil des ans, le chanteur a collaboré avec des artistes aussi éclectiques et passionnantes que Morcheeba, Belle and Sebastian, Mogwai, Fatboy Slim, Sharon Jones, Cyndi Lauper, St Vincent ou encore Paramore.
Luaka Bop, son label créatif et précurseur
Toujours à l’affût de nouveaux sons, David Byrne a créé le label Luaka Bop en 1988, qui a pour but de signer des artistes issus des cultures du monde entier et d’en assurer la promotion. Il sera aussi prétexte à des rééditions d’albums de musiques traditionnelles historiques. Les premières sorties ? Des compilations de musiques cubaines et brésiliennes.
Rapidement, le label a signé son premier artiste, Tom Zé, leader du mouvement Tropicalia dans les années 1960 – en perte de vitesse. S’ajouteront Djur Djura (collectif franco-algérien de 22 musiciens) et Zap Mama (quintet vocal belgo-zaïrois) en 1993, puis Shuggie Otis, Silvio Rodriguez, Susana Baca ou Floating Points.
En 2025, le label Luaka Bop a fêté ses 27 ans : une belle histoire forte de succès, de couleurs, de cultures et de religions.
Ecouter David Byrne aujourd’hui a encore du sens afin de profiter de ses innovations ou de nouvelles directions créatives. À l’origine d’une multitude de musiques sans barrières, il a toujours été libre, jamais freiné par les volontés d’une maison de disques – autre point commun avec les artistes contemporains.
Avec son nouvel album Who Is The Sky ?, David Byrne signe une œuvre pop vibrante et accessible, portée par une énergie joyeuse et une créativité sans cesse renouvelée. Collaborant avec l’ensemble new-yorkais Ghost Train Orchestra et le producteur Kid Harpoon, il tisse une toile sonore mêlant cuivres mariachi, rythmes cubains et orchestrations hollywoodiennes, illustrant sa capacité à fusionner mélodies accrocheuses et arrangements inventifs.
On ne manquera pas d’aller applaudir la légende Byrne en concert à La Seine musicale le 19 mars 2026.
