Critique

Le cercle des jours de Ken Follett : retour à la Préhistoire pour le maître du Moyen-Âge

26 septembre 2025
Par Robin Negre
Le cercle des jours de Ken Follett : retour à la Préhistoire pour le maître du Moyen-Âge
©Robert Laffont

Avec Le cercle des jours, l’auteur emblématique propose de revenir à l’aube de l’humanité pour raconter la naissance du mythique Stonehenge.

Deux ans après Les armes de la lumière (Robert Laffont), cinquième tome de la saga culte Kingsbridge entamée avec Les piliers de la terre (Robert Laffont) en 1990, Ken Follett est de retour avec un roman indépendant, qui poursuit sa grande exploration de l’histoire humaine.

Dans Le cercle des jours, il s’attaque à l’un des plus grands mystères de l’humanité : Stonehenge. Le livre, construit à l’image d’une grande fresque peuplée de nombreux personnages, est un nouveau tour de force pour l’auteur, qui utilise l’histoire et les anciennes civilisations pour s’attarder sur l’intime et l’authentique.

Il y a 2 500 ans, dans l’actuelle Grande-Bretagne, Seft, talentueux tailleur de pierre, traverse la grande plaine dans l’espoir de retrouver Neen, à l’occasion du grand solstice d’été qui réunit les clans. Tout en espérant quitter son monde fait de violence, il trouve, en la sœur de Neen, Joia, une alliée inattendue qui a un projet fou : bâtir un immense cercle de pierres pour rassembler les communautés ennemies de la plaine.

Les deux personnages se lancent dans ce projet, tout en subissant les aléas de la vie et les choix humains. Sur plus de 1 000 pages, Ken Follett dresse un portrait saisissant d’hommes et de femmes d’une époque révolue, et parvient à faire ressortir de son récit les fondements de l’humanité, qu’ils soient architecturaux ou émotionnels.

Évoquer la naissance d’un mythe

Stonehenge fascine. Ce monument mégalithique construit sur une période de plusieurs centaines d’années demeure l’un des grands mystères de l’humanité, preuve de la richesse ancestrale de la condition humaine et de l’adaptation à toutes époques des hommes et des femmes. En utilisant, comme base de son nouveau roman, la construction de ce que deviendra Stonehenge, Ken Follett s’inscrit de nouveau dans ce qui a fait sa renommée : parler des grandes créations humaines, des défis architecturaux et des prouesses techniques, tout en quittant le Moyen-Âge, sa période de prédilection, pour arriver jusqu’à la Préhistoire. Une époque plus aride et plus froide, qui permet à l’auteur d’ajouter un aspect ésotérique à son roman.

Plus il remonte dans le temps et plus ses livres semblent cacher un secret qu’il ne partage pas avec ses lecteurs, favorisant une ambiance, ouvrant le spectre de l’imagination et éveillant la curiosité de celui ou celle qui le lit. Le cercle des jours est sans doute l’une des œuvres les plus étranges de Ken Follett. À travers sa grande fresque, il donne quelques réponses, romance l’histoire, mais n’affirme aucune vérité. Mieux encore, il invite le lecteur à imaginer, à son tour, quels sont les destins qui évolueront autour de Stonehenge pendant les siècles suivants.

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Parler des sentiments humains

Si Stonehenge englobe le récit, l’auteur n’oublie jamais de parler avant tout des hommes et des femmes qui peuplent son histoire. Il reste focalisé sur les sentiments humains, les relations et les liens qui unissent les protagonistes. Ken Follett parvient ainsi à rendre son histoire totalement universelle et intemporelle.

Dans Le cercle des jours, il ne tente pas de raconter seulement la naissance de Stonehenge, mais bien de faire comprendre que l’humanité est une histoire de perpétuel recommencement : les hommes et les femmes aiment, se quittent, se retrouvent, se déchirent, s’affrontent et se pardonnent, quels que soient l’époque, les temps ou les civilisations. La longévité de l’espèce humaine est indubitablement la toile de fond de ce nouveau livre.

Avec Le cercle des jours, Ken Follett réussit un tour de force. Il parle de la grande histoire (Stonehenge), tout en s’intéressant aux petits récits, en suivant les vies de personnages tombés dans l’oubli il y a plus de 2 500 ans. Conservant ses thématiques de prédilections, telles que la transition du bois périssable vers la pierre éternelle, l’auteur parvient à plonger le lecteur dans une période inédite avec ses caractéristiques et ses différences.

Retrouvant la richesse et la beauté des intrigues de ses précédents livres, il signe une fresque touchante, qui interroge la place de l’être humain sur Terre et la trace qu’il laisse pour les générations suivantes. Mélancolique et passionnant, Le cercle des jours habite le lecteur même après la lecture : il invite à observer l’environnement et à se questionner sur ceux qui étaient là auparavant.

Le cercle des jours, de Ken Follett, aux éditions Robert Laffont, 1 224 pages, le 25 septembre en librairie.

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