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Zaz : pourquoi « Sains et saufs » est son album le plus personnel

30 septembre 2025
Par Manue
Zaz : pourquoi "Sains et saufs" est son album le plus personnel
©tôt Ou tard

Zaz, la petite fée de la chanson française est de retour avec un sixième album, « Sains et saufs », sorti le 16 septembre dernier. En quinze ans, son parcours s’est montré riche de rencontres et de tournées mondiales. Cet opus, elle l’annonce comme son plus intime. On vous explique pourquoi.

Avec son sixième album « Sains et saufs », Zaz elle nous ouvre les portes de son univers. Cette fois, l’artiste explore des thèmes profondément humains : résilience, fragilité, mais aussi la joie simple de vivre. Inspirée par ses rencontres, ses voyages et les moments marquants de sa vie, la chanteuse mélange ses racines françaises avec des sonorités modernes, donnant à ses chansons une énergie à la fois tendre et touchante. 

Le pardon

La chanson Je pardonne entame cet album riche en émotions. Et ce n’est pas pour rien. Le pardon est le fruit d’un long parcours personnel, entamé depuis plusieurs années, notamment lors de la crise du Covid, en plein confinement.

Quand on est célèbre, on est facilement – avec l’avènement des réseaux sociaux – soumis à la critique, parfois violente, loin de toute bienveillance. C’est ce qu’a vécu Zaz. Elle, qui ne recherchait que l’amour, s’est retrouvée face à la haine. Que faire dans cette situation ? Répondre, quitte à donner du grain à moudre ? Se taire et faire fi des commentaires ?

L’artiste de 45 ans a choisi de parler, mais en chanson.

Comme à son habitude, Zaz est d’une authenticité et d’une sincérité désarmantes. Pourquoi pardonner ? Pour avancer, pour ne pas se laisser envahir par la colère ou de mauvaises émotions, et pour transcender l’adversité. Le pardon est un acte fort, une manière d’apaiser les blessures laissées par la haine et la violence verbale gratuite.

Les paradis artificiels

Etre sincère, sans faux semblants, suit cette logique du pardon. Dans ce nouvel opus, Zaz crée une intimité avec l’auditeur qui permet de la délivrer, notamment sur Au pays des merveilles. Depuis qu’elle est revenue dans la lumière en tant que coach de l’émission The Voice, et avec la présentation de son album, Zaz ne cesse de se livrer sur quelques passages de sa vie – certains étant particulièrement sombres.

Elle a avoué être tombée dans la drogue jeune, une manière de gérer le tumulte des émotions trop fortes qui faisaient rage en elle. Les abus illicites, elle connaît : cocaïne, héroïne, cigarettes, alcool… Peur d’être jugée et critiquée, elle a longtemps caché ses fêlures. Aujourd’hui, l’artiste se révèle prête à les affronter. Mille fois, elle aurait pu y laisser sa peau, et pourtant, elle est là aujourd’hui, à chanter avec une franchise désarmante :

« J’voudrais pas qu’un soir on m’écrive – Que trop d’cachets sous les gencives – Tu as fait ton dernier voyage – Pour un sachet de mirages »

En 2020, le confinement a été le déclic de sa résurrection. Un jeûne et beaucoup d’amour ont été les premières étapes pour s’éloigner de ces paradis artificiels.

« Ce que je raconte dans mes chansons, dans mes albums, c’est ce que je suis, c’est mon histoire, ce que je traverse. Pour cet album, j’avais besoin de raconter des choses personnelles. C’est mon album ! Si je ne raconte pas ce que je suis et ce que je vis, je vois pas ce que je vais raconter », explique-t-elle lors d’une entrevue avec Pure Charts.

Le deuil

Un des moments forts – parmi les nombreux de cet album – est la chanson sur le deuil de son père. Dans Que des liens, Zaz évoque avec pudeur ce qui la traverse durant cette période délicate. Mais rien de larmoyant. Les compositeurs Noé Preszow et Puggy ont réussi à mettre des mots d’une luminosité étonnante sur un des passages les plus difficiles d’une vie, le deuil d’un parent :

« Bien sûr le dernier repas – Bien sûr le dernier éclat – Prendre ta main, une dernière fois – Te parler tout bas – Soudain la terre qui tangue un peu – Et mon ciel qui se cherche un Dieu – Les larmes qui descendent puis remontent – J’écoute tout ce qu’on me raconte »

La sobriété du texte et la profondeur de son interprétation font de ce morceau une des pièces les plus fortes de cet album (avec Je pardonne – à mon goût).

Raphaël, l’ami de toujours

On ne peut pas parler de cet album sans parler du duo que Zaz forme avec le chanteur Raphaël, l’ami présent depuis ses débuts – celui qui a écrit trois des titres de son premier album, Zaz, dont le sublime Éblouie par la nuit. Sur Une passerelle vers la mer, l’artiste de 49 ans répond à nouveau présent.

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Sur le plateau de C à vous, elle se confie sur cette amitié si particulière : « On a une histoire vraiment ensemble et je le vois évoluer. Il a une poésie, il a quelque chose qui est propre à lui, que je ne retrouve nulle part ailleurs.«  

Une connexion qui se ressent pleinement dans une ballade qui se démarque, dans un titre qui ne ressemble définitivement en rien aux autres.

Le sourire comme arme de joie

On lui a quelques fois reproché sa fougue, ce sourire accroché à ses lèvres, cette joie dans sa manière d’être et de chanter. Pour Pure Charts, elle évoque la fois où elle a été marraine des Restos du coeur à Tours. Ce jour-là, fait de partages et de joies, à rencontrer des gens et chanter pour eux, n’a pas plu à tout le monde. Certains, qui vivaient des moments difficiles, loin de Tours, lui ont demandé : « Comment tu peux être heureuse alors que nous vivons l’horreur ? Comment tu peux chanter comme ça ?« 

Pourtant, sa joie de vivre, son sourire et sa bonne humeur sont sa manière à elle de répondre à la violence du monde : ce sont ses armes. Comment imaginer qu’une femme ayant vécu dans la rue puisse oublier d’où elle vient ? Bien sûr que Zaz est sensible au monde et aux autres. Et bien sûr que l’injustice la met en colère, comme elle le chante dans Mon sourire :

« C’est pas parce que je ris que j’en oublie nos peines – Pas parce que je souris lorsque je monte en scène – Que je reste insensible aux laideurs de ce monde – J’aime me dire que la vie est un cadeau du ciel – Et je danse sous la pluie comme une enfant rebelle – Et je chante l’embellie lorsque le tonnerre gronde »

Face à la violence du monde qui la touche

La chanson Mon dieu va dans ce sens. Née d’une collaboration avec Vianney et Tristan Salvati, ce titre traite de la guerre, de son lot d’injustices, de souffrances et de morts. Ce qui en fait son originalité, c’est son dialogue. Un échange dans lequel la Terre s’adresse à Dieu, lui expliquant que les hommes l’ont abandonnée. Une subtilité d’angle qui fait toute la différence et la beauté de cette chanson :

« Je t’écris depuis ta maison – Je t’en prie si tu lis, réponds – Entre les larmes et les cris – Je te parle depuis une double nation – Je t’écris car t’es mon père – Que mes enfants font la guerre – Moi, je suis une terre qui pleure de perdre la raison – Je t’en prie, réponds Mon Dieu, mon Dieu – M’ont-ils abandonnée – Mon Dieu, mon Dieu – Moi, la Terre oubliée ? – Mon Dieu, mon Dieu – Pardonne-les – Apprends-leur à aimer. »

D’amour, cet album n’en manque pas. Il n’est fait que de ça. Il en est l’ossature, toujours là, tapi : l’amour des autres, mais aussi l’amour de soi, comme dans Sains et saufs.

La renaissance

Cet album semble le début d’une nouvelle ère, déjà plus ou moins opérée avec Isa. Zaz se confie plus que jamais, se livre sans fard. Cela donne un album fort, prenant, passionnant. Dans On peut comme ça, la chanteuse de 45 ans parle de chemins que l’on peut prendre ou ne pas prendre, d’orages à affronter ou à ne pas affronter. Être victime ou décider de ne plus l’être ? Zaz a choisi la renaissance.

« On peut comme ça parce qu’il faut bien – Vivre sa vie, se prendre en main – Se prendre pour un marin – Vérifier si l’eau, ça mouille – Danser avec les grenouilles -On peut comme ça, c’tait pas prévu -Replonger dans l’inconnu – On peut comme ça, c’tait pas prévu – Avoir tout perdu – Avoir tout perdu – On peut comme ça, c’tait pas prévu – Apprendre à réapparaître – On peut comme ça, c’tait pas prévu – Relever la tête – Renaître ! »

Renaître. Ce terme résonne fort en clôturant ce titre, au sens propre comme au sens figuré. Il est un peu le maître-mot de cet album. Cette plongée en profondeur a permis à la femme et artiste qu’elle est de se retrouver pour mieux explorer ses émotions. Au lieu de les enfermer dans un coffre-fort, de les mettre de côté, elle les a sublimées et transformées en une force lumineuse, le tout en chansons.

Une seule et unique pulsion anime cette artiste : suivre sa voie, être dans la générosité envers l’autre, faire du bien. Beau projet, non ? Nouveau label, collaborations multiples… Zaz est bien de retour, et ce n’est pas pour nous déplaire, avec cet album à coeur ouvert palpitant. 

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Article rédigé par
Manue
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