Critique

Que vaut « Man’s Best Friend », le septième album de Sabrina Carpenter ?

29 août 2025
Par Benoît Gaboriaud
Que vaut "Man's Best Friend", le septième album de Sabrina Carpenter ?
©Sabrina Carpenter

À peine un an après la sortie de « Short n’ Sweet », porté par les tubes « Espresso » et « Please Please Please », Sabrina Carpenter revient avec « Man’s Best Friend », un album irrévérencieux, délicieusement sucré, mais relevé d’une amertume féministe et piquante.

À 26 ans et déjà sept albums à son actif, Sabrina Carpenter s’impose sans conteste comme l’icône d’une génération Z avide de mordant. Telle une poupée pensante ou une pin-up décomplexée, elle provoque l’hystérie partout sur son passage, d’Hollywood, où elle a débuté sa carrière en 2014, à Paris, comme en témoignaient ses concerts à l’Accor Arena en mars dernier lors de sa tournée Short n’ Sweet Tour. Alors qu’elle se produira à nouveau à Los Angeles en novembre 2025, la star dévoile en cours de route Man’s Best Friend. Voici notre verdict.

Un parfum de scandale

« Oh boy ! », c’est avec ces mots issus du single Manchild, paru en juin dernier, que s’ouvre le nouvel album de Sabrina Carpenter : le ton est donné. La pop star s’y moque d’un ancien petit ami immature. Tout au long de ses 12 nouvelles chansons, la gent masculine en prend pour son grade.

Pourtant, la pochette, au parfum de scandale, apparaît pour certains comme misogyne, accusant l’artiste de promouvoir une image dégradante de la femme. La photographie est en effet assez osée. On l’y découvre à quatre pattes, attrapée par les cheveux par un homme cadré hors champ. Mais c’est là tout l’art de l’artiste : évoluer en parfaite équilibriste entre retro-kitch et modernité, conservatisme et univers subversif, avec un talent sans pareil pour le second degré et l’autodérision. Ici, aucun doute : c’est bien elle qui mène la danse.

La bonne copine

Dans ce disque girly, Sabrina Carpenter apparaît comme la bonne copine qui nous livre ses peines de cœur. Armée d’une plume toujours aussi acérée, elle y panse ses blessures pour mieux s’en remettre.

Clip de Manchild de Sabrina Carpenter

Évidemment, à l’écoute de ses nouveaux titres, on pense beaucoup à l’acteur Barry Keoghan (Saltburn), son dernier petit ami connu, avec qui elle partageait l’affiche du clip Please Please Please. Pour autant, son nom n’est jamais cité, mais il résonne constamment, notamment dans Go Go Juice, un titre entêtant aux accents country, une couleur musicale qui se démarque particulièrement de l’album.

Jack Antonoff aux manettes

Pour le composer, Sabrina Carpenter s’est tournée vers Jack Antonoff, gage d’un bon cru. Le génie de 41 ans a été sacré trois années consécutives Meilleur producteur de l’année aux Grammy Awards, de 2022 à 2024. Collaborateur convoité de Lana Del Rey, Lorde ou encore Taylor Swift (mentore et désormais amie de la chanteuse), l’Américain a également signé des tubes pour Kendrick Lamar, SZA et Doja Cat, avant de se retrouver aux manettes de Man’s Best Friend.

Le clip de Tears de Sabrina Carpenter

Pour l’occasion, il s’est aventuré vers de nouveaux horizons musicaux, loin de ses synthétiseurs emblématiques. Au‑delà de la country, le disque prend plusieurs directions : R’n’B, notamment avec When Did You Get Hot?, qui ravive à merveille le son de la période 1990-2000, ou disco avec Goodbye, un hymne cathartique évoquant Dancing Queen d’ABBA et qui ne dénoterait pas dans la discographie du groupe suédois. Plus surprenant, Nobody’s Son se déploie sur des rythmes légèrement reggae. Mais résolument pop, l’ensemble est soutenu par des mélodies enjouées et entêtantes, aux accents de Dolly Parton, à l’instar de Sugar Talking ou My Man on Willpower, un must.

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Une audace toute relative

Si Sabrina Carpenter se montre plus piquante dans ses textes que son aînée, avec qui elle avait repris Please Please Please, sa musique manque ici d’audace. Au final, ses nouvelles chansons « sympathiques » se révèlent bien moins audacieuses que la pochette provocante et hypersexualisée. Certes, 9 de ses 12 titres sont estampillés « E » pour explicite, car très subversifs, mais ils manquent parfois de caractère et de singularité.

Sabrina Carpenter emprunte ici et là des références bien connues, et, de ce fait, dilue son propos salutaire dans un style rétro, certes satirique, mais édulcoré. Là où Madonna avait su prendre des risques avec Erotica (1992), à la fois sur le fond et la forme, Sabrina Carpenter avance prudemment, surfant sur une pop parfaitement maîtrisée et efficace, mais au final assez consensuelle.

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