En 2007, le meurtre de l’étudiante britannique Meredith Kercher secouait l’Italie et le monde. Au cœur du cyclone médiatique et judiciaire : sa colocataire américaine, Amanda Knox. La mini-série « The Twisted Tale of Amanda Knox », diffusée dès ce 20 août 2025 sur Disney+, revient sur cet incroyable fiasco pour faire entendre la version de l’accusée. On regarde ?
Faire une année d’échange universitaire en Italie ? Cela paraissait être une bonne idée à Amanda. La jeune Américaine de 20 ans, étudiante en linguistique à Washington, décide de s’envoler pour Pérouse pour améliorer son italien et enrichir son cursus. Mais ce séjour idyllique va tourner au cauchemar. Dans la nuit du 1er au 2 novembre, alors qu’elle rentre dans son appartement après avoir passé la soirée chez son petit ami, elle constate que la porte de la chambre de sa colocataire britannique est verrouillée et découvre des traces de sang dans la salle de bain. Amanda appelle la police qui trouvera le corps de Meredith Kercher, égorgée et violée. Dépassée par les événements, accablée par les enquêteurs, Amanda va formuler des aveux confus avant de se rétracter. Trop tard. Elle deviendra la principale accusée du meurtre de sa camarade.
Nous sommes en 2007 et l’affaire Amanda Knox s’apprête à captiver le monde entier, entre défaillances judiciaires et emballement médiatique sexiste. Deux ans plus tard, la jeune femme et son compagnon italien, Raffaele Sollecito, seront condamnés à 26 et 25 ans de prison, dans ce qui restera l’une des erreurs judiciaires les plus controversées de ces vingt dernières années. Knox passera quatre ans en prison en Italie, de 2007 à son appel en octobre 2011, avant d’être définitivement acquittée en 2015 après de nombreux revirements. Un certain Rudy Guede, dont l’ADN avait été retrouvé sur la scène du crime, sera reconnu coupable du meurtre de Meredith Kercher en 2008 et purgera treize ans de prison avant d’être libéré en 2021.
Faire entendre l’accusée
Cette saga judiciaire retentissante aura tenu le grand public en haleine durant plus de huit ans, jusqu’à inspirer la réalisatrice Justine Triet pour son troublant Anatomie d’une chute (2023). C’est donc sans surprise que l’on découvre une nouvelle adaptation de ce feuilleton (après un documentaire Netflix en 2016), ici sous la forme d’un docudrama, The Twisted Tale of Amanda Knox (littéralement « Le conte tortueux d’Amanda Knox »), signé Disney+ et Hulu.
Sa particularité ? Cette mini-série de huit épisodes est co-produite par Amanda Knox elle-même, aux côtés de Monica Lewinsky. Une opportunité pour la jeune femme, aujourd’hui journaliste, de se réapproprier son histoire, « souvent mal racontée et follement tordue », comme l’énonce l’actrice Grace Van Patten qui l’incarne à l’écran.

Ainsi, à travers une voix off, une palette de couleurs saturées à la Amélie Poulain et des effets visuels très stylisés, cette Auberge espagnole qui tourne (vraiment) mal nous fait vivre et entendre l’expérience intime d’Amanda. Mais en privilégiant cette approche immersive, la créatrice K.J. Steinberg (This Is Us) cherche moins à reconstituer les faits de manière objective qu’à faire éprouver au spectateur la détresse et l’isolement de cette jeune étudiante aux prises avec une affaire qui la dépasse. Et c’est ce que l’on reprochera à ce choix narratif.
En cherchant à corriger l’injustice, la série bascule dans une autre forme de partialité. Car en adoptant quasi exclusivement le point de vue de Knox, ce legal drama s’apparente moins à une enquête rigoureuse qu’à un plaidoyer un brin lourdingue en sa faveur. Ici, aucune place n’est laissée à la complexité ou au doute. Un parti pris qui évacue de fait toute forme de suspense et de tension dramatique.
Par ailleurs, cette focalisation sur le calvaire d’Amanda Knox tend à éclipser la tragédie originelle : le meurtre de Meredith Kercher. Derrière l’erreur judiciaire, la victime du crime, déjà invisibilisée par la « starification » de Knox à l’époque, se retrouve une nouvelle fois reléguée au second plan. Si la série fait œuvre de réparation et de réhabilitation, revenant sur les failles qui auront mené au fiasco judiciaire, son fond comme sa forme jurent avec la noirceur de ce fait divers sordide.