25 ans après sa sortie, la bande originale du film culte « Virgin Suicides » de Sofia Coppola, composée par Air, ressort. Une édition enrichie voit le jour, incluant des remix et des versions inédites issues des archives du duo versaillais, figure emblématique de la « French touch » à ses débuts.
À peine ont-ils eu le temps de se faire un nom avec leur Moon Safari, devenu aujourd’hui une référence pour toute une génération, que le duo Air (JB Dunckel et Nicolas Godin) était embauché par la cinéaste Sophia Coppola, « fille de » et brillante réalisatrice d’un premier long-métrage devenu lui aussi complètement culte : Virgin Suicides.
Virgin Suicides sort sur les écrans en 2000, une année charnière. L’aube d’un siècle qu’on nous annonce moderne, prometteur, et qui aiguise depuis des décennies une multitude de fantasmes dans l’inconscient collectif. Difficile à imaginer pour les millenials et les autres Gen-Z. Mais la simple idée de ce passage du 20e au 21e siècle était assez renversante pour celles et ceux qui l’ont vécu. Cette promesse d’un boom technologique dans un large champ d’activités aura aussi, à sa façon, secoué le petit monde des musiques de films. Un secteur qui, comme d’autre, va bientôt faire sa mue électronique.
Une musique de film pionnière
À cette époque, le film de Sofia Coppola est l’une des rares productions hollywoodiennes à se parer d’une BO composée par des musiciens issus de la scène electro, loin des tentatives plus ou moins expérimentales illustrant des films de genre et séries B réalisés durant les 70’s et 80’s, et que l’ère d’internet aura permis de redécouvrir ces dernières années.
Il ne s’agit pas tant de révoquer les historiques et légendaires John Williams, Ennio Morricone, Lalo Shiffrin, Bernard Herrmann, John Barry et consorts – tous ces grands compositeurs que les deux membres de Air ont probablement écoutés en boucle – mais plutôt de souligner les nouvelles possibilités (artistiques, techniques, économiques) qu’offre l’avènement des musiques électroniques pour le cinéma.
Car si le chemin initié par Vangelis, Georgio Moroder ou John Carpenter n’est plus à remettre en question, c’est bien cette cultissime bande-originale de Virgin Suicide qui a ouvert une nouvelle voie.
En plus de permettre au duo de percer aux Etats-Unis (tout comme pas mal d’artistes catalogués French touch par ricochet), on a observé par la suite de plus en plus de cinéastes changer leur fusil d’épaule, faisant appel à toute une génération de musiciens issus de la scène electro.
Les musiques électroniques jouissent d’une popularité croissante depuis les années 2000, il est donc bien logique que celles-ci s’immiscent dans différents domaines où la musique joue un rôle majeur (publicités, illustrations sonores, génériques TV, et cinéma donc). Ainsi va l’histoire de la pop music.
Alchimie parfaite
À l’heure où les débats font rage sur l’utilisation parfois peu vertueuse de l’intelligence artificielle dans la production musicale, il est important de rappeler que musique electro n’est pas synonyme de fake (l’éternel débat « musiciens VS machines »).
Quand bien même ces productions sont aussi le fruit de la démocratisation des home studios, de la performance des outils et des ressources informatiques, dans le cas du groupe Air et de cette bande-originale cultissime, l’approche est de toute façon beaucoup plus organique. C’est d’ailleurs ce qui fait l’intemporalité de cet album dont les textures, les arrangements et l’habillage font référence à différentes époques et univers musicaux.
Si JB Dunckel comme Nicolas Gaudin sont certes des bidouilleurs hors pair et des esthètes de l’ingénieurie sonore, ils sont peut-être avant tout des musiciens exigeants et talentueux qui, 25 après, n’ont rien perdu de cette alchimie parfaite, mise au point pour le film de Sofia Coppola. Leur performance au festival We Love Green en juin et au Fnac Live début juillet cette année en témoigne, implacablement.
Virgin Suicide Redux de Air est disponible en double CD/Blu-Ray et double vinyle à partir du 26 septembre 2025.
