Critique

« Crasse », un premier film aussi dérangeant qu’envoûtant

11 juin 2025
Par Catherine Rochon
"Crasse", un premier film aussi dérangeant qu'envoûtant
©Vertigo Releasing

Entre exploration des traumas de l’enfance et conte social halluciné, le premier long-métrage de la réalisatrice anglaise Luna Carmoo, « Crasse », étonne et remue. Une expérience à découvrir en salles ce 11 juin 2025.

Bien qu’elle habite à Londres, la petite Maria, 7 ans, s’évade quotidiennement au sein d’un monde fabuleux, peuplé de créatures magiques et de trésors, partageant des aventures épiques avec sa mère (Hayley Squires). Mais le matin à l’école, elle baille et s’endort, en décalage avec ses camarades. Parce que Maria n’est pas une enfant comme les autres et parce que sa maman si fantasque est différente, malade. Atteinte du syndrome de Diogène, celle-ci ressent le besoin maladif d’accumuler, de ne surtout rien jeter. Le cocon familial est en réalité un vaste capharnaüm où l’amour se confond avec l’encombrement, saturé de non-dits et de mal-être. Jusqu’au trop-plein. La fillette va finalement atterrir dans une famille d’accueil, loin de cette mère aussi tendre que toxique. 

Dix ans plus tard, Maria (Saura Lightfoot-Leon) a bien grandi, entourée de douceur. Et l’ado a cultivé cette folie douce qu’elle a reçue en héritage. Jusqu’au jour où débarque dans le foyer Michael (Joseph Quinn), un ancien enfant perdu comme elle. Leur étrange relation, faite de silences, de regards et de jeux bizarroïdes, va faire remonter des blessures enfouies.

Une expérience viscérale et organique

En débutant son premier long-métrage par l’évocation du syndrome de Diogène, ce trouble caractérisé par une accumulation compulsive, la réalisatrice londonienne Luna Carmoo acte d’emblée une rupture avec le monde extérieur. Explorant les marges et navigant entre féérie et folie, Crasse propose une expérience sensorielle, organique, dérangeante, à la limite du macabre.

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Le film, plongée brute dans les méandres de la santé mentale et des traumatismes de l’enfance, dépeint un monde qui se dérobe et se dérègle, hors de toutes normes. Au cœur de ce chaos, le duo d’acteurs, la révélation Saura Lightfoot-Leon et le génial Joseph Quinn (Gladiator 2, Sans un bruit)-  perturbé et perturbant- compose un ballet fascinant, traversé de fluides, de désir et de fureur.

S’il n’est pas sans rappeler l’univers de la cinéaste britannique Andrea Arnold (Fish Tank, Bird) ou le barré Men d’Alex Garland, ce Crasse en partie inspiré par les propres souvenirs de Luna Carmoo impose une vision singulière, aussi radicale que poétique. Un film catharsis, à la fois poisseux, malade, mais viscéralement vivant. De quoi guetter avec attention les prochaines créations de cette autrice audacieuse.

Article rédigé par
Catherine Rochon
Catherine Rochon
Responsable éditoriale
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