Critique

Avec « Radical Optimism », Dua Lipa signe l’album de l’été

03 mai 2024
Par Pauline Weiss
Avec "Radical Optimism", Dua Lipa signe l’album de l’été
©Warner Records

Elle nous a accompagnés pendant le premier confinement avec Future Nostalgia (2020). Quatre ans plus tard, Dua Lipa livre ce 3 mai Radical Optimism, une bande-son pop parfaite pour l’été, aux paroles certes optimistes, mais sans grande radicalité.

Miley Cyrus avait signé l’album de l’été 2023 avec Endless Summer Vacation. Dua Lipa nous offre celui des mois à venir avec Radical Optimism. L’Anglaise évoquait cet aspect solaire depuis plusieurs semaines, d’abord avec le partage de la pochette de l’album signée Tyrone Lebon, où elle apparaît dans la mer face à un requin, puis surtout avec le clip de la chanson Illusion, tourné dans la piscine olympique de Barcelone.

Attendue au tournant après le succès de Future Nostalgia (2020) qui lui a valu le Grammy Award de l’album pop de l’année, l’artiste n’a pas disparu ces dernières années, devenant aussi actrice, égérie, animatrice d’un podcast, rédactrice d’une newsletter et hôtesse d’un club de lecture. Elle a bien sûr également participé à plusieurs collaborations (Megan Thee Stallion, Elton John…), et a évidemment signé Dance The Night, tube de la bande-originale du blockbuster Barbie (2023).

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Un album court pour être plus percutant

Son troisième disque se devait, logiquement, d’aller dans une nouvelle direction. Premier constat : contrairement à Beyoncé et surtout à Taylor Swift, l’artiste a, elle, fait des choix, en rassemblant 11 titres pour 36 minutes d’écoute. Surtout, Dua Lipa s’est entourée d’invités prestigieux à la production, dont Kevin Parker, tête pensante de Tame Impala, supposé apporter une touche pop psychédélique, et Danny L Harle, aux manettes du dernier album de Caroline Polachek. En s’éloignant de la savoureuse touche disco de Future Nostalgia, l’artiste de 28 ans revendique des inspirations venues de la brit pop, du trip-hop et de la culture rave… que l’on peinera parfois à déceler.

Houdini, premier single partagé en novembre, initiait le tournant de l’album – officiellement annoncé sur Instagram mi-mars. Comme pour accompagner son public dans la nouvelle étape de sa carrière, la Britannico-Albanaise n’a pas voulu jouer la carte du mystère total jusqu’à la sortie du disque (contrairement à Taylor Swift ou Billie Eilish) en partageant successivement Training Season et Illusion.

Pourquoi tant d’optimisme ? Dua Lipa l’annonce dans un communiqué de presse : « Il y a quelques années, un ami m’a fait découvrir le terme d’optimisme radical. C’est un concept qui m’a interpellée, et je suis devenue plus curieuse à mesure que je commençais à jouer avec et à l’intégrer dans ma propre vie […] Cela m’a frappée – l’idée de traverser le chaos avec grâce et de sentir que l’on peut affronter n’importe quel tempête.« 

Si la radicalité artistique n’est pas là, malgré une ambition instrumentale plus marquée, l’optimisme infuse bien les paroles de l’album, à commencer par le premier morceau, très pop sucrée. Dans End of an Era, Dua Lipa annonce un nouveau chapitre artistique et un tournant amoureux, elle affirme qu’un baiser la rend « optimiste » et confie rester « désespérément romantique ».

En plus de Houdini, l’influence de Kevin Parker se remarque particulièrement dès les premières secondes de Watcha Doing grâce à ses lignes de basse. Sur Maria, que l’on pourrait faussement identifier comme le Jolene de Dua Lipa, l’artiste salue l’ex de son partenaire (« Je veux te remercier pour tout ce que tu as fait« ) et concède qu’elle reste « quelque part dans son cœur« , sur fond de rythme flamenco. Bien que les respirations soient de courte durée tout au long de l’écoute de Radical Optimism, la popstar s’amuse parfois à ralentir le rythme, à l’image de These Walls, débutant avec du piano, tout comme Anything for Love.

La romance comme fil rouge

Comme souvent chez l’artiste, les textes sont le reflet de son célibat (elle partage désormais la vie de l’acteur anglais Callum Turner) et de ses histoires de cœur, de la séduction à la rupture. Il est d’ailleurs question de la fin de romances dans End of an Era et French Exit. Ce morceau, attendu par les fans, est un clin d’œil appuyé au réalisateur français Romain Gavras avec qui elle a brièvement été en couple en 2023, et dans lequel elle s’essaie subtilement au français (elle adore ce pays, en témoignent ses fréquentes escapades à Paris).

En donnant de la voix sur Falling Forever, Dua Lipa évoque les promesses et les attentes d’une relation, la phase de lune de miel sur une rythmique pop qui aurait pu figurer sur ses deux premiers albums. Radical Optimism se conclut avec Happy For You, message direct à un ex à qui elle souhaite d’être heureux, titre malheureusement un peu trop produit.

L’enchaînement d’hymnes pop de Future Nostalgia ne se retrouve pas toujours sur Radical Optimism, malgré des tubes efficaces. Après quelques écoutes, ce sont d’ailleurs les trois premiers singles – l’entêtant Houdini, Training Season, avec sa rythmique imparable, et l’énergique Illusion – qui sont les plus réussis.

Malgré peu de surprises sur les pistes suivantes, l’ensemble de ce troisième opus reste taillé pour danser et être écouté en boucle sur la route des vacances. Son efficacité devrait se vérifier sur scène. Dua Lipa sera en concert aux Arènes de Nîmes les 12 et 13 juin prochains, et probablement à Paris l’année prochaine.

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