Entretien

En rayon avec… Kent

20 mars 2024
Par Mélanie Carpentier
En rayon avec... Kent

Pour célébrer comme il se doit les 30 ans de son album culte « Kent en scène », le chanteur – également auteur de bandes dessinées et de romans – sort une version augmentée de l’opus enregistré à La Cigale (Paris) les 14 et 15 octobre 1994. Un live qui a marqué les mémoires à jamais. L’occasion de taquiner l’artiste avec nos questions « En rayon »…

Pourquoi une réédition de Kent en scène ?

À l’époque de sa sortie, l’album avait été conçu comme un best-of live de mes chansons. On avait fait un choix restreint de titres pour qu’il tienne sur un seul CD. C’était une bonne idée car ce fut un vrai succès populaire. L’ambiance du concert y est pour beaucoup. Récemment j’ai retrouvé les chansons écartées du projet. J’ai trouvé que c’était injuste qu’elles n’existent pas dans le commerce. L’anniversaire des trente ans de l’album m’a permis de proposer enfin l’intégral de ce live.

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La scène, justement avec du recul, c’est…

La raison d’être des chansons ! J’écris pour communiquer des états d’âme à un public ; la scène est le vecteur le plus direct et le plus honnête pour cela. Et quand il y a osmose avec les spectateurs, il se passe des moments fabuleux qui ne connaissent aucun équivalent.

Le concert auquel vous avez assisté qui vous a le plus marqué ?

Celui qui me vient en tête spontanément, c’est un concert de Marianne Faithfull dans les années 90. Pas de jeux de lumières extravagants, pas de mise en scène, juste sa présence, sa voix, ses musiciens et ses chansons. Une leçon de sobriété et pourtant une intensité d’émotion magistrale. Après cela, les méga shows paraissent bien dérisoires.

Le premier album acheté ?

Cosmo’s Factory de Creedence Clearwater Revival, j’avais treize ans. Acheté pour la pochette et pour une ou deux chansons entendues à la radio. Je l’écoute encore et je le trouve toujours brillant.

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La musique de film qui vous a marqué à jamais ?

Lux Aeterna de Ligeti dans 2001, l’odyssée de l’espace. Ce moment où les hommes sur la lune découvre le monolithe et le touche. Ce crescendo de voix fantastique ! J’ai des frissons rien qu’en l’évoquant.

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Un film qui remet en cause vos certitudes ?

Je dirais plus : un film qui me conforte dans mes doutes. Anatomie d’une chute, de Justine Triet. C’est une analyse brillante de la part de subjectivité dans le jugement porté sur une personne ou un fait.

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Si votre vie était un film ?

Le Goût des autres, de Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. L’histoire de Castella, petit chef d’entreprise, peu porté sur la culture, touché par la grâce lors d’une représentation de Bérénice de Jean Racine me touche beaucoup. Je viens d’une famille et d’un milieu où la culture artistique était inexistante, voire moquée. J’ai aussi eu ma révélation. J’ai aussi subi comme Castella le mépris inconscient de l’intelligentsia pour les gens qui ne sont pas de leur sérail.

Un artiste disparu avec qui vous auriez aimé dîner ?

Alain Bashung. On s’est ratés. J’aimais beaucoup son travail. Il avait vraiment aimé mon album Tous les Hommes à sa sortie, pourtant aux antipodes de son univers. Il m’avait proposé que l’on travaille ensemble. On s’est vus, j’ai apporté des textes. Mais c’était une personne réservée et je le suis aussi, on n’a pas su se parler. C’en est resté là. Je n’ai pas osé insister. Un dîner aurait sans doute décoincé la situation. On aurait approfondi nos goûts, on avait pas mal de points communs.

L’album faute de goût que vous assumez ?

Je trouve qu’aujourd’hui, la faute de goût n’existe plus. Tout a le droit de citer. Par exemple, j’ai toujours aimé Now & then des Carpenters. C’était jugé comme mièvre il y a encore peu de temps. Je suis certain que maintenant, c’est parfaitement tendance.

Votre livre de chevet ?

Le Monde de demain, de Stefan Zweig. Quelle belle écriture, quel bel esprit ! Quelle prescience aussi ! Le malheureux, s’il revenait aujourd’hui, il se suiciderait une seconde fois.

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Celui que vous offrez à tout le monde ?

Ordo, de Westlake. Un petit roman archi simple, émouvant et juste. Difficile de ne pas l’aimer.

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Le plus beau cadeau culturel que l’on peut faire à quelqu’un ?

L’emmener voir ce qu’il ignore.

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Article rédigé par
Mélanie Carpentier
Mélanie Carpentier
Journaliste
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