Ce groupe monumental et historique formé en 1973 en Australie par les frères Young est l’une des plus belles réussites du rock. Aussi bon sur scène qu’en studio, AC/DC vend des millions de disques partout sur la planète depuis 50 ans. Retour sur un parcours hors norme auréolé de 17 albums.
Les débuts du groupe
Tout commence à Sydney. Malcolm Young et son jeune frère, tous deux guitaristes, quittent les formations dans lesquelles ils jouaient pour se concentrer sur un groupe commun. Angus n’a que 18 ans. Sa sœur Margaret a la bonne idée de lui suggérer de porter son uniforme scolaire sur scène. Son look deviendra l’une des marques de fabrique d’AC/DC, son emblème. La formation puise sa composition définitive à Melbourne : Dave Evans sera le chanteur, Phil Rudd le batteur et Mark Evans le bassiste.
Pourquoi le nom AC/DC ?
La légende voudrait que la sœur des Young – celle-là même qui aurait été déterminante dans le costume iconique de son frère – soit également à l’origine du nom du groupe. C’est sur son aspirateur, ou sa machine à coudre, selon la version, qu’ils auraient aperçu le sigle AC/DC, Alternating Current/Direct Current (courant alternatif / courant continu).
1974-1980 : l’ère Bon Scott
Un soir de 1974, devant le refus de Dave Evans de monter sur scène, Bon Scott, le chauffeur du groupe, le remplace et devient le chanteur officiel. Il va donner au groupe son image brute, sauvage, sale. Le monsieur a plusieurs condamnations pour des infractions criminelles mineures. Il a également été refusé à l’armée pour être socialement inadapté. Voilà pour le CV ! Bon Scott a néanmoins beaucoup de charisme et surtout une voix immédiatement identifiable, parfaite pour le blues, le rock, le heavy metal, et parfaite pour habiller les terribles riffs de guitare d’Angus. Entre 1973 et 1980, le groupe enchaîne albums et tournées. Les bases de leur succès se mettent en place sur cette période. En sept ans, sept albums majeurs qui créent l’aura et l’image du groupe à l’échelle planétaire. Les riffs entêtants et bruts de guitare, les voix grinçantes et rauques, les refrains efficaces et intemporels sont déjà là. Les guitaristes Malcolm et Angus Young, australiens mais écossais de naissance, ont réussi le pari de passer des salles de Sydney et Melbourne à des stades du monde entier. Highway To Hell, High Voltage, Dirty Deeds Done Dirt Cheap imposent le style AC / DC, pur, féroce, rebelle. En 1977, l’album Let There Be Rock entre dans les meilleures ventes aux Etats-Unis. En pleine période disco-funk, les Australiens montent en intensité et en agressivité. L’air sulfureux de la formation des Young résiste à la vague disco. Mark Evans s’en va à cette époque, remplacé par Cliff Williams. En 1978, Powerage fait monter la pression d’un cran et élargit leur public, notamment grâce à leurs concerts. Le look d’Angus, la voix de Bon Scott, les riffs de guitare et les refrains efficaces, faciles à retenir et à reprendre font d’AC/DC un groupe de rock connu et reconnu dans le monde. Mais il manque encore un hit, le hit planétaire…
Un drame, Brian Johnson et des cloches en platine
Le 19 février 1980, Bon Scott n’est plus. C’est un drame humain et un drame pour le groupe dont l’existence même est remise en cause. Peu importe les raisons de son décès. Elles sont glauques et forcément dramatiques. AC/DC doit aller de l’avant. Brian Johnson est recruté un mois plus tard pour assumer la lourde place du charismatique Scott. L’album Back In Black, hommage au chanteur disparu, voit le jour en avril 1980. La tornade est planétaire et cet album émouvant permet au groupe d’entrer dans les années 1980 par la très grande porte. 10 millions d’exemplaires se vendent sur le seul territoire américain. Il faudra la sortie d’un certain Thriller pour détrôner Back In Black au titre de plus forte vente de l’histoire. Depuis, il est toujours à la deuxième place et se vend encore bien, 44 ans après sa sortie. Le son des cloches, la guitare d’Angus Young et cette voix puissante de Brian Johnson apportent au groupe le classique qui lui manquait : Hells Bells est indéniablement le titre rock de l’année, le symbole de leur créativité et de leur style. Toute une génération tombe sous le charme, pour longtemps. AC/DC donne une nouvelle définition du hard-rock et du métal pour les deux décennies suivantes, à une très grande échelle. Un an plus tard, l’enregistrement de For Those About To Rock a lieu à Paris. Le titre éponyme est un succès commercial mais le manque de Bon Scott se fait vraiment sentir ici, même si l’œuvre est à nouveau n°1 des ventes aux USA. Deux ans plus tard, Phil Rudd quitte le groupe après l’enregistrement de Flick Of The Switch. Simon Wright prend le siège.
Des bêtes de scène inébranlables
Les années 1980 sont plus difficiles pour les Australiens et on ne compte, entre 1981 et 1990, aucun hit significatif. Le groupe est néanmoins toujours suivi par un public fidèle et maintient sa réputation grâce à des concerts gigantesques. AC/DC remplit les stades. Mais Thriller est là dès 1982 tout comme The Message de Grandmaster Flash ou All Night Long de Lionel Richie. Les cultures de rues et de clubs prennent le dessus. En 1983, U2 débarque avec l’album War. La pop calibrée pour les radios, celles des Toto, Foreigner ou David Bowie est partout. Dans ce contexte, les enregistrements studio du groupe, tout comme leur image, prennent un sérieux coup de vieux. Il faudra attendre le The Razor’s Edge de 1990 et l’énorme hit Thunderstruck pour assister à leur retour dans les classements.
Les années 1990 : le phénix renaît de ses cendres
La décennie est marquée par le retour du rock. Nirvana, Pearl Jam, Smashing Pumkins, Red Hot Chili Peppers et tant d’autres remettent le genre au goût du jour. AC/DC profite de cette situation pour travailler avec le producteur de Long Island, Rick Rubin. Celui qui a révolutionné le rap avec les Beastie Boys, Run DMC ou Public Enemy a également produit le Blood Sugar Sex Magik des Red Hot. En 1995, Ballbreaker, le 16e album de AC/DC, produit par Rubin, reçoit un accueil chaleureux de la presse et du public. Un million d’exemplaires s’écoulent en moins de six mois aux Etats-Unis. L’album est n°4 des ventes. Plus de vingt ans après leurs débuts, les Young et leur groupe sont à nouveau au top du succès commercial. Énorme. Ballbreaker est un magnifique tremplin pour la suite. Stiff Upper Lip connaît la même réussite en 2000. Dans la foulée, AC/DC signe un juteux contrat avec Sony en 2001. Avec déjà plus de 30 ans de carrière, Sony exploite leur catalogue. Des rééditions et des DVD sont mis sur le marché. Les fans de longue date se régalent et les jeunes découvrent la richesse de leur travail. AC/DC reprend le chemin de la scène avec une tournée triomphale en 2001. Le cinéma leur fait aussi les yeux doux. Le groupe figure sur la B.O. du film Iron Man 2.
AC/DC envers et contre tous
Alors que le groupe travaille sur un nouvel album en 2014 avec le producteur Brendan O’Brien, la nouvelle tombe : Malcolm souffre de démence et quitte le groupe. Son neveu Stevie Young prend sa place en studio et sur scène. Celui qui a propulsé les carrières de Korn, Rage Against The Machine ou encore Stone Temple Pilots s’occupe de la production de Rock Or Bust. Mais rien ne va plus. Le batteur Phil Rudd est arrêté juste avant la sortie de l’album pour tentative de meurtre, possession de cannabis et de méthamphétamine. La tournée de 2015 est néanmoins maintenue. Deux ans plus tard, Malcolm Young tire sa révérence. Il décède en novembre 2017 à l’âge de 64 ans. Une pause de deux ans est observée, le temps du deuil pour sa famille, ses amis, ses fans. Haut les cœurs ! Les différentes vagues liées à la perte et au deuil sont passées. Angus Young retrouve les autres. Le groupe a frôlé la séparation. Power Up est commercialisé le 13 novembre 2020, trois ans après le départ de Malcolm, six ans après Rock Or Bust. Numéro 1 à sa sortie en Australie et dans les meilleures ventes de nombreux pays, AC/DC fait de nouveau du AC/DC pour conserver ses fans de base. 50 ans après sa création, le groupe mérite plus que jamais le titre de groupe monumental.