Doumbia Moussa Fakoly, plus connu sous le pseudo Tiken Jah Fakoly, s’impose sur la scène reggae à la fin des années 1990. Dans la lignée des Bob Marley ou Alpha Blondy, son reggae est roots. Il y ajoute la tradition des griots pour la critique sociale et politique. Déjà trente ans de carrière.
Tiken Jah Fakoly : les débuts
Doumbia Moussa Fakoly est né le 23 juin 1968 dans une famille de musiciens et d’historiens à la tradition orale, ceux que l’on désigne par griots en Afrique. Il grandit à Odienné, ville de Côte d’Ivoire située près de la frontière avec le Mali. Il est enfant lorsqu’il commence à s’intéresser au reggae. À 19 ans, il forme son premier groupe baptisé Djelys, autre nom pour désigner les griots. Déjà, il écrit des textes illustrant les événements de son époque et l’oppression de son peuple. Rapidement, il devient connu localement puis à l’échelle nationale avant de toucher d’autres pays.
La popularité à grande échelle
Il devient très populaire auprès de la jeunesse africaine grâce à sa chanson sur la mort de Félix Houphouët-Boigny, médecin qui sera président de la Côte d’Ivoire entre 1960 et 1993. Les expatriés font connaître sa musique aux communautés africaines de différents pays, notamment en France. En 1998, pour ses 30 ans, il se produit pour la première fois sur scène dans l’Hexagone, à Paris. Ses meilleures ventes d’albums se feront d’ailleurs en France.
Un succès au-delà des frontières
Entre 1993 et 2004, Tiken Jah Fakoly enregistre sept albums. Djelys (1993), Missiri (1994), Mandercratie (1996), Cours d’Histoire (1999) et le Chaméléon (2000) sont destinés en priorité à l’Afrique. Mais les suivants que sont Françafrique (2002) et Coup de Gueule (2004) atteignent les 100 000 copies en France. Ses deux derniers opus ont été enregistrés dans les fameux studios Tuff Gong en Jamaïque. En 2003, on le retrouve sur l’album Diversités des Dub Inc. En 2004, il enregistre sur l’album Carnet de Bord de Bernard Lavilliers. Le public français devient vite sa priorité. À cette époque, la qualité de ses productions ainsi que les thèmes abordés dans les textes en font l’artiste reggae africain le plus vendu dans le monde. En 2007, l’album L’Africain le place dans le top 20 des meilleures ventes de world music en Europe. Amateurs de reggae de longue date et jeune public adhèrent à sa musique. Un reggae roots rebelle dans les messages, parfaitement adapté à son temps. Tiken Jah Fakoly est aussi un artiste de scène. En 2008, l’album enregistré Live à Paris en donne un bel exemple. Il entre dans les années 2010 avec African Revolution, déjà fort de deux décennies de carrière.
Au début des années 2010, il est devenu incontournable. Désormais, c’est une star du reggae, relève incontestée des plus grands. Mais ses textes ne plaisent pas à tout le monde. En 2003, il s’est exilé au Mali à cause de menaces de mort. Néanmoins, il ne cessera jamais de s’engager, suivant l’exemple de ses modèles Fela et Bob Marley.
Acoustic, le nouvel album
Ce nouvel album est une compilation acoustique de grands titres de son répertoire. Pour l’occasion, il a invité des amis ou des talents d’aujourd’hui dont il apprécie le travail. Le brésilien Chico Cesar, compositeur et interprète révélé en 1995, est là. Ils ont en commun la critique sociale et un attachement fort à leurs racines respectives. Également convié, le jeune normand Naâman, révélé, quant à lui, en 2015. C’est un artiste engagé dans différentes causes environnementales, entre autres. Horace Andy, Bernard Lavilliers, M, Tapa et Tiggs Da Author (chanteur, rappeur et producteur anglais) sont également sur la liste. 19 titres à redécouvrir le 16 février.