Loin du Best of ou du simple album de reprises, le disque “Les Duettes” qui sort ce début septembre se veut véritable focus sur ces moments parfois rares ou le chanteur belge qu’on aurait tous voulu avoir comme ami, a partagé son micro. Enregistrés au fil de sa carrière, cette compilation de 18 titres pilotés par son acolyte de longue date (Mirko Banovic) illustre à merveille le coté caméléon du regretté ARNO.
Arnold Charles Ernest Hintjens dit ARNO…
…S’en est allé par un beau jour d’avril 2022. Trop tôt comme toujours pour ce genre de bonhomme qui depuis ses débuts dans l’excellent groupe TC Matic jusqu’aux derniers refrains chantés avec le concours du pianiste Sofiane Pamart (Vivre en 2021) ou de son fils (Opex en 2022), aura séduit une audience éclectique et intergénérationnelle.
D’ailleurs, à la simple lecture des noms qui illustrent ces 18 collaborations, on ne peut que reconnaitre le large champ musical qui aura motivé ce genre de Tom Waits flamand pendant plus de 40 de carrière.
De Stromae à Ray “The Kinks” Davis, de Brigitte Fontaine à m’sieur Eddy, c’était peut-être donc ça son secret pour que son public, malgré les choix, les excès, les rares sorties de routes du crooner/rockeur natif d’Osteende, lui reconnaisse une démarche artistique entière et une franchise sincère dans cet univers impitoyable (le monde et l’industrie de la musique) ou règne pas mal de faux-semblants.
Alors que beaucoup pleurent encore l’auteur du polyglotte fédérateur Putain-Putain, de Vive Ma Liberté ou des Yeux De Ma Mère, on reste malgré tout interloqué par ce joyeux « bazar » que reflète l’album Les Duettes. Un recueil de duos connus et moins connus publié un peu plus d’un an après sa disparition et qui illustre aussi les différentes influences musicales de ce drôle de loustic. Rock, chanson, varièté, blues, new wave, rap et même un peu d’électronique… Un vrai touche-à-tout, ce genre de personalité qui y va à l’envie, sans trop de calculs, ni de retenue.
Rencontres du 3ème type
Si on imagine parfaitement cette carcasse hirsute se frayer un chemin aux cotés de groupes ou artistes à dominante rock et folk tels que Triggerfinger, Stephan Eicher, Ray Davies ou Yael Naïm, vous serez surpris(es) par certaines autres qui pourraient paraitre incongrues si Arno n’avait pas été ce qu’il a été, un type entier, sans chichis, sans postures.
Des chœurs et des refrains avec Starflam, groupe de hip-hop belge francophone créé dans les années 90 par le rappeur belgo-congolais Baloji, soit bien avant l’emballement pour ce rap qui déferle aujourd’hui depuis le plat pays. Une chouette adaptation avec Hugues “Santiano” Auffray de Heartland (écrit à l’origine par Willie Nelson et Bob Dylan). Vous (re)trouverez aussi sur Les Duettes son fameux Putain Putain entonné sans relâche avec Stromae ou cette intrigante version de La Paloma avec… Mireille Mathieu.
Espiègle et iconoclaste, sans filtre et un brin provocateur, Arno n’était donc pas que ce clown rockeur à l’accent flou dont les plateaux de téloches français raffolaient pour leur minute “rigolons joyeusement avec un belge éméché”.
Celles et ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène (sa véritable drogue) confirmeront. Arno était avant tout un chanteur au grand cœur, avide de rencontres, de surprises et de collaborations avec des artistes dont on a du mal à imaginer le lien avec le rockeur d’Osteende. Des joyeux croisements qu’il aura eu tout au long de sa longue carrière et que vous retrouverez en deux ou trois clics… pour l’éternité.
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