Ce claviériste / pianiste originaire de Virginie aux USA, est un personnage incroyable et charismatique. Dans la discrétion, il a suivi une carrière exemplaire, aussi hallucinante que l’est son humilité. Cette nouvelle œuvre dans la collection Jazz Is Dead est indispensable à tout amateur de bonne musique.
Les années 1960
Depuis plus de 60 ans, Lonnie Liston Smith joue avec les plus grands accompagnant plusieurs générations. Il traverse époques et genres avec une aisance déconcertante. Comme beaucoup d’artistes noirs américains de sa génération, il vient du gospel. Son père était membre d’un quartet vocal. À l’école, il apprend piano, tuba et trompette. Excusez du peu ! Très vite il joue avec les Supremes de Diana Ross. Dans les années 1960, il accompagne Art Blakey, Pharaoh Sanders, Leon Thomas, Gato Barbieri et bien sûr Miles Davis. On l’entend sur On The Corner. Déjà, là, c’est incroyable. Ensuite, il forme les Cosmic Echoes, son groupe.
Les années 1970
Désormais, la priorité sera l’expérimentation, la fusion des genres. Tout au long des années 1970, sur deux labels (Flying Dutchman et CBS), il offre de nombreux albums hauts en couleurs et quelques classiques intemporels réédités plusieurs fois tels Sunburst ou Space Princess. À cette époque, son influence est énorme sur de nombreux musiciens. Yusef Lateef, Charles Lloyd, McCoy Tyner se nourrissent tous de sa spiritualité et de son approche de la musique. Dans son groupe, on trouve des musiciens qui feront l’histoire du funk des années plus tard. Citons ici James Mtum, percussionniste des Cosmic Echoes dont les albums et le travail de production changeront le cours du funk. Fin des 70’s, il arrête Cosmic Echoes. Il emploie un jeune bassiste qui changera lui aussi le cours de la musique. Son nom : Marcus Miller. Il a la même démarche que Miles Davis et Donald Byrd, ne pas rester en place et transmettre son savoir.
Les années 1980
Dans les années 1980, le nombre de tendances explose et le hip-hop fait son apparition. En 1980, Il accompagne Marvin Gaye sur scène au festival de jazz de Montreux. Il enregistre Dreams Of Tomorrow produit par Marcus Miller. On y trouve les excellents titres A Lonely Way To Be et Never Too Late. Mine de rien, il entre dans sa troisième décennie de carrière… Toujours fédérateur, Il invite Grover Washington, Najee, Jean Carne et d’autres sur ses albums.
Les années 1990
Cette décennie est l’application grandeur nature de son état d’esprit et de son travail. Des fusions en tout genre fleurissent aux USA puis ailleurs. Mélange des genres et mélange des générations, rien de nouveau pour lui. C’est donc logiquement qu’il se retrouve sur le Jazzmatazz vol.1 de Donald Byrd et Guru. Son travail est repris sur le Reachin’ des Digable Planets en 1993 et sur le classique Reasonable Doubt de Jay-Z en 1996. Mary J Blige sample aussi son travail. Il fascine les artistes de la génération R&B / Hip-Hop des 90’s qui ont grandi avec sa musique chez leurs parents.
Aujourd’hui : Jazz Is Dead
Sur Jazz Is Dead Volume 17, il travaille en collaboration avec Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Neuf titres dont trois avec le vocaliste Loren Oden, chanteur, compositeur et arrangeur de Los Angeles. La rencontre avec l’ancien membre des A Tribe Called Quest et producteur de D’Angelo, passionné de jazz et avec Younge est une vraie réussite. À 83 ans, L.L. Smith est toujours inspiré et heureux de jouer. N’oubliez pas tout ça lorsque vous écouterez ce superbe album.