Le trompettiste suisse Erik Truffaz est de retour avec un nouveau projet fascinant. Cet album se décline sur deux volets, Rollin’ qui sort en avril et Clap qui sortira plus tard cette année. L’occasion de s’entretenir avec le musicien pour en apprendre plus sur cette œuvre.
Bonjour Erik Truffaz, content de vous retrouver pour discuter de ce nouvel album. Comment est née l’idée de ce nouvel album ?
Erik Truffaz : Marie-France Brière avec qui j’ai collaboré en composant une musique pour son documentaire sur Napoléon m’a proposé de jouer pour la clôture du festival du film d’Angoulême en reprenant des thèmes de musiques de films français : nous avons commencé à nous approprier quelques thèmes, la musique s’est imposée à nous progressivement et lorsque Blue Note m’a invité à les rejoindre, j’ai proposé ce concept qui se déclinera en deux albums, Rollin’ en Avril et Clap en fin d’année.
Pourquoi avoir choisi ces thèmes-là ?
E.T. : Il nous a fallu déconstruire et reconstruire ces thèmes et les thèmes choisis sont ceux qui nous offraient le plus de possibles ! Il reste certes des centaines de milliers de thèmes que nous n’avons pas abordé mais les choix ont été faits en fonction de nos affinités cinématographiques et musicales.
©Vincent Guignet
3 neuf titres : vous êtes-vous imposé une limite ?
E.T. : L’album se décline sur deux volets, Rollin qui sort en avril et Clap qui sortira plus tard cette année… la limite s’est imposée d’elle-même avec des musiques qui font sens dans leur réinterprétation et des musiques que nous avons tentées mais qui n’étaient pas appropriées au son du groupe.
Il me semble que les films concernés se situent entre les années 1950 et 1970 : une période importante pour vous ?
E.T. : Bien sûr, puisque je suis né en 1960 et que mon adolescence se situe entre 1973 et 1979…
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Vous avez collaboré avec de nombreux artistes. Cette fois, c’est Camélia Jordana et Sandrine Bonnaire. Pour la première, pourquoi elle ? Pour la deuxième, un besoin, une envie, un plaisir de partager votre musique avec elle ? Et sur ce titre, un sens particulier ?
Camelia est une des chanteuses françaises que je préfère, elle a une sensibilité, une spontanéité, un timbre, un grand talent… Je l’avais déjà choisie comme partenaire lors d’un projet en hommage à Chet Baker et cette fois-là comme la fois précédente, l’enregistrement a été très simple et évident, ce que nous cherchons dans l’art c’est ce sentiment d’évidence qui nous permet de magnifier l’instant présent.
Je travaille avec Sandrine Bonnaire depuis deux ans, nous avons deux lectures musicales en cours avec un texte de Joel Bastard, un road-movie dans Montréal et le journal de l’Italienne Goliarda Sapienza. Sandrine est une grande actrice et de surcroît ma compagne, j’aime son timbre de voix, sa manière d’incarner les textes et se priver de sa présence eût été absurde… Elle prépare d’ailleurs un clippour la reprise d’Ascenseur pour l’échafaud.
Tout au long de ces 30 années (je remonte jusqu’à Silent Majority et à Out Of a dream), il y a une constante : Marcello Giuliani. Pouvez-vous nous parler un peu de votre lien qui semble puissant ?
Nous fonctionnons en binôme avec Marcello, nous sommes opposés sur pas mal de plans et donc complémentaires, il a eu un regard de producteur sur les albums que nous avons élaborés ensemble et ses propositions musicales sont très pertinentes, nous aimons Proust, le débat, la musique des années 70, le blues, le jazz…C’est un ami talentueux et généreux avec qui je partage beaucoup de choses.
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Pour les autres musiciens, comment avez-vous constitué cette équipe ?
Ce sont tous des musiciens qui jouaient avec Marcello pour accompagner des chanteurs et chanteuses, et avec qui j’avais joué auparavant, soit en session soit en live. Marcello me parlait depuis des années de son envie de faire un album avec le batteur Raphaël Chassin.
Rollin’, comme une bobine, c’est aussi le temps qui défile. Votre pochette rappelle celles de la « grande » période Blue Note. Erik Truffaz serait-il un peu nostalgique avec le temps ?
E.T. : Je n’ai aucune nostalgie mais je reste proche de ce qui me touche, l’art est intemporel et comme le dit si bien Marcel Proust, l’art sait joindre au présent le sentiment du passé et du futur. Enfin, nous avions l’idée avec Marcello de renouer avec ce graphisme si puissant des premières années Blue Note, nous avons travaillé et avancé de concert avec Stéphane Delgado qui avait déjà fait la pochette de Arkhangelsk.
Enfin, cet album donnera-t-il lieu à une concept particulier pour la scène ?
E.T. : Le concept, c’est un nouveau groupe avec lequel nous avons d’ores et déjà donné quelques concerts, un groupe qui a la souplesse et la puissance du puma et dont je suis et nous sommes très heureux et très fier.