L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En ce début d’année, place à la littérature de résilience.
La Littérature de résilience
Baptiste Liger : « Et si 2023 était l’année de la résilience, tout du moins en librairie ? C’est justement ce qu’on va voir, notamment avec le cas Maud Ankaoua.
C’est un peu le terme à la mode qu’on utilise, certes, pas toujours à bon escient, à savoir la résilience. Qu’est ce que c’est ? Il existe de nombreuses définitions en économie, en sciences, en philosophie, en psychologie ou bien encore dans le vocabulaire commun.
Alors, partons sur cette acception généralement admise, à savoir la capacité à surmonter, dépasser un drame,un événement tragique, un choc et à trouver une nouvelle voie de vie. Cette notion vient en écho et colle à notre époque, et les livres sont les reflets de celle-ci.
Et c’est ainsi qu’on a pu lire ces dernières années de nombreux ouvrages relevant donc de la littérature dite de résilience.
Et parmi tous ces titres, sans doute, ce qu’on pourrait considérer comme le chef d’œuvre du genre, Le Lambeau de Philippe Lançon, évocation de l’après, à savoir l’après attentats de Charlie Hebdo.
Cette rentrée d’hiver n’échappe pas à la règle et on peut trouver de nombreux livres de résilience en ce moment. Et on a même quelques coups de cœur, parmi lesquels le récit de deuil d’Adèle Van Reeth, Inconsolable, où elle évoque la mort de son père. Tout ce qui se passe par la suite dans son quotidien.
On aime également beaucoup l’essai de Justine Augier, Croire, qui s’interroge sur tous les pouvoirs de la littérature, de la lecture, de l’écriture dans notre quête de soi.
Et enfin, c’est mon coup de cœur perso. La Sainte de la famille de Patrick Autréaux dans lequel il parle de la mort de sa mémé alors qu’il est tout petit à la découverte de Sainte Thérèse de Lisieux comme une véritable révélation. Je vous assure, c’est un livre étonnant.
L’événement : Maud Ankaoua, Plus jamais sans moi
Mais l’événement littérature et résilience du mois c’est sans conteste la parution du nouveau roman de celle qui est devenue un phénomène, l’une des écrivaines préférées des Français, Maud Ankaoua.
Il faut dire qu’elle a un parcours de vie atypique, surprenant. Diplômée de sciences politiques, elle s’est spécialisée dans la finance et même la haute finance et les nouvelles technologies et pratiquement du jour au lendemain, elle a tout plaqué pour partir quelques semaines au Népal.
Et de cette expérience, elle a tiré une fiction largement inspirée par ces quelques moments. C’est devenu Kilomètre zéro, immense tabac en librairie qui, quelques mois plus tard, a été confirmé avec un autre livre, Respire. Là, encore une fois, engouement total du côté des lecteurs. L’éditeur avance même le chiffre, accrochez vous, de près de deux millions d’exemplaires écoulés en France.
Son nouveau roman, Plus jamais sans moi, nous amène à voir la résilience dans un sens plus large et d’ailleurs communément admis, qui pourrait nous rapprocher, par exemple, de la littérature feel good, du développement personnel ou bien encore de la littérature dite de consolation.
Constance a tout ou presque pour être heureuse, même si, bon, du côté de sa vie privée, ça ne va pas forcément fort puisque l’homme qu’elle aime lui promet absolument de quitter sa femme, mais tarde vraiment à le faire. Étonnant, non ?
C’est alors que notre héroïne décroche le poste dont elle rêvait dans un prestigieux cabinet d’avocats. Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle apprend la nature très particulière de sa période d’essai, à savoir un véritable chemin de croix qui n’est autre que le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il va sans dire que ce parcours un peu douloureux pour les jambes et les pieds lui apportera son lot d’événements tragicomiques, de logements pas toujours très confortables, mais aussi de rencontres hautes en couleurs et ma foi, très enrichissantes.
Avec Plus jamais sans moi, les lecteurs retrouveront tout l’art de Maud Ankaoua et projetteront sans doute sur le chemin semé d’embûches de Constance leur quotidien, pour peut être trouver des solutions à certains de leurs maux, voire, allez savoir, un sens à leur vie. Le tout confortablement installés sur leur canapé. Preuve que la résilience peut aussi passer par la légèreté d’un joli roman.
Le titre d’un roman d’Agnès Martin-Lugand avançait “Les gens heureux lisent et boivent du café” et moi, je vous dirais, Maud Ankaoua, what else ? »
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