Alors que la planète se trouve dans une situation plus que délicate, un magnifique long-métrage vient nous rappeler à quel point il est crucial de la préserver. Césarisé en février 2022 en tant que meilleur film documentaire, La Panthère des neiges est une formidable aventure. A la recherche de cette fameuse panthère, Vincent Munier et Sylvain Tesson s’interrogent sur notre place au sein du monde vivant. Retour sur une œuvre résolument écologiste.
La Panthère des neiges : une quête formidable
Vincent Munier, photographe animalier, a un rêve, celui de capturer un instant magique : la panthère des neiges en action dans son milieu naturel, au Tibet. Il propose à son ami écrivain Sylvain Tesson de l’accompagner dans cette quête folle pour qu’il légende son recueil de photos. De cette aventure naît un récit, La Panthère des neiges, écrit par Tesson, mais également un film documentaire du même nom : la réalisatrice Marie Amiguet est également de la partie.
Sublimé par la bande son de Warren Ellis et Nick Cave, La Panthère des neiges nous emmène donc au Tibet et nous plonge au milieu des paysages et de la faune locale. Yaks, bharals, ours… Nous assistons à un véritable spectacle que seule Mère Nature peut nous offrir. La plume de Tesson nous offre une voix-off sincère et poétique qui duplique l’émotion véhiculée par l’image. Bien évidemment, en point d’orgue, cette rencontre aussi éphémère que sensationnelle avec la panthère, couronne un voyage ponctué d’images à couper le souffle.
Un récit écologiste
Et c’est de là que vient toute la beauté de ce spectacle : on s’y attendait sans s’y attendre. Munier nous le dit si bien : « on ne triche pas avec la nature ». Si croiser la panthère des neiges était un objectif, ni Munier, ni Tesson, ni Amiguet n’avaient le contrôle dessus. Admirer la nature, c’est la laisser vivre d’elle-même.
C’est ainsi tout un questionnement qui s’opère au fil du récit : la place de l’Homme parmi les autres espèces. Pourquoi vouloir contrôler le vivant à tout bout de champ ? Vosgien, Vincent Munier fait régulièrement part de son indignation quant à la façon dont son territoire natal est progressivement dénaturé par l’intervention humaine. C’est pourquoi il projette de réaliser un film consacré à cette région.
Un succès à la hauteur des enjeux
Si le récit de Sylvain Tesson fut un succès critique et commercial vertigineux, le documentaire fait au moins aussi bien sur le grand écran. La presse reçoit chaleureusement le long-métrage qui est nommé à trois reprises aux César 2022. Fin février, c’est la consécration : La Panthère des neiges remporte une statuette pour le meilleur film documentaire, face à de sérieux prétendants tels que Bigger Than Us de Flore Vasseur, Animal de Cyril Dion ou encore Debout les femmes ! de François Ruffin et Gilles Perret.
Et c’est avec la même humilité véhiculée par le film que Marie Amiguet et Vincent Munier viennent récupérer leur récompense. Eux qui avaient déjà travaillé ensemble pour Le Silence des bêtes, dénonçant le traitement atroce réservé aux lynx, dédient ce trophée aux animaux qui ont figuré dans ce film (même si « ces animaux se moquent complètement de ce genre de trophée, et ils ont bien raison »). Munier fait également un clin d’œil au morceau de Warren Ellis Nick Cave We Are Not Alone, rappelant que nous ne sommes pas seuls sur cette planète et nous encourageant à nous affranchir de notre conception anthropocentrée de notre environnement.
